Les marchés : Guerre commerciale, saison 2
C’est officiel. Donald Trump a abattu ses cartes. Et il n’a pas fait semblant ! En annonçant un plan massif de droits de douane visant les principaux partenaires commerciaux des États-Unis, Trump a déclenché un séisme boursier. Les marchés mondiaux plongent. Le CAC 40, déjà fragilisé, chute à 7 599 points, en perte de 3,31% ce vendredi et de 4% sur la semaine. À Wall Street, la correction est également brutale, le S&P 500 lâche 4,1%, le Nasdaq s’écroule de 5,2%. 1 700 milliards de dollars de capitalisation partis en fumée en quelques heures.
Trump justifie ces mesures par la nécessité de réduire le déficit commercial et l’endettement national, quitte à provoquer un ralentissement économique mondial. Les nouveaux tarifs douaniers atteignent 54% sur les produits importés de Chine, 24% sur ceux du Japon, 31% sur la Suisse, et 20% sur l’Europe. On n’avait pas vu ça depuis près d’un siècle. Les économistes redoutent désormais une contraction de l’activité mondiale. L’onde de choc est déjà visible, les investisseurs fuient les secteurs les plus exposés comme l’industrie, la tech, la distribution, et surtout le secteur automobile. L’indice de la peur VIX s’envole de plus 30%.
Nike et Adidas sont notamment dans le viseur et illustrent bien le problème qui se pose désormais à de nombreux secteurs économiques. Les nouvelles taxes ciblent le Vietnam, l’Indonésie et la Chine, soit trois piliers de la production mondiale de baskets. Résultat, Nike et Adidas chutent de 11%. Les chaussures requièrent des compétences et des équipements très spécifiques, impossibles à relocaliser du jour au lendemain. Leurs prix vont augmenter, il n’y a pas d’alternative. Si Trump maintient longtemps ses tarifs douaniers, sans réellement négocier avec les pays ciblés, les coûts vont exploser, et les consommateurs paieront la facture. Et ce n’est qu’un exemple sectoriel, parmi tant d’autres.
On revient dans cette édition sur l’impact boursier de cette nouvelle bataille commerciale et sur nos solutions pour votre épargne.
Les perdants
Conséquence des droits de douane américains, un vent de panique s’abat sur les marchés. Sans surprise, le secteur auto encaisse un choc brutal. À Paris, Valeo chute de 5,8%, Forvia de 6%. -8,1% pour Stellantis et -4% pour Renault. Les valeurs du luxe souffrent aussi, Kering cède 7,5%, LVMH -5,6%, Hermès -3,5% et L’Oréal -1,5%. Les banques ne sont pas épargnées : Société Générale (-5,3%), BNP Paribas (-5,2%) et Crédit Agricole (-3,3%) intègrent le risque de récession économique.
Même punition pour l’habillement : Adidas plonge de 11% à Francfort, Puma de 9,5%, Nike recule de plus de 12% à Wall Street. Le secteur aéronautique, pourtant courtisé par Trump, n’échappe pas aux turbulences : Airbus abandonne 2,9%, Safran -4,6% et Boeing -8,9%. Enfin, EssilorLuxottica (-7,2%) et STMicroelectronics (-8,4%) sont également lourdement sanctionnés à Paris.
Ceux qui limitent la casse
“Bonne” surprise du côté des spiritueux. Malgré la menace d’une taxe de 200% sur les vins français, la Maison Blanche s’est contentée d’une hausse de 20%... Malgré ce sursis (provisoire ?), Pernod Ricard et Rémy Cointreau perdent respectivement de 3,8% et 3,6%.
Surtout, la santé limite la casse. Épargné par les nouvelles taxes, le secteur grimpe en Bourse : Eurofins Scientific (+1,4%), Biomérieux (+1,5%) et Sanofi (+-0,7%) s’en sortent plutôt bien. Les valeurs défensives comme Engie (+2,6%), Orange (+3,5%) et Danone (+3,6%) tirent leur épingle du jeu, comme bien souvent en période de turbulences boursières. Dans la défense, Thales (+2,5%) signe également l’une des rares fortes hausses à Paris.
OVH Cloud
Le spécialiste français du cloud, éligible au PEA-PME, gagne 12,37% à 8,90€, dopé par les espoirs d’un sursaut européen face aux Sept Magnifiques (voir lexique). Bruxelles envisage de contre-attaquer les mesures douanières de Trump avec des restrictions sur l’accès des géants américains aux marchés publics. En conséquence, les valeurs du cloud européen flambent.
Et OVH a en théorie tout pour plaire. Le groupe vient tout juste d’obtenir une certification officielle de l’État pour sa nouvelle offre cloud sécurisée, une reconnaissance importante en ce moment. Ce label lui permet désormais d’héberger des données sensibles comme celles de l’administration, de la recherche ou liées à l’intelligence artificielle. Plus que jamais, la souveraineté numérique redevient un thème d’investissement. Depuis le mois de janvier, le titre gagne 3,5%.
Demain à la une: Une semaine rouge vif
Demain, les marchés vont continuer de digérer les annonces douanières de Trump. La volatilité devrait donc rester assez forte, d’autant que les premières mesures de rétorsion des pays ciblés ne vont pas tarder à être dévoilées… Ces mesures, et les négociations à venir avec l’administration américaine, devraient à nouveau faire couler beaucoup d’encre dans les prochaines semaines. Pour la dernière séance de cette semaine rouge vif, une seule publication économique pourra (un peu) détourner l’attention des investisseurs : le rapport mensuel sur l’emploi américain, à 14h30.
Le lexique : Sept Magnifiques
En Bourse, cette expression désigne les géants technologiques américains les plus puissants et influents. Ceux qui dominent le marché et ont largement contribué à la hausse du Nasdaq ces dernières années. Cette liste n'est pas strictement définie et peut varier en fonction des critères utilisés (capitalisation boursière, influence dans l'industrie, etc.), mais elle regroupe aujourd’hui Apple, Microsoft, Amazon, Google (Alphabet), Facebook (Meta) et depuis peu Tesla et Nvidia. En raison de la nature dynamique des marchés, les entreprises qui composent cette liste peuvent changer avec le temps.
