Les marchés : Petite secousse sur le CAC
Après sept séances consécutives de gain, le marché français prend quelques bénéfices à proximité de ses records historiques. Ce soir, il perd 1,17% à 8 111 points, plombé par les menaces de taxes douanières annoncées par Trump. Automobile, médicaments, semi-conducteurs… Plusieurs secteurs clés de l’économie européenne sont dans le viseur du président américain, créant une onde de choc sur les marchés. C’est l’événement du jour, on vous dit tout dans cette édition.
Côté valeurs, c’est l’ascenseur émotionnel. STMicroelectronics s’envole de +7,9%, en tête du CAC 40, porté par un regain d’intérêt des investisseurs pour la tech. Nexans explose en tête du SBF 120, avec un bond de +10%, après des résultats 2024 records et des ambitions élevées pour 2025. En revanche, Icade plonge de 8,8%, pénalisé par des perspectives prudentes et un dividende inférieur aux attentes.
Les valeurs : Nexans, STMicroelectronics et Vicat
Nexans
Transformation réussie pour Nexans. En six ans, le fabricant de câbles s’est recentré sur l’électrification, et cette stratégie paie. 2024 marque une année record avec une marge avant impôts en hausse de 21%, et un bénéfice net de 283 millions d’euros. La demande dans les énergies renouvelables et en câbles sous-marins booste les comptes. Mais un nuage plane : le contrat GSI, une interconnexion entre la Grèce et Chypre, pourrait être menacé par des incertitudes géopolitiques. Nexans reste confiant sur ce dossier.
Pour 2025, le groupe prévoit une marge avant impôts comprise entre 770 et 850 millions d’euros. La fourchette large reflète les incertitudes sur GSI, mais aussi des investissements stratégiques, notamment un troisième navire câblier. Oddo BHF maintient sa recommandation à "surperformance", notant que Nexans reste décoté par rapport à son concurrent italien Prysmian. L’électrification de l’économie continue, et Nexans semble bien positionné pour en profiter. Ce soir, le titre s’offre la première place du SBF 120, en hausse de 10,05% à 105,70€.
STMicroelectronics
Après des mois de déceptions, STMicroelectronics pourrait bien voir le bout du tunnel. Jefferies en est convaincu. La banque d’investissement américaine a relevé sa recommandation à l’achat et vise désormais un cours de 34€, soit un potentiel de +35%. Résultat, le titre s’envole de 7,87% ce soir, à 24,95€, à la première place du CAC. Selon Jefferies, le creux du marché des semi-conducteurs est proche. Le premier trimestre 2025 devrait marquer le pic de la réduction des stocks dans l’automobile et l’industrie avant un redémarrage progressif.
Mais surtout, l’iPhone 17, prévu en septembre, devrait booster STMicro, qui fournit à Apple des composants stratégiques. Un impact estimé à 300 millions de dollars en 2025 et 400 millions en 2026. Ajoutez à cela l’essor des satellites et de l’IA, et le cocktail devient explosif. Le titre se paye 12 fois les bénéfices attendus en 2026, loin de sa moyenne historique de 18 fois. Un décollage imminent ? Jefferies y croit.
Vicat
Le cimentier français a délivré une performance solide en 2024, malgré un environnement toujours complexe. Le groupe affiche une solide performance annuelle avec un Ebitda (voir lexique) record de 783 millions d’euros (+5,9%) et un résultat net en hausse de 5,5%, malgré un chiffre d’affaires en léger repli.
Le titre éligible au PEA-PME parvient à restaurer une marge d’Ebitda de 20%, retrouvant son niveau antérieur à la crise inflationniste de 2022-2023, grâce à une bonne dynamique aux États-Unis et au redressement de l’Égypte, deux de ses marchés-clé, qui compensent le ralentissement du secteur résidentiel en Europe. Le dividende reste stable à 2€ par action, offrant un rendement attractif de près de 5%. Ces résultats rassurent le marché, avec un titre en hausse de 4,66% à 47,20€, portant le titre à +29% depuis le début de l’année.
L'évènement du mercredi : "Menacer avant de négocier"
Donald Trump met à nouveau la pression sur ses partenaires commerciaux. Le président américain envisage d’imposer des droits de douane de 25% sur les voitures, les semi-conducteurs et les médicaments importés aux États-Unis. L’objectif affiché est d’inciter les industriels à relocaliser leur production sur le sol américain. L’Europe est directement concernée. Trump affirme que l’UE a réduit ses taxes automobiles de 10% à 2,5%, ce que Bruxelles dément, précisant qu’une telle mesure ne concernerait que les véhicules thermiques et hybrides.
De son côté, le Japon se prépare à réagir face à cette menace sur son industrie automobile. Les semi-conducteurs, essentiels à l’économie mondiale, sont également visés. La Malaisie, acteur majeur du secteur, alerte sur l’impact négatif de ces taxes, qui renchériraient les coûts pour les entreprises américaines elles-mêmes. Pendant ce temps, le commissaire européen au Commerce est en visite à Washington pour négocier. Trump, lui, continue d’accuser l’Europe d’être "injuste" et de creuser le déficit commercial des États-Unis, qui s’élevait à 235 milliards de dollars en 2024. La grande bataille commerciale est loin d’être terminée.
Le lexique : EBITDA
On vous parle souvent d’EBITDA dans notre rubrique “les valeurs”, mais de quoi s’agit-il exactement ? L'EBITDA est une mesure de la performance financière d'une entreprise qui désigne son bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement. En anglais, c’est l’acronyme d’“Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization”. Cet indicateur se concentre sur la rentabilité opérationnelle en ne tenant compte que des revenus et dépenses liés à la production de biens et de services.
L'EBITDA est très utile pour comparer la performance des entreprises d'un même secteur, mais ne prend pas en compte les dépenses en capital ni certaines transactions comptables. Il doit donc être utilisé en complément d'autres indicateurs financiers pour avoir une vue plus complète de la santé financière d’une entreprise.
