Les marchés : Trump J+1
Trump sort l’artillerie lourde mais les places européennes résistent ! Au lendemain de son investiture, et des nombreux décrets signés, le CAC 40 clôture en gain (+0,48% à 7 771 points), au plus haut depuis fin septembre et en gain de 5% depuis le début de l’année. Dans la pluie de décisions de Trump, une seule a vraiment influencé le marché parisien ce mardi : l’annonce de droits de douane de 25% sur les importations du Canada et du Mexique à partir du 1er février. Stellantis est particulièrement concerné, on en reparle dans la suite de l’édition.
Le marché reste attentif aux actions et paroles du président américain, qui a notamment acté le retrait des États-Unis de l'OMS et de l'accord de Paris sur le climat. Il a également déclaré l’état d'urgence migratoire à la frontière mexicaine, et l’état d’urgence énergétique pour produire rapidement et massivement du pétrole et du gaz. Drill, baby, drill !
Dans ce contexte, le luxe tire son épingle du jeu, soutenant l'indice parisien. LVMH grimpe de 2,7%, suivi de près par Hermès (+2,6%). Mais attention, le plus dur est à venir… Pour le moment, Trump a épargné l’Europe. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’il annonce de nouvelles mesures, nous concernant plus directement. Son second mandat s'annonce agité et les investisseurs restent sur leurs gardes. Pour l’heure, Wall Street évolue également dans le vert. Le S&P 500 gagne 0,5% dans les premiers échanges, +0,1% pour le Nasdaq.
Les valeurs : Stellantis, Atos et Mistral AI
Stellantis
Avec le retour de Trump, le secteur automobile est sous pression. En perte de 1,4% à 12,66€, Stellantis finit à la dernière place du CAC ce soir. Trump compte imposer des droits de douane de 25% sur les importations en provenance du Mexique et du Canada dès le 1er février. Une mesure qui pourrait chambouler l’industrie automobile et en particulier les constructeurs actifs sur le marché nord-américain.
Cette décision affecterait directement Stellantis qui importe environ 30% de ses véhicules vendus aux États-Unis depuis ces deux pays. L’impact pourrait atteindre jusqu’à 20% de son résultat opérationnel courant (voir lexique). L’inquiétude est palpable, d’autant que cette taxe ne se limiterait pas aux véhicules, mais toucherait aussi les pièces détachées, essentielles à la production américaine, augmentant ainsi les coûts pour toute la chaîne industrielle. L’action Stellantis est à l’équilibre depuis le début de l’année mais perd 36% sur un an.
Atos
Premier du SBF 120, Atos finit ce soir en gain de 10% à… 0,002€ ! Sur un an, le titre s’effondre de plus de 92%. C’est l’occasion de mettre à jour notre feuilleton sur la lente chute du spécialiste des services informatiques. Atos a revu à la hausse son estimation de trésorerie pour fin 2024, à 2,19 milliards d'euros. C'est presque le double du 1,15 milliard initialement prévus dans son plan de sauvegarde accéléré validé en octobre dernier par le tribunal de commerce de Nanterre.
Derrière cette performance, trois facteurs-clés : des paiements anticipés de 319 millions d'euros, principalement en provenance de clients publics, la cession de l'activité Worldgrid pour 240 millions d'euros, et une ligne de crédit non tirée de 440 millions d'euros. Même en excluant ces éléments exceptionnels, la trésorerie reste supérieure aux attentes, avec 40 millions de plus que prévu. Un signal rassurant alors qu'Atos a finalisé sa restructuration financière en décembre et se prépare à son assemblée générale du 31 janvier 2025, où seront présentés ses derniers résultats financiers.
Mistral AI
La start-up française d'intelligence artificielle générative envisage une introduction en Bourse. Son cofondateur, Arthur Mensch, a confirmé cette ambition lors du forum économique mondial à Davos, affirmant que l'entreprise "n'est pas à vendre". Fondée en avril 2023, Mistral a rapidement atteint une valorisation de près de 6 milliards d'euros après avoir levé plus d'un milliard en moins d'un an. La jeune pousse, qui veut rivaliser avec les géants de la tech comme Open AI (Chat GPT) et Google, se positionne comme un leader européen.
Bien que l'entreprise ne soit pas en quête de financements immédiats, son développement futur nécessitera de nouvelles levées de fonds. Arthur Mensch insiste sur la volonté de Mistral de prouver que l'Europe a sa place dans la course à l'intelligence artificielle, malgré une puissance de calcul inférieure à celle de ses concurrents américains. Mistral AI continue d’étendre son influence, après un récent accord avec l’Agence France-Presse pour utiliser ses dépêches dans son robot conversationnel. Un pas stratégique pour affiner ses modèles et renforcer son offre face aux mastodontes du secteur.
Demain à la Une : Trump et Lagarde
Demain, Trump et ses nouvelles mesures vont évidemment continuer d'animer les marchés financiers. En parallèle, à une dizaine de jours de la prochaine réunion de la BCE, Christine Lagarde prendra la parole dans l’après-midi. Le marché s’attend à ce que l'institution européenne baisse une nouvelle fois ses taux de 0,25% lors de sa réunion du 30 janvier. Ce sera l’un des actus fortes de la semaine prochaine, avec la forte accélération de la saison de publication des résultats d’entreprises. Du côté des entreprises, Procter & Gamble et Johnson & Johnson publieront ce mercredi leurs résultats du quatrième trimestre 2024. On attend également ceux de Netflix, ce soir.
Le monde d'après : Le Far West de l'IA
Lors de son investiture, Donald Trump a révoqué un décret signé par Joe Biden en 2023 et qui imposait des tests de sécurité stricts aux développeurs d’intelligence artificielle pour protéger la sécurité nationale et la santé publique. Ce cadre réglementaire visait à encadrer les innovations en fixant des normes rigoureuses, mais Trump, et plus largement les républicains, considèrent cette régulation comme un frein à l’innovation.
Ils prônent une approche plus libre, axée sur la liberté d’expression et la croissance économique, dans un secteur où l’IA générative, capable de produire textes, images et vidéos, transforme rapidement les industries tout en soulevant des préoccupations sur les suppressions d’emplois et les usages malveillants.
En revanche, Trump a conservé une mesure de soutien fédéral introduite par Biden pour répondre aux besoins énergétiques croissants des centres de données liés à l’IA. Ce maintien, et la suppression du décret de Biden, illustrent la volonté des États-Unis de rester leader dans cette technologie en pleine expansion.
Le lexique : Résultat opérationnel courant
Le résultat opérationnel courant est un indicateur financier qui mesure la performance d'une entreprise en tenant compte de son activité principale, avant la prise en compte des éléments exceptionnels, financiers et fiscaux. Il reflète la rentabilité des opérations courantes en excluant les éléments non récurrents. Contrairement au résultat opérationnel, le résultat opérationnel courant se concentre uniquement sur l'exploitation régulière de l'entreprise.
Il permet ainsi d’évaluer sa capacité à générer des profits de manière récurrente, sans être biaisé par des événements ponctuels. Cet indicateur donne une vision plus précise et fiable de la performance intrinsèque d'une entreprise, indépendamment des fluctuations conjoncturelles ou des décisions stratégiques exceptionnelles.