Le Morning Zapping de Marc Fiorentino : D comme déconsommation...

Vendredi 11 août

Auteur: Gauthier Maes Le 11 août 2023

L'inflation nous pousse à consommer moins.
En moyenne, depuis le début de l'année, un foyer français a réduit ses achats, en volumes, de 1,5%.
Mais l’inflation n’est pas la seule cause de la déconsommation puisque, en deux ans, les Français ont réduit leurs dépenses de consommation d’environ 5%, en euros, malgré l’inflation donc.
Explications.

Abonnez-vous

HAUSSE DES DÉPENSES

En 18 mois, les dépenses de consommation des Français ont progressé de 9% en euros courants.
En cause l’inflation bien sûr, particulièrement visible dans les rayons alimentaires des grandes surfaces depuis début 2022, et qui culmine à 18% en 18 mois.
L’énergie, la santé, le transport et les loisirs sont les postes qui subissent les plus fortes hausses, alors que les dépenses alimentaires n’ont augmenté « que » de 4%.

BAISSE DES VOLUMES

Face à l’inflation, les Français se serrent la ceinture, et consomment donc moins.
Cette baisse de la consommation est particulièrement marquée sur les achats alimentaires, qui ont diminué en volumes de 11,4% entre le dernier trimestre 2021 et le deuxième trimestre 2023 selon l’INSEE.
Pour diminuer leurs dépenses alimentaires, certains ménages se tournent vers des marques moins chères, ou font la chasse aux promotions. Mais la majorité des Français « déconsomment » : ils mangent moins tout simplement (et gaspillent moins aussi…).
Selon François Geerolf, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) : « Cette chute de la consommation alimentaire n'a aucun précédent dans les données compilées par l'Insee depuis 1980 ».
Tous biens confondus, la baisse des dépenses sur la période est d’environ 5%.

TENDANCE LOURDE

Si l’inflation explique l’ampleur de la baisse de la consommation des derniers mois, elle a en réalité simplement accéléré une tendance lourde depuis quelques années.
La déconsommation est une tendance qui s’est développée à la fin des années 2010, notamment pour des raisons écologiques, et qui s’est accélérée avec le Covid, qui nous a fait repenser nos modes de vie et de consommation.
Certes il y a eu une forte hausse de la consommation en sortie de Covid, par effet de rattrapage, mais aujourd’hui, la consommation alimentaire est au plus bas depuis 2009.
Celle des biens fabriqués est au plus bas, hors période de confinement, depuis 2014.

BONNE OU MAUVAISE NOUVELLE ?

À court terme, la baisse de la consommation va impacter négativement l’inflation. C’est donc, de ce point de vue courtermiste, une bonne nouvelle.
C’est également une bonne nouvelle pour l’épargne des ménages, qui continue à grimper malgré l’inflation, et donc une bonne nouvelle pour le budget des Français et leur retraite.
Mais la consommation est l’un des piliers de l’économie, sa baisse est donc naturellement une mauvaise nouvelle, pour le long terme, pour l’économie, et notamment l’emploi et le pouvoir d’achat.
Enfin, c’est bien entendu, je l’écris avant de me faire déchirer, une bonne nouvelle pour la planète.

À PART ÇA ?

QUOI DE NEUF ?

DÉSINFLATION

Les chiffres de l’inflation aux États-Unis ont, une fois de plus, rassuré les marchés.
Certes, l’inflation a légèrement augmenté en juillet aux États-Unis, mais moins fortement que prévu. L’indice des prix à la consommation progresse de seulement 3,2% sur un an contre 3,3% le mois dernier.
Surtout, l'inflation sous-jacente, hors alimentation et énergie, baisse de 0,1 point, à 4,7% sur un an.
Du coup certains experts pensent que la Fed pourrait revoir ses prévisions de « une à deux hausses de taux d’ici la fin de l’année ».
Probablement une, voire zéro (ce ne sera sûrement pas zéro…).

