Essayons de prendre un peu de recul par rapport à la situation actuelle.
Sans perdre du temps à tenter, comme le font les mêmes commentateurs qui sont passés du Covid à l'Ukraine, de comprendre ce qui se passe dans la tête de Poutine.
Poutine a dépassé la ligne rouge qu'il accuse l'OTAN d'avoir passé.
Il a enclenché une véritable guerre.
Non pas "aux portes de l'Europe" mais bien en Europe.
Le monde peut-il se passer de la Russie?
Tout dépend de la réponse à cette question.
Si la réponse est oui : la Russie peut être "iranisée" ou "nordcoréanisée" économiquement et financièrement.
Si la réponse est non: on va s'agiter sans rien faire, se contenter de sanctions un peu plus sévères mais on finira par se coucher et accepter le statu quo comme on l'a fait avec la Crimée.
Et comme le monde l'a fait bien avant lors de l'invasion de la Tchécoslovaquie par l'Allemagne.
...de l'offensive Russe nous éclaire sur la réponse de Poutine à la question.
Pour lui, le monde ne peut pas se passer de la Russie.
Surtout pas en période d'inflation.
Il a choisi d'attendre que l'économie mondiale soit en surchauffe et assoiffée de gaz, de pétrole et de blé pour intervenir.
Il sait que les dirigeants américains et européens sont, derrière les réactions outrées d'apparence, bien plus préoccupés par le pouvoir d'achat des ménages et futurs électeurs de leurs pays que par le sort des pauvres Ukrainiens.
Il y a de plus un flottement à la tête de l'Allemagne, un président américain qui ne se rappelle pas toujours ce qu'il vient de dire et un président français qui se sent à l'étroit dans l'espace politique hexagonal et rêve d'être président de l'Europe...un timing diabolique.
La macroéconomie et la géopolitique convergent.
Le monde fait déjà face à des pénuries d'énergie et de matières premières et des goulets d'étranglement du fait de la sortie de la crise sanitaire, une situation qui a déjà provoqué une explosion de l'inflation et une baisse qui va être de plus en plus marquée du pouvoir d'achat.
Les États-Unis et l'Europe disposent de l'arme financière nucléaire.
Le contrôle de fait de Swift.
SWIFT pour Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunications.
Une société coopérative fondée en 1973.
Près de 12000 institutions financières dans 200 pays qui s'échangent de l'argent en permanence.
Éjecter la Russie de Swift comme ça a été fait avec l'Iran revient à débrancher la Russie du commerce international.
Certes la Russie a envisagé cette possibilité et a tenté d'être moins dépendante de Swift mais une large partie des transactions commerciales et financières sont réglées à travers Swift.
Si cette arme "nucléaire" est actionnée, la Russie ripostera en ne vendant plus de gaz, de pétrole ou encore de blé aux Européens.
Une situation dévastatrice pour la Russie qui pourra certes se retourner vers la Chine mais partiellement seulement.
...dévastatrice pour l'Europe dépendante des exportations russes, et aussi pour les États-Unis qui verraient les prix de l'énergie flamber encore plus.
D'où la question initiale : le monde peut-il se passer de la Russie?
Peut-on envisager des mesures, encore une fois exceptionnelles, contre ce virus que le hacker en chef du Kremlin tente d'injecter dans nos économies et compenser l'impact de l'isolement forcé de la Russie ?
Que la réponse soit oui.
Que nous pouvons nous passer de la Russie.
Et que nous pouvons amortir les chocs que va provoquer le fait de débrancher la Russie de l'économie mondiale.
Car il ne fait aucun doute qu'il faut débrancher la Russie de l'économie mondiale si on veut arrêter Poutine.
QUOI DE NEUF ?
...de voir la liste d'anciens dirigeants européens qui siègent aux conseils d'administration des groupes russes.
Certains ont choisi de démissionner hier.
