Les marchés : Carton ou crash ?
À quelques heures du verdict tant attendu, le CAC 40 flanche et recule de 0,43%, à 7 198 points. Les vendeurs reprennent la main, influencés par la nervosité des marchés américains. À Wall Street, les indices boursiers perdent un peu de terrain : -0,66% pour le S&P 500 et -0,96% pour le Nasdaq, effaçant les gains de la veille. La prudence domine avant la publication des chiffres de Nvidia. Les analystes espèrent que le leader des semi-conducteurs surpassera une fois de plus les attentes. Nous vous détaillons dans cette édition spéciale l’enjeu colossal de l’annonce de la première capitalisation mondiale.
En Europe, la BCE met en garde contre la menace croissante des dettes souveraines, notamment de la France. Un défi supplémentaire alors que la croissance s’essouffle et que l’incertitude politique continue de planer. Outre-Manche, l’inflation repart à la hausse en octobre, à 2,3% sur un an, principalement en raison de la flambée des prix de l’énergie. Sur le marché des cryptomonnaies, le Bitcoin franchit un nouveau cap en frôlant les 95 000$, surfant toujours sur l’élection de Donald Trump.
Dans la suite du Journal, nous vous présentons notre dernière opportunité d’investissement ! Une opportunité particulièrement adaptée au contexte chargé du moment…
Les valeurs : Edenred, Elior et Figeac Aéro
Edenred
Après une chute de 45% depuis le début d’année, Edenred trouve un peu de répit ce mercredi grâce à la banque d’investissement Jefferies. Autrefois parmi ses plus grands détracteurs, elle vient de relever son avis sur l’action, la propulsant en hausse de 1,99%, à 29,19€, en tête du CAC. Malgré cette embellie, la prudence reste de mise. Edenred fait en effet face à des vents contraires, notamment d’un point de vue réglementaire en France et en Italie.
En Italie, un projet de plafonnement des commissions sur les titres-restaurant pourrait coûter au groupe 120 millions d’euros de marge par an. Cette crainte s’ajoute à un ralentissement de sa croissance, attendue à 7% au quatrième trimestre, bien en deçà des attentes du marché. Pour autant, Jefferies note que le marché a déjà intégré ces risques, tandis que la valorisation actuelle paraît plus raisonnable qu’à son sommet historique atteint en 2023. Si Edenred reste sous pression, son équilibre risque / rendement pourrait séduire à nouveau les investisseurs les plus patients.
Elior
Elior se fait cuisiner en Bourse ! Le titre s’effondre de 24,3% à 3,12€, affichant la plus forte baisse du SBF 120. Pourtant, le groupe de restauration collective a livré des résultats annuels au-dessus des attentes, dont un chiffre d’affaires de 6,05 milliards d’euros (+5,1%). Comme bien souvent en ce moment, le marché s’est avant tout focalisé sur les perspectives 2024-2025, jugées trop prudentes, avec une croissance attendue entre 3% et 5% et une marge d’un peu plus de 3%.
Ces prévisions timides ont entraîné une révision à la baisse des estimations de bénéfices par action. Les craintes d’une possible augmentation de capital n’ont pas non plus aidé, bien que le bureau d’analyse Oddo BHF exclue ce scénario, indiquant qu’il ne serait pas dans l’intérêt de Derichebourg, actionnaire à 48% d’Elior. La forte baisse de l’action rappelle que même les synergies et les plans de redressement ne suffisent pas toujours à rassurer les investisseurs… Depuis le début de l’année, le titre préserve 3% de gain.
Figeac Aéro
Le titre éligible au PEA-PME prend son envol, +3,91% à 5,84€ ce soir, en gain de 9% depuis le début de l'année. Le spécialiste des aérostructures et aéromoteurs affiche un chiffre d'affaires trimestriel de 106 millions d'euros, en croissance organique de 23,4%, porté par la montée en cadence des programmes d'Airbus et une stabilisation progressive chez Boeing. Sur le semestre, les revenus atteignent 200 millions d'euros (+12,3%), en ligne avec les objectifs annuels de 420 à 440 millions d'euros.
