Les marchés : L'IA sème le doute
Après une série impressionnante de neuf hausses consécutives, le CAC 40 marque une pause ce lundi, reculant de 0,27% à 7 906 points. Une performance timide qui reflète les premières tensions avant une semaine cruciale. Les investisseurs anticipent avec prudence les résultats trimestriels des géants technologiques américains et les décisions des grandes banques centrales, dont la Réserve fédérale américaine.
La nervosité gagne également Wall Street, où le Nasdaq abandonne plus de 3%. En cause, les craintes sur la tech américaine causées par la start-up d'IA chinoise Deepseek se propagent. Cette inquiétude a contaminé le marché parisien, notamment les valeurs liées aux datacenters. Schneider Electric chute de 9%, tandis que Legrand perd 7%. Soitec n’échappe pas à la déroute et abandonne 1%.
Cette consolidation pourrait marquer le début d’une semaine mouvementée pour les marchés, où les investisseurs jongleront entre résultats d’entreprises, signaux monétaires, et volatilité autour des technologies de rupture. Restez avec nous, nous décryptons ces mouvements clés et les opportunités qu'ils ouvrent dans le Journal de ce soir.
Les valeurs : Schneider Electric, Legrand et Bureau Veritas
Schneider Electric et Legrand
Ce soir, zoom sur les deux plus grosses secousses de l’indice parisien : Schneider Electric et Legrand, qui dévissent respectivement de 9,48% et 7,03%. Les deux géants sont lourdement impactés par l’innovation disruptive de la start-up chinoise Deepseek, qui a dévoilé un modèle d’intelligence artificielle bien moins coûteux et énergivore que ses concurrents, comme ChatGPT. Cette avancée fait craindre un ralentissement des investissements dans les data centers, un segment stratégique pour Schneider et Legrand, qui conçoivent des équipements essentiels pour ces infrastructures, notamment en matière de refroidissement et d'efficacité énergétique.
Schneider Electric tire environ 19% de ses commandes des data centers, tandis que Legrand y consacre près de 20% de ses revenus. Jusqu’ici, le développement de l’IA impliquait une forte demande pour ces équipements en raison des besoins en puissance et refroidissement des centres de données. Si les innovations de Deepseek changent les règles du jeu, cela pourrait peser sur les perspectives de croissance des deux groupes, déjà fragilisés par l'incertitude des marchés. Cependant, ces innovations doivent encore prouver leur fiabilité et être pleinement reconnues pour s'imposer durablement… Affaire à suivre !
Bureau Veritas
Bureau Veritas et SGS, deux poids lourds du secteur des tests, inspections et certifications (TIC), ont mis fin à leurs discussions en vue d'une fusion, préférant se recentrer sur leurs plans stratégiques respectifs. Ce rapprochement, qui aurait créé un leader mondial avec 13 milliards d'euros de revenus, suscitait des réserves sur les synergies potentielles et les risques d'intégration dans un secteur fragmenté.
Bien que le groupe français affiche une meilleure dynamique financière et stratégique que son homologue suisse, cette fusion aurait permis de consolider un secteur encore fragmenté. Les analystes pointent toutefois des risques de synergies négatives, liés notamment aux accréditations et à la structure locale des activités TIC, qui auraient pu compliquer l’intégration et réduire les bénéfices attendus. À la Bourse de Paris, l'action Bureau Veritas recule d’1,54%, traduisant la déception des investisseurs.
L'agenda du lundi : Semaine pivot pour la tech
Cette semaine s’annonce cruciale pour les marchés financiers, avec plusieurs rendez-vous de premier plan. Mercredi soir, Microsoft, la deuxième capitalisation mondiale derrière Nvidia, dévoilera ses résultats trimestriels, aux côtés de Tesla et Meta, avant qu’Apple ne publie les siens jeudi soir. Ces publications des géants de la tech seront scrutées de près, alors que les valorisations élevées du Nasdaq, proche de ses sommets historiques, suscitent des interrogations. Parallèlement, la semaine sera rythmée par les décisions des banques centrales : la Fed tiendra sa réunion de politique monétaire mardi et mercredi, suivie par la BCE jeudi. Des annonces qui pourraient fortement influencer l’orientation des marchés.
Demain à la Une : Luxe, tech et défense
Demain, les investisseurs devront jongler avec une activité contrastée sur les marchés. En Chine, les marchés resteront fermés pour cause de jour férié, limitant les volumes d’échanges en Asie. En Europe, les projecteurs seront braqués sur les publications de résultats trimestriels de deux géants : LVMH en France, leader mondial du luxe, et SAP en Allemagne, acteur clé des solutions logicielles. Outre-Atlantique, Lockheed Martin, pilier de l’industrie de la défense, dévoilera également ses performances financières. Une journée riche en actualités sectorielles, avec des résultats qui pourraient donner le ton pour les marchés.
Le monde d'après : Deepseek chamboule tout
Ce lundi, Wall Street s’éveille sous le choc des annonces de Deepseek, une start-up chinoise spécialisée dans l’intelligence artificielle. En dévoilant son nouveau modèle, comparable à ChatGPT mais développé à une fraction du coût (5,6 millions de dollars contre des centaines de millions pour ses concurrents américains), Deepseek bouscule les géants de la tech. Nvidia, pilier incontournable de l’écosystème IA aux États-Unis, trébuche lourdement avec une chute de 17%, tandis que le Nasdaq recule de plus de 3%. Les investisseurs s’interrogent sur la rentabilité des investissements massifs des entreprises américaines dans l’IA.
Deepseek ne se contente pas de faire trembler la Silicon Valley. Son application figure déjà en tête des téléchargements sur l’App Store aux États-Unis, surpassant ChatGPT. Ses prouesses soulignent les limites des restrictions américaines sur les semi-conducteurs à destination de la Chine, offrant à cette dernière un avantage concurrentiel inattendu. Bien que certains analystes estiment que Deepseek reste techniquement en deçà d’OpenAI ou Google, son approche plus économique pourrait marquer un tournant dans le développement de l’IA, redéfinissant les standards de rentabilité et d’innovation.
Pour les investisseurs, cette situation pourrait représenter une opportunité de se repositionner sur les indices américains, notamment le Nasdaq, après cette correction brutale. Si la domination des leaders actuels comme Nvidia et Meta est remise en question, les résultats trimestriels à venir des Sept Magnifiques, comme Microsoft ou Tesla, fourniront un indicateur crucial pour évaluer l’impact de cette montée en puissance chinoise.
Le lexique : Les ETF
Un ETF (Exchange-Traded Fund) est un fonds d'investissement coté en Bourse qui regroupe divers actifs comme des actions, des obligations ou des matières premières. Il permet de répliquer la performance d'un indice sous-jacent, comme le CAC 40 ou le S&P 500. Il peut également répliquer les performances d’un indice sectoriel, par exemple composé des fleurons mondiaux des nouvelles technologies.
Les investisseurs peuvent acheter des parts d'ETF en Bourse, offrant une certaine diversification (bien que souvent limitée), une liquidité élevée et des frais de gestion généralement très faibles. Les ETF sont des outils désormais extrêmement populaires et incontournables pour investir dans différents marchés ou secteurs d’activité.