Les marchés : Lourde chute des financières
Les séances se suivent et se ressemblent pour le CAC 40 qui clôture à nouveau dans le rouge ce soir, en perte de 0,72% à 7 143 points (-1,5% sur la semaine). Le cocktail du moment est assez explosif, entre tensions politiques en France et menaces commerciales avec les États-Unis de Trump. La dynamique est clairement baissière pour les places européennes, et les investisseurs fuient les actifs français. Pourquoi cette défiance ? La menace d'une censure gouvernementale sur le budget 2025 sème le doute, tandis que l’écart entre les taux français et allemands atteint des sommets inédits depuis 2012.
À 90 points de base dans la matinée, cet indicateur clé reflète un risque politique croissant, un sujet qui inquiète particulièrement les marchés obligataires. D’ailleurs, on revient dans cette édition sur un triste record que vient d’atteindre la France. Les financières françaises sont en première ligne : AXA dégringole de 4,3%, Société Générale de 3,5%, Crédit Agricole de 1,3%, et BNP Paribas de 1,2%. Dans ce contexte de défiance, la décision de S&P Global Ratings sur la note de la dette française, attendue vendredi, est déjà dans tous les esprits.
De l’autre côté de l’Atlantique, Wall Street fait fi des menaces de droits de douane de Donald Trump. Le S&P 500 a enregistré son 52ème record annuel hier, le Dow Jones et le Nasdaq poursuivant également leur ascension. Cet après-midi, quelques prises de bénéfices les font légèrement plier dans les premiers échanges, avant Thanksgiving. Les marchés américains, rassurés par les données solides sur la croissance et la consommation, continuent de bénéficier de la posture accommodante de la Fed, qui maintient sa stratégie de baisse progressive des taux selon son rapport publié hier soir.
L’inflation américaine est comme prévu ressortie à 2,3% sur un an en octobre, en ligne avec les attentes (vs 2,1% en septembre). Hors prix de l’énergie et de l’alimentation : 2,8% comme attendu pour octobre, contre 2,7% le mois antérieur. Le contraste entre Paris et Wall Street n’a jamais été aussi criant. Alors que la Bourse américaine célèbre ses records, la France s’enlise dans ses incertitudes politiques et économiques. Le message est clair, pour reconquérir la confiance des investisseurs, il va falloir des réponses rapides et convaincantes.
Les valeurs : Airbus, Atos et Lumibird
Airbus
Airbus gagne 1,96% à 139,38€ ce mercredi, grâce à des nouvelles encourageantes sur son carnet de commandes. Son objectif de livrer 770 appareils cette année semble en bonne voie. Le groupe aéronautique a notamment livré son premier A350-900 à Emirates, dans le cadre d’une commande de 65 appareils.
Cet avion, conçu pour réduire de 25% les émissions de CO2 et compatible avec les carburants durables d’ici 2030, soutient l’expansion de la compagnie basée à Dubaï. Avec un carnet de commandes solide et une bonne gestion de ses contraintes industrielles, Airbus revient à l’équilibre en Bourse depuis le début de l’année.
Atos
Troisième hausse massive d’affilée pour Atos ! Le titre s’envole de 80% à 1,01€ ce mercredi, poursuivant sa spectaculaire remontée en Bourse. Avec les annonces stratégiques dont nous vous parlions lundi, le groupe informatique semble regagner la confiance des investisseurs après une année tumultueuse.
Atos a reçu une offre non-engageante de l'État français pour racheter ses supercalculateurs, à hauteur de 500 à 625 millions d’euros. Ils sont notamment utilisés pour la dissuasion nucléaire française. La perspective de désendettement et de recentrage stratégique redonne confiance aux investisseurs en ce moment mais le plus dur reste à faire…
Lumibird
Un éclair de spéculation traverse la cote parisienne ! Le spécialiste des technologies laser, éligible au PEA-PME, bondit de 29,36% à 9,34€, porté par une rumeur sur la vente de sa division médicale, représentant 51% de son chiffre d’affaires en 2023. Selon L’Informé, le fondateur Marc Le Flohic qui détient 52% du capital, pourrait utiliser les fonds de cette cession (estimés entre 250 et 300 millions d’euros) pour racheter les parts des minoritaires et retirer Lumibird de la Bourse.
Le groupe, qui excelle dans les lasers pour la défense, le spatial et l’ophtalmologie, précise que le processus est à un stade préliminaire et qu’aucune issue n’est garantie. La cession pourrait être dilutive pour les actionnaires mais renforcerait le recentrage stratégique du groupe. Cette annonce propulse Lumibird parmi les plus fortes hausses du jour sur le marché SRD. Toutefois, le titre cède 23% depuis le début de l’année.