Avec un carnet de commandes record et son plan Pilot 28, le groupe prévoit un chiffre d'affaires de 550 à 600 millions d'euros d'ici 2028, tout en réduisant significativement son endettement. La confiance dans ses perspectives est renforcée par des fondamentaux de marché solides et une dynamique commerciale soutenue.
L'événement du mercredi : Verdict pour le numéro 1 mondial
C’est le moment de vérité pour les technos. Les marchés retiennent leur souffle en attendant les résultats de Nvidia dont nous vous parlions ces derniers jours. Les attentes sont élevées mais le marché semble confiant, trop peut-être. L’action s’est envolée de près de 5% hier, repassant une nouvelle fois au-dessus des 3 500 milliards de dollars de capitalisation, en tête du classement mondial devant Microsoft et Apple. Les chiffres sont absolument fous, à l’image de l’engouement pour les puces d’IA de Nvidia.
Porté par sa division data center, dont les revenus ont triplé en un an pour atteindre 47,5 milliards de dollars en 2024, le géant californien affiche des perspectives robustes. La demande en IA, notamment de la part des géants du cloud, semble inépuisable à court terme, avec une croissance de 133% attendue en 2025. Cependant, les contraintes d’approvisionnement limitent encore la capacité de Nvidia à répondre pleinement à cette frénésie.
Sa valorisation est désormais stratosphérique ! Malgré des fondamentaux solides, l’action semble surévaluée selon les standards du média indépendant Morningstar, qui estime sa juste valeur à 105$ par action (contre 146$ actuellement). Avec un multiple cours / bénéfice (voir lexique) attendu de 37 fois en 2024, les investisseurs paient un prix très élevé pour les perspectives de croissance. Cette valorisation repose presque entièrement sur l’avenir des centres de données et de l’IA, des secteurs où Nvidia devra continuer à innover face à une concurrence croissante, notamment de la part d’AMD, Intel, et des initiatives internes des géants comme Google et Amazon.
La prudence est de mise face à une valorisation qui pourrait ne pas résister à un ralentissement de l’engouement pour l’IA. La grande question est en effet de savoir quand ce marché arrivera à maturité…
Demain à la Une : Séance 100% Nvidia
Les résultats de Nvidia seront publiés après la clôture des marchés ce soir. En Bourse, ce sera le principal catalyseur de cette fin de semaine. Les autres informations devraient faire pâle figure en comparaison. Ce jeudi, Wall Street jettera brièvement un œil aux inscriptions hebdomadaires au chômage et aux ventes de logements anciens réalisées en octobre.
Le monde d'après : Lighton s'invite en bourse !
Ce mercredi est marqué par la clôture de la période de souscription pour l’introduction en Bourse de Lighton, un spécialiste français de l’intelligence artificielle générative, sur Euronext Growth. Avec cette IPO, la première de l’année sur le compartiment, Lighton espère lever jusqu’à 13,5 millions d’euros pour accélérer son développement à l’international et conquérir des secteurs clés comme la banque-assurance, la santé et la défense. Le titre, proposé au prix de 10,35 euros, fera ses premiers pas en Bourse le 26 novembre.
Fondé en 2016, le groupe a su se positionner comme un acteur européen de l’IA générative grâce à ses deux solutions phares, Forge et Paradigm. Ces plateformes, conçues pour automatiser et optimiser les processus métiers, offrent aux entreprises des outils personnalisables et puissants pour améliorer leur productivité. En levant des fonds, Lighton vise à renforcer sa présence en Europe et au Moyen-Orient tout en consolidant une base solide de revenus récurrents pour atteindre un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros d’ici 2027. Un défi ambitieux, mais stratégique, dans un marché en pleine effervescence autour de l’IA.
Le lexique : Le PER
Le ratio P / E (cours / bénéfice) mesure la valorisation d'une action en rapportant son cours au bénéfice net par action. Il indique combien les investisseurs sont prêts à payer pour chaque euro de bénéfice généré par l'entreprise. Un PER élevé reflète souvent des attentes de croissance, tandis qu’un PER faible peut signaler une sous-évaluation ou des perspectives incertaines. Dans le cas de Nvidia, le PER est extrêmement élevé et indique que le marché s’attend à des perspectives exceptionnelles de croissance pour les années à venir. Au risque de créer une bulle…