Les marchés : Trump et les marchés
Le CAC 40 recule ce mercredi, -0,49% à 7 452 points, cédant même plus de 1,2% durant la séance. L’embellie de lundi, avec un bond de 2,2% de l’indice parisien, suite à un article du Washington Post, a rapidement laissé place aux inquiétudes. Donald Trump continue en effet d’agiter les marchés. Aujourd’hui, la crainte d’une déclaration d’état d’urgence économique aux États-Unis pour accélérer la mise en place de surtaxes douanières pèse sur les places européennes et Wall Street. On en reparle dans la suite de l’édition.
Dans ce contexte, certaines valeurs sortent du lot à Paris. Thales bondit de 4% en tête du CAC 40, porté par les déclarations de Trump pressant les pays de l’OTAN d’augmenter leurs budgets de défense à 5% de leur PIB. Edenred s’offre une belle performance avec un gain de 3,7%, soutenu par de solides résultats publiés par son concurrent Pluxee. Pendant ce temps, les taux obligataires américains se tendent et l’indice de la peur Vix continue de grimper, traduisant la nervosité des investisseurs face aux tensions commerciales à venir.
La séance a également été marquée par des statistiques économiques contrastées. Aux États-Unis, les nouvelles inscriptions aux allocations chômage reculent, mais les créations d’emplois dans le secteur privé (l’enquête ADP dont nous vous parlions hier) déçoivent avec seulement 122 000 postes créés en décembre, contre un consensus supérieur. Alors que les marchés digèrent ces nouvelles, le S&P 500 fléchit légèrement de 0,13% dans les premières heures d’échanges. Encore une séance sous tension, l’attention se porte désormais sur le rapport NFP (emploi américain) attendu vendredi après-midi.
Les valeurs : Pluxee, Vallourec et Exosens
Pluxee
Pluxee démarre son exercice 2024-2025 sur les chapeaux de roues. Le spécialiste des titres restaurant et cadeaux affiche une croissance de 13,2% au premier trimestre (décalé), surpassant les attentes du marché. Son action bondit de 15,80% à la Bourse de Paris, à 21,77€, en tête du SBF 120. Pluxee entraîne son concurrent Edenred dans son sillage (+3,68%), à la deuxième place du CAC, derrière Thales.
Fort d’une dynamique commerciale robuste et de revenus en hausse, Pluxee confirme ses ambitions de croissance à deux chiffres pour 2025 et 2026. Avec un marché brésilien stabilisé, stratégique pour le groupe français, et une saison des chèques cadeaux favorable, l’optimisme est de mise. Le principal défi du moment ? Éviter les risques réglementaires en France, qui pourraient freiner son élan… Affaire à suivre !
Vallourec
Pari gagné pour Vallourec qui a totalement effacé sa dette avec un an d'avance. L’entreprise métallurgique frappe un grand coup et se hisse à la deuxième place du SBF ce soir, en gain de 7,17% à 18,24€ (+17% en 2024). Son exploit financier repose sur des cessions d’actifs, une gestion rigoureuse des investissements et une génération de trésorerie supérieure aux attentes (+85 millions d’euros).
Un redressement spectaculaire donc, marqué par une réduction de 1,5 milliard d’euros de sa dette depuis 2022, ouvrant la voie à un retour du dividende l’an dernier, une première depuis 2015. Avec Arcelormittal au capital et une OPA potentielle dès février, Vallourec se repositionne comme un acteur stratégique à surveiller de près pour les investisseurs français.
Exosens
Exosens bondit en Bourse après des résultats préliminaires éclatants. Le spécialiste des technologies de détection et d’imagerie électro-optiques s’envole de 9,05% ce soir à 22,4€, porté par des estimations supérieures aux objectifs dévoilés lors de son introduction en Bourse. Le chiffre d’affaires, attendu entre 390 et 395 millions d’euros, affiche une croissance de plus de 34%, tandis que le bénéfice avant impôts est prévu autour de 30%.
Les perspectives pour 2025 renforcent l’enthousiasme, avec une demande accrue du secteur de la défense, notamment grâce à un contrat clé en Allemagne. Exosens confirme aussi sa stratégie d’acquisitions ciblées, consolidant ainsi sa position sur un marché en pleine effervescence.
L'événement du mercredi : The art of the deal
C’est le feuilleton qu’il va falloir suivre dans les prochains mois. Celui de la guerre commerciale, comme au plus fort des tensions entre les États-Unis et la Chine en 2018. Les droits de douane promis par Trump soufflent tantôt le chaud, tantôt le froid sur les marchés. Ce mercredi, c’est clairement le froid après les révélations de CNN sur les intentions de Trump.
Il envisagerait de déclarer "l'urgence nationale économique" pour imposer légalement des droits de douane universels, une mesure qui pourrait frapper alliés et adversaires des États-Unis sans distinction. S’appuyant sur l’International Economic Emergency Power Act, un texte déjà utilisé en 2019 pour taxer les importations mexicaines, Trump cherche à tenir ses promesses protectionnistes de campagne.
Si aucune décision finale n’est prise, l’incertitude provoque une nette volatilité sur les marchés. Avec Trump, les investisseurs doivent se préparer à cette forte volatilité pour les mois et années à venir. Entre déclarations provocantes et mesures économiques imprévisibles, les secousses boursières risquent de se multiplier. Mais comme le rappelle souvent Marc Fiorentino, Trump est un homme qui fait des deals. Après les menaces, viendront les négociations au cas par cas…
Demain à la Une : Wall Street fermé
Demain (et pas seulement…), les marchés continueront de naviguer au gré des déclarations de Trump, avec la suite du feuilleton douanier. Quelques publications économiques de second ordre viendront également animer la séance : la production industrielle allemande et les ventes au détail européennes. La volatilité devrait être moins forte qu’aujourd’hui, Wall Street sera exceptionnellement fermée, pour le deuil national en hommage à l'ancien président Jimmy Carter.
Le monde d'après : 2025, l'année du Bitcoin ?
Focus sur une prévision crypto ! L’analyste allemand Bernstein estime que le Bitcoin pourrait franchir la barre des 200 000 dollars d’ici fin 2025, porté par une adoption massive des entreprises et institutions. Après avoir dépassé les 100 000 dollars en décembre, la reine des cryptos est au centre des attentes, de l’essor des ETF bitcoin spot à une potentielle réserve nationale américaine en cryptos.
Bernstein projette un triplement des bitcoins détenus dans les trésoreries d’entreprises, passant de 24 milliards à 70 milliards de dollars. Les ETF bitcoin, comme ceux de BlackRock ou Fidelity récemment approuvés par la SEC, joueront également un rôle clé, attirant des milliards de capitaux supplémentaires. Parallèlement, les banques et gestionnaires d’actifs, jusque-là prudents, entrent dans la course en lançant leurs propres solutions crypto, rivalisant directement avec les géants du secteur.
Mais ce n’est pas tout. Les stablecoins, ces cryptomonnaies adossées à des actifs traditionnels, pourraient dépasser les 500 milliards de dollars de capitalisation. L’administration Trump, connue pour son positionnement pro-crypto, pourrait accélérer cette adoption grâce à une législation spécifique.
Le lexique : fonds ISR
Un fonds ISR (Investissement Socialement Responsable) est un fonds d'investissement qui intègre des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (dits “ESG”) dans ses choix de placement, en plus des critères financiers classiques. Son objectif est de générer une performance financière tout en soutenant des entreprises responsables selon ces critères, ayant un impact positif sur la société et l'environnement. Les fonds ISR permettent ainsi aux investisseurs de concilier rentabilité et valeurs éthiques dans leurs investissements.