Matteo Renzi qui est au board de Delimobil, le leader du covoiturage russe.
L'ancien Premier ministre finlandais au board de la banque Sberbank.
Ou encore l'ancien Chancelier autrichien qui était au board de RZD, les chemins de fer russes.
En revanche ni Fillon qui est administrateur du groupe de pétrochimie Sibur et du groupe pétrolier Zarubezhneft, ni Gerhard Schröder, administrateur du groupe pétrolier Rosneft, n'a démissionné.
Après une ouverture en panique, les indices boursiers américains sont remontés en clôture.
La remontada la plus spectaculaire est celle du Nasdaq qui a bondi de 3.34% après avoir été dans le rouge une bonne partie de la journée.
Une fois de plus, les investisseurs veulent se convaincre que Poutine n'ira pas plus loin.
Pour savoir qui a le plus à perdre dans cette guerre.
L'indice Européen, l'EuroStoxx a perdu 3.64% hier.
L'indice de Moscou a perdu 45% avant de clôturer à 33% de baisse.
Une émission spéciale entièrement consacrée à la guerre et à ses conséquences sur l'économie et les marchés.
Avec nos Jedi de l'économie et de la finance: Christopher Dembik de Saxo Banque, Eric Lewin d'Agora, Grégoire Sentilhes de Nexstage et Patrice Gautry de l'Union Bancaire Privée.
A ne pas manquer.
Ce soir à 20h sur BFM Business.
Et en replay samedi à 11h et 21h et dimanche à 19h.
Par Dorian Abadie, Analyste Bourse MTB.
Les grandes places européennes ouvrent dans le vert ce matin, +1% pour le CAC à 6 580 points, dans le sillage du rebond entamé en Asie (+1,95% à Tokyo). Le rebond est bienvenu, après la baisse de près de 4% d’hier suite à l’offensive russe. Bien sûr, les développements de la situation seront toujours au centre de l’attention aujourd’hui et dans les prochaines séances. Dans ce contexte, Wall Street a montré toute sa résilience hier soir, avec une hausse de 3,34% pour le Nasdaq, +1,50% pour le S&P500 et +0,28% pour le Dow Jones. Quant aux matières premières, le baril de Brent continue d’évoluer au-dessus des 100$ ce matin. Enfin, le spectre de l’inflation américaine devrait refaire parler de lui entre deux actualités sur l’Ukraine, avec la publication du PCE Core à 14h30, un important thermomètre de la consommation des ménages US.
L'once d'or s'échange à 1 913 $ (+0,25%).
L'euro/dollar évolue à 1,121 $ (+0,18%).
C'est fait, la loi qui permet de changer de nom une fois dans sa vie a été adoptée, à vous de jouer; J'ai découvert dans les Échos "Femtasy" présentée comme le "Spotify allemand du sexe", start-up de l'année en 2019 proposant sur abonnement des histoires érotiques, principalement destinée à un public féminin; Pas sympa : le Financial Times publie à nouveau la photo de notre président face à Poutine au bout de cette longue table devenue célèbre; Pas simple pour les candidats à la présidentielle française qui ont soutenu Poutine et qui ont déclaré qu'il ne déclencherait jamais de conflit de retourner leurs vestes; Très gênant pour Zemmour : tous les véhicules militaires qui déferlent sur l'Ukraine portent le sigle de code de l'opération, Z; Très bon titre du Parisien sur le président de l'Ukraine : "Zelensky, du rire aux armes"; Il y a 40 000 Ukrainiens en France; Avec l'Ukraine, on ne parle plus du Covid; Pas sûr que je regarde la Cérémonie des Césars ce soir; Excellent démarrage de la série "Red light" sur Arte; Suivez-moi sur Twitter et Linkedin en cliquant sur les liens ; Je vous souhaite un bon week end ensoleillé.
VOILÀ C'EST TOUT
BONNE JOURNÉE
MAY THE FORCE BE WITH YOU