Réseaux sociaux et marchés financiers
Par Julia Bridger, associée chez EuroLand Corporate
Avec la montée en puissance des réseaux sociaux comme X (anciennement Twitter), LinkedIn, ou encore Meta, les informations financières des sociétés cotées et les déclarations de leurs dirigeants circulent désormais en temps réel à travers le monde, touchant ainsi des millions de personnes instantanément.
Mais cette diffusion ultra-rapide n’est pas sans danger. Les réseaux sociaux, bien qu’indispensables à la communication moderne, peuvent avoir un impact direct et souvent imprévisible sur les cours de bourse.
Les bonnes pratiques à adopter
En France, certaines règles strictes encadrent l’utilisation des réseaux sociaux par les entreprises cotées. Voici un rappel des principales pratiques à suivre pour éviter les dérapages :
• Information privilégiée : Toute donnée sensible doit impérativement être publiée dans un communiqué officiel avant d’être relayée sur les réseaux sociaux.
• Transparence : Les différents comptes sociaux de la société doivent être facilement accessibles sur le site internet officiel.
• Surveillance active : Une veille constante est indispensable pour détecter les rumeurs et réagir rapidement face à une information non publique ou un éventuel piratage.
• Traçabilité : Utilisez des hashtags spécifiques comme #CodeMnémo ou #CompteOfficiel pour identifier clairement les publications importantes.
• Certification des comptes : Il est crucial de certifier les comptes officiels sur les plateformes sociales pour éviter toute usurpation.
• Sensibilisation des équipes : Les dirigeants et salariés doivent être formés et informés sur les risques, avec la mise en place d'une charte d’utilisation de leurs comptes personnels.
• Précision et lien vers les sources : Toute information diffusée doit être accompagnée d’un lien vers le communiqué officiel pour garantir une transparence totale et éviter les malentendus.
Quand les réseaux sociaux influencent les marchés : un risque croissant
Aux États-Unis, la SEC (Securities and Exchange Commission) autorise déjà la diffusion d’informations réglementées via les réseaux sociaux, ce qui pose de nouvelles questions sur l'impact potentiel de ces canaux. En France, bien que cette pratique soit encadrée, les risques persistent.
Voici quelques-uns des principaux dangers identifiés :
• Manipulation des cours : Des informations publiées peuvent affecter les cours de bourse de manière intentionnelle ou non.
• Rumeurs trompeuses : Des informations incorrectes peuvent circuler et semer la confusion parmi les investisseurs.
• Usurpation d'identité : Des comptes non certifiés peuvent se faire passer pour des dirigeants ou des entreprises.
• Mélange des genres : La distinction entre les comptes personnels et professionnels n'est pas toujours claire, ce qui peut prêter à confusion.
• Surinterprétation : Des détails anodins (lieu de réunion, contacts) peuvent être mal interprétés et provoquer des réactions excessives.
La responsabilité des dirigeants sur les réseaux
Les dirigeants restent pleinement responsables de leurs prises de parole sur les réseaux sociaux, même lorsqu’ils s’expriment via leurs comptes personnels. Avec une audience potentiellement mondiale, chaque déclaration peut avoir des répercussions considérables sur le marché.
Quant aux utilisateurs des réseaux sociaux, ils sont de plus en plus influencés par les avis d’autres internautes. Les opinions exprimées via un post ou un tweet peuvent rapidement influencer le jugement des investisseurs, brouillant leur indépendance décisionnelle au profit de la voix de la majorité ou d’une figure influente.
Une vigilance accrue de la part des régulateurs
En France, l’AMF (Autorité des marchés financiers) surveille de près l’usage des réseaux sociaux pour éviter toute dérive ou manipulation excessive des marchés. Si ces canaux sont aujourd’hui incontournables, il est essentiel de les utiliser avec discernement et précaution.
Chez Euroland Corporate, nous encourageons l’utilisation des réseaux sociaux pour communiquer, mais rappelons l'importance de respecter les bonnes pratiques afin de protéger l’entreprise et ses parties prenantes des risques financiers et réputationnels.
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