La pandémie de Covid a été une aubaine pour les géants technologiques américains, avec une hausse significative de leur valeur en Bourse. Apple a par exemple récemment franchi la barre des 3 000 milliards de dollars de valorisation, reflétant une croissance spectaculaire d'environ 150% en moins de quatre ans.
Les fameuses "GAFAM" (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) ont en effet prospéré pendant la pandémie, les investisseurs anticipant une accélération de la digitalisation sur fond de confinements et de ralentissement de l'économie. Le Nasdaq, l'indice technologique de Wall Street, a grimpé de 47,5% en 2020 et de 26,5% en 2021, tandis que les GAFAM ont atteint une capitalisation cumulée de 10 000 milliards de dollars, pesant trois fois plus que le CAC 40.
Les géants américains ont bénéficié d'un double effet : l'essor de nouveaux marchés et une régulation politique en retrait. Leurs résultats financiers ont été exceptionnels durant la Coronacrise, avec des bénéfices records malgré la récession mondiale. La pandémie a accéléré la transformation numérique, boostant leur rentabilité dans divers secteurs comme l'éducation, la santé, le télétravail et le e-commerce.
Les services des GAFAM ont en effet enregistré une forte croissance, avec des avancées dans les transactions en ligne, la publicité et les ventes de produits. Alphabet a profité de son service Google Cloud, tandis qu'Apple a connu une augmentation significative des ventes d'iPhones, de Macs et d'iPads.
Leur succès s'explique par leur position centrale dans l'économie numérique mondiale, où le leader domine souvent l'ensemble du marché ("winner takes all"), écrasant la concurrence. Par exemple, Google contrôle plus de 90 % des requêtes sur internet, tandis que Facebook compte plus de 2,7 milliards d'utilisateurs actifs mensuels. Ces entreprises offrent des services gratuits, mais en réalité, elles profitent de l'analyse et de la revente des données des utilisateurs, alimentant ainsi un modèle économique lucratif basé sur la publicité ciblée.
Leur pouvoir monopolistique ne se limite pas à internet. Apple détient une part importante du marché des smartphones, tandis que Microsoft domine les systèmes d'exploitation informatiques. Cette concentration suscite des appels à la régulation et même au démantèlement de ces géants.
Cependant, réguler ces entreprises s'avère complexe dans un contexte de mondialisation et de concurrence féroce entre les États pour attirer les entreprises technologiques. Des initiatives, telles que la taxation des entreprises du numérique par des accords internationaux, sont en cours, mais leur mise en œuvre reste incertaine.
En outre, les GAFAM étendent leur influence à de nouveaux secteurs tels que les services bancaires et le streaming, ce qui soulève des préoccupations supplémentaires quant à leur pouvoir économique.
Face à ces géants, de nouveaux acteurs émergent, notamment en Chine avec des entreprises telles que Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi (BATX), qui pourraient rebattre les cartes de l'économie numérique mondiale. Cependant, l'absence de grandes entreprises technologiques européennes expose notre région à une dépendance croissante envers les acteurs américains et chinois, soulignant ainsi l'urgence d'une d'une politique industrielle plus proactive en Europe...
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