Les marchés : Le luxe cale, les taux s'envolent
Les investisseurs avaient les yeux rivés sur la BCE cet après-midi qui a abaissé sans surprise ses taux de 0,25%. Le CAC 40 gagne 0,29% à 8 198 points ce soir, au terme d’une séance volatile. Sur la semaine, il progresse désormais de 1%. Le luxe a toutefois lesté l’indice français, Hermès lâche 3,1%, LVMH 1,7%. En cause, une montée des rendements obligataires, portée par les annonces allemandes sur les investissements massifs en défense et en infrastructures dont nous vous parlions hier.
Les dettes française et allemande à 10 ans s’envolent, au plus haut depuis 2023. Selon Bloomberg, la séance d’hier a signé la plus importante hausse journalière des taux allemands depuis 1990, un record depuis la réunification du pays. Cette hausse spectaculaire fait suite aux plans massifs de l’Allemagne et plus largement de l’Europe qui prévoit d’injecter 800 milliards d’euros dans la défense, et aux perspectives de croissance et d’inflation qui en découlent.
En Chine, Pékin veut doper sa croissance à 5%, mais les mesures annoncées pour atteindre cet objectif laissent les économistes sur leur faim. En parallèle, Trump frappe (mollement) du poing avec des surtaxes de 25% sur les importations canadiennes et mexicaines… mais exempte temporairement Ford, General Motors et Stellantis. Désormais, l’attention des investisseurs est focalisée sur le rapport mensuel sur l’emploi américain qui sera publié demain.
Quelques bonnes nouvelles tout de même. Air France-KLM et JCDecaux s’envolent après de solides résultats (+33% et +14%), tandis que Bouygues progresse de 5% grâce à un dividende relevé. À l’inverse, FDJ trébuche (-11%) après sa publication de résultats annuels.
Les valeurs : JCDecaux, Air France-KLM et Manitou
JCDecaux
Le leader mondial de l'affichage publicitaire grimpe de 13,86% à 16,43€, après avoir publié des résultats 2024 supérieurs aux attentes et réactivé sa politique de retour aux actionnaires. Le chiffre d'affaires a progressé de 10% à 3,94 milliards d'euros, porté par l'essor de l'affichage numérique à l'extérieur (+21,9%), tandis que la marge opérationnelle grimpe de 15,4%.
Le groupe annonce le retour du dividende (0,55€ par action), après cinq ans d'absence, et affiche une visibilité renforcée en visant une croissance de 5% au premier trimestre 2025 et une marge opérationnelle supérieure à 20% d’ici 2026. La solidité de la trésorerie et la réduction de l’endettement de 25% renforcent l'optimisme du marché. JCDecaux se repositionne en force, porté par un environnement publicitaire dynamique en Europe. Depuis le début de l'année, le titre affiche une progression de 8%.
Air France-KLM
Le groupe aérien s’envole ! Son titre gagne 32,95% à 12,16€, porté par des résultats du quatrième trimestre bien supérieurs aux attentes et des prévisions optimistes pour 2025. Malgré une année 2024 difficile, marquée par un bénéfice en chute de moitié à 489 millions d’euros, Air France a surpris positivement avec un résultat d’exploitation trimestriel de 396 millions d’euros, bien au-dessus des 149 millions espérés.
Les perspectives pour 2025 prennent de court les analystes. Le groupe vise un résultat d’exploitation d’au moins 1,9 milliard d’euros, alors que le consensus anticipait 1,76 milliard. Les effets négatifs liés aux JO et aux restrictions de capacité sont passés, tandis que la croissance du trafic et l’amélioration des coûts devraient soutenir la rentabilité. Le ciel s’éclaircit pour la compagnie, et cela se traduit par un gain de 43% depuis le 1er janvier.
Manitou
Le spécialiste de la manutention éligible au PEA-PME chute de 16,8% à 20,05€, signant la plus forte baisse du marché SRD. Cela est dû à des résultats 2024 en repli et des perspectives 2025 dégradées. Le chiffre d’affaires recule de 7,5%, impactant le résultat opérationnel courant, avec une marge en légère baisse à 7,5%.
Mais le véritable coup de massue vient des prévisions pour 2025, où Manitou n’attend plus qu’une marge opérationnelle de 5,5%, confirmant un ralentissement marqué du secteur. La société réduit aussi son dividende à 1,25€ par action. Le PDG assure que son groupe s’adapte au contexte concurrentiel et géopolitique tendu, mais le marché sanctionne brutalement ces annonces. Pour autant, le titre Manitou préserve un gain de 20% depuis le début de l’année.
Demain à la Une : Le rapport NFP
Dans le courant de la nuit, la Chine publiera sa balance commerciale de février. Mais c’est bien vers les États-Unis que toute l’attention sera à nouveau focalisée, entre les annonces désormais habituelles de Trump et le rapport mensuel sur l’emploi américain (ou “NFP”). Avec les chiffres de l’inflation, c’est la publication économique la plus suivie par les investisseurs chaque mois, tant elle anime les spéculations sur la politique monétaire de la Fed. Le marché table sur 159 000 créations d’emplois en février, en légère hausse par rapport à janvier (143 000). Un résultat nettement inférieur pourrait relancer les espoirs de baisses de taux, et provoquer une hausse de la Bourse américaine. Côté entreprises, BioMérieux publiera ses résultats annuels. À suivre !
Le lexique : Gap boursier
Un gap boursier est un écart de cotation entre deux séances, où le prix d’ouverture d’un actif est nettement supérieur ou inférieur à son prix de clôture précédent. Ce vide graphique traduit un fort déséquilibre entre l’offre et la demande, souvent déclenché par une annonce majeure ou une variation brutale du sentiment de marché.
