Un petit vent de panique a soufflé hier.
Sur les indices boursiers, sur les valeurs bancaires et même dans les médias généralistes.
Malgré le sauvetage orchestré par la Banque centrale américaine et le gouvernement, les craintes de contagion et de risque "systémique" ont occupé les esprits.
Y a-t-il des réelles raisons de s'inquiéter ?

LES FAITS

3 banques en faillite.
Il y avait d'abord eu Silvergate, une banque spécialisée crypto.
Puis la Silicon Valley Bank, la banque de l'écosystème de la tech aux États-Unis et en Grande-Bretagne.
Et au passage la Signature Bank, une banque new-yorkaise spécialisée dans les cryptomonnaies.
Et d'autres banques régionales ou sectorielles techs ou crypto ont vu leurs cours chuter violemment comme la First Republic Bank.

LE SAUVETAGE

La Banque centrale américaine et le gouvernement ont réagi instantanément.
En garantissant les dépôts des banques en difficultés, sans limite de montants.
En offrant une liquidité à des coûts réduits pour les banques qui faisaient face à des retraits massifs de clients en panique (bank run).

MALGRÉ CELA

La journée d'hier a décimé les valeurs financières dans le monde entier.
Près de 500 milliards de $ se sont évaporés en une seule journée avec les baisses des valeurs bancaires.
La France n'a pas été épargnée avec des chutes de plus de 5% des principales banques.
-6,80% pour BNP, -6,23% pour Société Générale, -5,88% pour AXA et -3,07% pour Crédit Agricole.

LES ARGUMENTS DE LA PEUR

C'est la peur de la contagion et d'un effet domino qui a provoqué ce vent de panique avec des réminiscences de la crise de 2008.
Les arguments
- Si le Président des États-Unis est obligé de faire une déclaration, c'est que la situation est grave.
- SVB est la 16ème banque américaine et la 2ème plus grosse faillite depuis...2008.
- Toutes les banques ont des stocks d'emprunts qu'elles ont accordés à des taux très bas et avec la hausse des taux ces stocks ont perdu entre 20% et 40% de leur valeur.

LA RÉALITÉ

- Ce n'est pas un non-évènement. Des faillites bancaires restent des évènements graves et une intervention des banques centrales et des gouvernements n'est pas anodine.
- Les grandes banques mondiales ne sont pas en risque. Depuis 2008, elles ont renforcé leurs fonds propres et elles sont soumises à des règles de contrôle plus strictes. Rappelons qu'elles viennent d'afficher des résultats record et que la hausse des taux leur fait gagner des fortunes sur l'argent que vous laissez dormir sur vos comptes courants.
- La SVB est victime d'une mauvaise gestion. Et on se demande comment les autorités de contrôle n'ont pas réagi (une enquête a d'ailleurs été ouverte).
- Parce que nous avons eu 2008 et Lehman, les banques centrales et les gouvernements ont appris qu'ils devaient réagir rapidement pour éviter que le feu se propage.

IL RESTE...

...néanmoins plusieurs points de vigilance :
1. Nous payons le prix, par l'inflation, et par l'explosion des bulles, de l'argent magique qui a coulé à flots pendant des années.
2. Les banques centrales auraient dû fermer le robinet des liquidités plus tôt. Comme elles sont en retard, elles le ferment (trop) brutalement.
3. On ne passe pas d'un monde à taux négatifs à un monde à taux positifs beaucoup plus élevés sans casse : la phase de transition provoque l'explosion des bulles, c'est douloureux mais c'est sain.
4. Les gouvernements et les banques centrales veulent sauver l'épargnant, mais pas les actionnaires des banques, c'est ce qui explique aussi en partie la chute des valeurs bancaires.