L'évènement du mercredi : Coup de tonnerre
Pour la première fois, le taux d’emprunt à 10 ans de la France a brièvement dépassé celui de la Grèce. Oui, la Grèce. Celle-là même qui, il y a dix ans, incarnait la crise de la zone euro. Simple alerte ou début d’une spirale dangereuse ? Le marché envoie un signal clair : prêter à la France est désormais aussi risqué qu’à la Grèce. Pourquoi ? Parce que les trajectoires des deux pays divergent. La Grèce, après avoir touché le fond, remonte la pente grâce à des réformes drastiques et au soutien du FMI.
La France, elle, s’enfonce sous le poids d’un déficit chronique et une gestion calamiteuse de ses finances, aggravés par le Covid, mais dont l'origine remonte bien avant 2020. Depuis la perte de son triple A en 2012, les dégradations s’accumulent. Et ce n’est pas fini. Vendredi, c’est S&P Global Ratings qui rendra son verdict, alors que Moody’s et Fitch ont déjà tiré la sonnette d’alarme. Pendant ce temps, le gouvernement tente de faire passer son budget au forceps avec un 49.3, sous la menace permanente d’une motion de censure.
Mais tout n’est pas noir. La dette française reste parmi les mieux gérées et les plus liquides au monde, un atout indéniable pour les investisseurs. Toutefois, la France inquiète fortement et les marchés n’attendront pas éternellement que le pays redresse la barre. Une seule certitude, l'inaction n'est plus une option…
Demain à la Une : Surprise...
Avec Thanksgiving, on entre dans une période relativement calme pour les marchés. En théorie, du moins. Wall Street sera fermée demain et ne rouvrira vendredi que pour une demi-séance. Les volumes injectés sur les marchés internationaux devraient donc être faibles. Sauf actu forte (une nouvelle déclaration de Trump ?), la volatilité de la Bourse sera réduite. Pour ce jeudi, on attend simplement les chiffres d’inflation de l’Allemagne. Du côté des entreprises, Rémy Cointreau publiera ses derniers résultats financiers. Stay tuned ! Nous aurons une surprise à vous dévoiler demain soir.
Le monde d'après : Le retour des IPO ?
La fin d’année anime enfin Euronext Growth ! Après une année timide, les introductions en Bourse s’accélèrent. Mardi, Lighton, l’expert de l’intelligence artificielle générative, a enflammé Euronext Growth avec une première séance à +12%, avant d’atteindre un impressionnant +45% ce soir pour sa deuxième séance boursière. Preuve que les investisseurs ont toujours soif d’innovation. Ce mercredi, un nouveau joueur entre en scène : Odyssée Technologies, l’orfèvre français de la mécanique de précision pour l’aéronautique et la défense. Le groupe lance son IPO avec l’objectif de lever jusqu’à 8 millions d’euros pour accélérer son développement.
Positionné sur des marchés stratégiques comme l’aéronautique, la défense et l’énergie, Odyssée fournit des acteurs de poids comme Airbus, Safran ou Boeing. La société vise un doublement de son chiffre d’affaires à 40 millions d’euros d’ici 2028, grâce à une stratégie mêlant croissance organique et acquisitions ciblées. Et ce n’est pas tout, il lorgne également des secteurs porteurs comme le nucléaire ou le ferroviaire. Les actions, proposées à 13€, sont ouvertes à la souscription pour les particuliers jusqu’au 9 décembre, les institutionnels ayant jusqu’au 10 décembre pour se positionner.
Après une année presque blanche, ces IPO marquent le retour des introductions en Bourse sur Euronext Growth. Lighton, Odyssée… deux belles histoires qui pourraient redonner un peu de souffle à la place parisienne, tout en rappelant que les investisseurs sont prêts à parier sur des entreprises à fort potentiel et des secteurs stratégiques. Affaire à suivre !
Le lexique : Le spread obligataire
Le spread obligataire France-Allemagne désigne l'écart entre les taux d'intérêt des obligations souveraines à 10 ans des deux pays. Cet indicateur reflète la perception du risque par les investisseurs : plus le spread est élevé, plus la France est jugée risquée par rapport à l'Allemagne, considérée comme LA référence de stabilité dans la zone euro. Il est influencé par des facteurs économiques (déficit, dette, croissance) et politiques (instabilité gouvernementale, réformes).