Les marchés : CAC 40 : -1% EN 2024 !
Nouvelle semaine rouge vif pour le CAC 40 ! En perte de 0,68% ce soir, l’indice français cède 2% sur la semaine et clôture sous le seuil symbolique des 7 500 points, à 7 479. Il revient sur son plus bas niveau de l’année et recule désormais de près de 1% depuis le 1er janvier. L’Oréal signe la pire performance du jour, après l’abaissement de ses perspectives pour le marché de la beauté, on en reparle dans le Journal.
Surtout, le résultat incertain des législatives continue de peser sur les valeurs françaises et la sanction des marchés sur les taux inquiète. Le rendement des obligations françaises à 10 ans a en effet augmenté de 4 points de base, à 3,30%. L’écart avec l'Allemagne grimpe à 84 points de base, son plus haut niveau depuis 2012, indiquant un stress accru sur la dette française. Marc Fiorentino vous en parlait ce matin, un seuil important d’alerte est généralement fixé à 80 points. Aux incertitudes politiques s’ajoutent celles sur la piteuse situation budgétaire de la France. La sanction est méritée mais les marchés ne prévoient pas encore de scénario catastrophique.
Deux salles, deux ambiances ! Wall Street évolue dans le vert, avec un gain d’environ 0,30% sur ses principaux indices boursiers, dont le S&P 500 et le Nasdaq qui se rapprochent de leurs records historiques. L’inflation américaine de mai est ressortie conforme aux attentes, en tassement à 2,6% sur un an, contre 2,8% en avril. De quoi relancer une nouvelle fois les espoirs de baisse de taux dès l’automne, au plus tard cet hiver.
Les valeurs : L'Oréal, Air France et Graines Voltz
L'Oréal
Le premier groupe de cosmétique au monde chute de plus de 6% en deux séances, suite à une révision à la baisse de ses prévisions de croissance pour le marché de la beauté. Initialement prévue à 5%, la croissance est désormais estimée entre 4,5% et 5% pour 2024, principalement en raison d'un ralentissement du marché chinois. La Chine, un contributeur majeur à la croissance de L'Oréal, fait face à des défis importants, notamment dans le segment du travel retail, affecté par les mesures contre le marché gris (voir lexique) et les revendeurs illégaux.
L'incertitude sur l'ampleur et la durée du ralentissement du marché inquiète les investisseurs, et l'ajustement des perspectives de croissance pourrait nécessiter une révision des attentes à l'égard du titre. La publication des résultats semestriels le 30 juillet sera cruciale pour évaluer l'impact de ces facteurs sur la performance de L’Oréal. Ce soir, son titre perd 3,03% à 410,05€ (-9% en 2024).
Air France
La compagnie aérienne française cède 4,17% à 8,23€ après la révision à la baisse d’une recommandation de Barclays. La décision de la banque britannique s'accompagne d'une réduction de son objectif de cours, de 15€ à 9,50€. Ses analystes s’inquiètent des élections en France, craignant qu’elles n'affectent la confiance des entreprises et des consommateurs, et provoquent potentiellement des mouvements sociaux. De quoi impacter négativement les revenus du groupe. Le titre cède désormais près de 40% depuis le début de l’année !
Graines Voltz
Le spécialiste français des semences et des jeunes plants, éligible au PEA-PME, signe en cette fin de semaine une hausse de 5,86% à 23,50€. Cette hausse est principalement soutenue par la confirmation de ses perspectives pour l'exercice en cours, malgré un contexte économique difficile. Au premier semestre, le groupe a enregistré un chiffre d'affaires de 75,9 millions d'euros, légèrement en baisse par rapport à l'année précédente, et un résultat opérationnel courant de 5,6 millions d’euros, en recul de 8%.
Néanmoins, la direction reste optimiste, attribuant les défis rencontrés à des conditions météorologiques extraordinaires qui ont affecté le début de saison en maraîchage. Malgré tout, Graines Voltz maintient une gestion solide et se prépare à capitaliser sur sa croissance dès que les conditions météo le permettront. Pour le moment, le groupe cède plus de 20% depuis le début de l’année.
Le monde d'après : Le krach français ?
À l'approche des élections législatives, l'ambiance sur les marchés s'est tendue, reflétant une inquiétude palpable parmi les investisseurs. Comme indiqué, le “spread” France / Allemagne atteint un pic inédit depuis la crise de la dette de 2012 en zone euro. La nervosité est croissante à l'égard de la stabilité financière de la France, en comparaison avec l'Allemagne, considérée comme le bastion européen de la discipline budgétaire.
Ce fameux écart obligataire est principalement attribué à l'incertitude politique et aux anticipations des investisseurs qui tablent sur une majorité absolue du Rassemblement national. Et une paralysie du pays par les syndicats et la rue. Certains analystes, comme ceux de Capital Economics et de Natixis, pensent que les marchés se préparent à un scénario clairement négatif, sans pour autant craindre un désastre.
Bref, un scénario à l’italienne (Meloni). Ils prévoient que, même dans un scénario où de nouvelles hausses d’impôts seraient adoptées, le déficit budgétaire de la France augmenterait, mais pas au point de déclencher une crise de la dette comparable à celle de 2012. D’autant que la BCE est désormais dotée d’un fonds d’urgence, initialement dédié à l’Italie…
Le lexique : Le marché gris
Le marché gris échappe au contrôle d’un producteur, tout en restant conforme à la loi. Contrairement au marché noir, il concerne des biens authentiques mais vendus de manière non officielle. Les produits peuvent être moins chers et ne bénéficient pas, le plus souvent, de garantie ou de support technique. Cela peut affecter négativement les fabricants en réduisant leurs ventes officielles tout en compliquant le contrôle des prix et de la distribution. Les autorités et les fabricants peuvent prendre des mesures pour limiter ce marché, généralement dédié aux produits haut de gamme.