UNE CONSÉQUENCE MAJEURE

Les banques centrales, et surtout la Banque centrale américaine, vont devoir lever le pied sur les hausses de taux.
Il faut calmer le jeu.
Le taux "terminal" pourrait être beaucoup moins élevé qu'attendu.
Une bonne et une mauvaise nouvelle.
Une bonne nouvelle car tout le monde aura le temps de souffler et d'absorber les hausses de taux qui ont déjà eu lieu.
Une mauvaise nouvelle car cela risque de favoriser un maintien de l'inflation plus long.

A PART ÇA ? QUOI DE NEUF ?

LE SAUVETAGE...

...des banques a fait au moins des heureux.
Les cryptomonnaies se sont envolées.
Le cours du Bitcoin a rebondi de près de 20%.
Et les autres cryptos ont suivi.

PODCAST

Merci à l'équipe de Finary de m'accueillir jeudi à 17h pour un podcast.
On évoquera ma carrière (aucun intérêt...) mais on parlera surtout de l'évolution du monde de la finance, de l'environnement économique et de placements. Avec une actualité particulièrement brûlante.
Si vous voulez vous inscrire, c'est ici.

FIN DE PARTIE ?

La hausse des taux fait éclater les bulles les unes après les autres.
La bulle des cryptos.
La bulle de la daubetech.
La bulle de l'immobilier commercial.
Et la bulle des dépenses publiques.
Oui. C'est une autre bulle. Avec des taux à zéro, la France, par exemple, a gonflé ses dépenses publiques avec des "quoi qu'il en coûte" généralisés.
Mais avec la hausse des taux, c'est la fin de la partie.
Il faut réduire les dépenses publiques.
Le Maire promet des milliards d'économies.
On n'y croit pas une seconde.

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DU CÔTÉ DES MARCHÉS

Par Dorian Abadie, Analyste Bourse.
-2,90% à 7 011 points. C’est le verdict final de la séance d’hier qui aura vu le CAC40 tester à plusieurs reprises les 3% de perte et le seuil symbolique des 7 000 points. Sur une semaine, l’indice français frôle désormais les -5% et ouvre ce matin en léger rebond (+0,27%). La faillite de la Silicon Valley Bank pèse lourdement sur les indices mondiaux, et en particulier sur les valeurs bancaires.
Ce mardi, c’est une séance américaine qui nous attend. Outre SVB, l’inflation de l’Oncle Sam sera publiée à 13h30 pour le mois de février. Tous prix confondus, elle devrait se tasser à 6% sur un an, contre 6,4% en janvier. Wall Street a limité la casse hier : -0,15% pour le S&P 500, +0,45% pour le Nasdaq.
En Asie, la Bourse de Tokyo cède 2,19%, à 27 222 points.
Le Brent se négocie à 79,8$ (-4,09% sur 24h).
L'once d'or s'échange à 1 911,9$ (+1,73%).
L'euro/dollar évolue à 1,069$ (-0,39%).

ON S'EN FOUT ?

Macron appelle à la responsabilité des oppositions pour le vote sur la réforme des retraites, les LR sont évidemment visés ; J'ai appris qu'à Paris, dans la moitié des arrondissements, les poubelles sont gérées par des prestataires privés ; Selon les Échos, Bouygues veut accélérer la transformation de bureaux en logements, une tendance à la mode ; Rolex va devoir créer trois nouvelles usines pour répondre à une demande record ; Daniel Kretinsky, l'homme d'affaires tchèque, est entré en négociations exclusives avec Vivendi pour la reprise d'Editis ; Quincy Jones a 90 ans aujourd'hui ; J'ai terminé la série italienne sur l'assassinat d'Aldo Moro en 1978 par les Brigades Rouges, "Esterno Notte" de Marco Bellochio ("Le Traître", remarquable) : très lent mais passionnant, avec l'ambiance pesante des "années de plomb" ; J-500 pour les JO 2024 de Paris ; Suivez-moi sur twitter et linkedin en cliquant sur les liens.

VOILÀ C'EST TOUT
BONNE JOURNÉE

MAY THE FORCE BE WITH YOU