ENCORE UN PEU DE BOULOT

Le nombre de chômeurs a augmenté de 20 000 personnes en trois mois, pour atteindre 2,2 millions de personnes, soit un taux de chômage de 7,2% de la population active.
Un niveau conforme aux anticipations et qui reste très proche du plus bas niveau enregistré en 1982.
A noter que le taux d’emploi des séniors (50-64 ans) augmente de 0,3 point, un plus haut depuis 1974, poussé notamment par les 55-64 ans dont le taux augmente de 0,7 point sur le trimestre et 1,6 point sur un an.
Selon l’INSEE, si l’objectif de Bercy d’une croissance de 1% de l’activité en 2023 est tenu, alors le taux de chômage pourrait passer sous les 7,1% d’ici la fin de l’année.

PLAN CHIP

Le « Chip Act », un plan pour relocaliser la production de semi-conducteurs en Europe, avance mieux que prévu.
C’est ce qu’a affirmé Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur hier sur RTL.
53 milliards d’euros d’investissements publics seront débloqués d’ici 2030, et peut-être même avant, selon Thierry Breton.
Objectif : remonter à 20% la part de l’Europe dans la production mondiale de puces électroniques.
68 projets d'usine ont été annoncés ces derniers mois, dont celui d'une première usine européenne du géant TSMC en Allemagne. TSMC, champion taïwanais…
Et dans le même temps, les États-Unis prévoient un plan de 52 milliards de dollars.
Bien, mais un peu cheap…

DU CÔTÉ DES MARCHÉS

Par Dorian Abadie, Analyste Bourse.
Les grands indices boursiers ont signé de belles performances hier : +1,52% pour le CAC40, à 7 433 points (+1,6% sur la semaine). Les chiffres de l’inflation américaine ont été salués, au même titre que l’annonce par la Chine de la levée de l'interdiction des voyages en groupe vers plusieurs pays, dont les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud et l'Australie. Bien que Pékin ait permis les voyages individuels depuis janvier, les voyages de groupe n’ont été autorisés que progressivement, avec des pays comme la France bénéficiant de cette exemption dès le mois de mars. Le secteur du luxe a été soutenu par cette bonne nouvelle hier, avec un podium composé de LVMH (+3,43%), Hermès (+3,2%) et L’Oréal (+3,02%).
Ce vendredi, on attend l’indice américain des prix à la production qui viendra compléter à 14h30 celui de la consommation et fournira une plus large vision de l’inflation américaine.
Le CAC cède 0,6% à l’ouverture (7 390 points).
En Asie, la Bourse de Tokyo est fermée aujourd’hui (jour férié).
Le Brent s'échange à 86,1 $ (-1,71% sur 24h).
L'once d'or se négocie à 1 916,8 $ (+0,10%).
L'euro/dollar évolue à 1,099 $ (+0,08%).

ON S’EN FOUT ?

Joe Biden demande au Congrès américain une aide militaire supplémentaire de 13 milliards de dollars pour Kiev ; La tension monte entre Pékin et Manille, à cause d’une épave échouée en mer de Chine méridionale (depuis 1999), sur l’Archipel de Spratleys que la Chine et les Philippines revendiquent toutes les deux ; Le film « Barbie » est interdit au Koweït pour « atteinte à la morale publique » ; Crise des opiacés : la Cour suprême a suspendu un accord financier entre le laboratoire Purdue et plusieurs États américains, qui exonérait les propriétaires du laboratoire pharmaceutique de toute future poursuite émanant de victimes ; Tony Parker, ex-star du basket français, sera intronisé demain au « Hall of Fame américain », soit les 220 meilleurs basketteurs NBA de tous les temps ; Fan de foot, la Ligue 1 reprend ce week-end, mais n’oublions pas l’équipe de France féminine qui joue un quart de finale de coupe du monde ; D’autres images spectaculaires du télescope James Webb, et notamment cette image de « deux galaxies en train de fusionner » et qui ressemble étrangement à un point d’interrogation, les mystères de l’univers… ; Je vous souhaite un excellent week-end.

VOILÀ C'EST TOUT
BONNE JOURNÉE

MAY THE FORCE BE WITH YOU