Les marchés : L'Europe riposte
Le CAC 40 n’arrive toujours pas à s’installer durablement au-dessus des 8 000 points. Après avoir tenté un rebond en début de séance, l’indice français a finalement basculé dans le rouge en milieu de journée pour clôturer en repli de 0,64% à 7 938 points. Les marchés sont plombés par l’escalade des tensions commerciales, alors que les surtaxes douanières s’enchaînent à un rythme effréné.
Face aux droits de douane de 25% imposés par les États-Unis sur l’acier et l’aluminium, l’Europe, la Chine et le Canada ripostent. Mais Donald Trump ne compte pas s’arrêter là. Le président américain a annoncé qu’une nouvelle salve de sanctions commerciales pourrait entrer en vigueur dès le 4 avril. De quoi attiser encore davantage la nervosité des investisseurs, qui surveillent de près l’impact de ces mesures sur l’inflation et les perspectives économiques mondiales.
Sur le front économique, tous les regards sont tournés vers les États-Unis. L’indice des prix à la production, publié cet après-midi, est ressorti en légère baisse le mois dernier mais ne parvient pas à faire oublier l’inflation publiée hier, à 2,8% sur un an. Les investisseurs attendent désormais la réunion de la Fed de la semaine prochaine. Un marché sous tension, des droits de douane qui flambent, et maintenant une menace de taxation sur les exportations de champagne et de vins français et européens… Autant dire que l’apaisement ne semble pas à l’ordre du jour. On décrypte les impacts et les opportunités à saisir ce soir !
Les valeurs : Le secteur des spiritueux, Schneider Electric et Mersen
Le secteur des spiritueux
Donald Trump sort l’artillerie lourde. Furieux des nouvelles taxes européennes de 50% sur le whisky américain, il menace de répliquer avec des droits de douane de 200% sur le champagne et les vins européens. Une déclaration incendiaire postée sur Truth Social, où il accuse l’Union européenne d’être "hostile et abusive" envers les États-Unis. Les producteurs français, déjà fragilisés par les tensions avec la Chine, crient au scandale et demandent une réaction rapide de Bruxelles.
De son côté, le ministre du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, assure que la France ne se laissera pas faire. Jusqu’ici épargnée par les offensives tarifaires de Trump, l’Europe pourrait bien être la prochaine victime de sa politique protectionniste. Verdict début avril, date à laquelle ses fameuses taxes "réciproques" doivent entrer en vigueur. Ce soir, Pernod Ricard et Rémy Cointreau cèdent respectivement 3,97% à 96,22€ et 4,67% à 44,86€.
Schneider Electric
Goldman Sachs voit une opportunité sur Schneider Electric qui a souffert en Bourse ces dernières semaines. Depuis ses plus hauts historiques de janvier, l’action a plongé de 17%, pénalisée par les craintes d’un ralentissement des investissements dans les data centers, pilier de sa croissance. La montée en puissance de la start-up chinoise DeepSeek et l’annulation de contrats par Microsoft ont jeté un froid sur l’ensemble du secteur de l’IA.
Mais pour Goldman, cette correction est exagérée. La banque américaine change radicalement d’avis et relève son conseil de “vendre” à “acheter”, avec un objectif de 280€, soit un potentiel de hausse de près de 25%. Ses arguments ? Une reprise cyclique de la construction, un boom durable des infrastructures électriques et des data centers, et une croissance prévue des revenus de plus de 10% par an jusqu’en 2027. Ce soir, Schneider cède toutefois 1,19% en Bourse, à 225,10€ (+5% sur un an).
Mersen
Le spécialiste des matériaux en graphite et des équipements électriques chute de 9,72% à 19,68€ après la publication de résultats annuels et de prévisions jugées prudentes pour 2025. La direction anticipe une année de transition, marquée par un ralentissement temporaire des marchés des véhicules électriques et des semi-conducteurs. Le chiffre d’affaires devrait rester stable, avec une croissance organique (voir lexique) comprise entre -5% et 0%, et une première moitié d’année plus faible que la seconde. Face à ces incertitudes, Mersen a repoussé ses objectifs à moyen terme de 2027 à 2029.
En 2024, le groupe, éligible au PEA-PME, a réalisé un chiffre d’affaires record de 1,24 milliard d’euros, mais son bénéfice net a nettement reculé. La société ajuste aussi sa politique de rémunération des actionnaires avec un dividende réduit à 0,90€ par action, contre 1,25€ l’an dernier. Mersen reste toutefois confiant dans une reprise progressive des semi-conducteurs et du marché du véhicule électrique pour retrouver une dynamique de croissance. Sur un an, le titre accuse une baisse de 46%.
Le lexique : La rentabilité opérationnelle
La rentabilité opérationnelle mesure la capacité d’une entreprise à générer du profit à partir de son activité courante, avant prise en compte des éléments financiers et exceptionnels. Elle est souvent évaluée via des indicateurs comme l'EBIT (résultat d’exploitation) ou l'EBITA (résultat opérationnel ajusté). Plus elle est élevée, plus l’entreprise transforme efficacement son chiffre d’affaires en bénéfices.