Les marchés : La croissance ralentit
Ce soir, le CAC 40 clôture en gain de 0,50% à 7 594 points (+0,76% sur la semaine). La séance a été assez volatile et marquée par la publication surprise d’une contraction du PIB américain au premier trimestre. Une déception pour les investisseurs, à l’heure où les 100 premiers jours du mandat Trump étaient censés relancer la machine économique. On vous en parlait hier soir, on ne peut pas dire que le résultat soit au rendez-vous en Bourse ! La croissance US est l’événement de la journée, on en reparle plus en détail dans la suite du Journal.
Le climat s’est également assombri avec le rapport ADP sur l’emploi privé, publié dans l’après-midi. Seulement 62 000 créations de postes en avril, un chiffre décevant et inquiétant, qui marque un net ralentissement du marché du travail. C’est le deuxième plus mauvais score depuis deux ans. Pour les investisseurs, le message est clair, la politique commerciale agressive de Trump commence à produire des effets négatifs. Moins de croissance, moins d’emplois, plus d’incertitudes. Et à deux jours des chiffres officiels de l’emploi, le doute grandit. Dans le lexique, on revient sur la différence entre ces deux rapports.
En Europe, le ton est un peu moins alarmant, mais loin d’être enthousiaste. La croissance du PIB de la zone euro s’est établie à 0,4% au premier trimestre, un peu mieux qu’attendu. Une résistance bienvenue face aux tensions commerciales, mais qui ne change pas la tendance de fond du ralentissement économique voulu par Trump. En résumé, des signaux mitigés en Europe, préoccupants aux États-Unis, et des marchés qui évoluent toujours en dents de scie en attendant les premiers accords commerciaux…
Les valeurs : Total, Stellantis et Vusiongroup
Total
Nous vous en parlions sur WhatsApp, Total a publié de solides résultats trimestriels mais sa dette inquiète les investisseurs. Ses résultats sont globalement conformes aux attentes, avec un bénéfice net ajusté de 4,19 milliards de dollars, en recul de 18% sur un an, dans un contexte de baisse des prix du pétrole. Si le groupe confirme ses objectifs de production pour 2025, les marchés ont réagi négativement à la forte hausse de sa dette nette, quasiment doublée en un an, à 21 milliards de dollars.
Ce signal préoccupant entraîne une chute du titre de 2,27% ce soir, à 51,16€ (-4% en 2025). Malgré un programme de 2 milliards de dollars de rachats d’actions et un dividende en hausse, les perspectives restent incertaines sur fond de tensions géopolitiques et de volatilité des prix du brut. La direction maintient toutefois ses objectifs annuels, avec une croissance de 3% de la production, 17 à 17,5 milliards de dollars d’investissements, dont 4,5 milliards dans les renouvelables.
Stellantis
Stellantis suspend ses objectifs ! Après une chute de 14% de son chiffre d'affaires au premier trimestre et la suspension de ses prévisions pour 2025, Stellantis cède ce soir 1,91% à 8,15€ (-35% en 2025, -60% sur un an !). Le constructeur automobile invoque les incertitudes liées aux droits de douane, en particulier sur ses importations depuis le Mexique et le Canada, qui pourraient rogner jusqu’à 12% de ses bénéfices selon la Royal Bank of Canada.
Pour limiter l’impact, Stellantis a interrompu les importations de véhicules européens vers les États-Unis et prévoit d’ajuster sa production et ses investissements. Si les volumes sont en baisse, les prix de vente moyens ont dépassé les attentes, notamment en Amérique du Nord et en Europe.
VusionGroup
Coup de froid sur VusionGroup qui décroche de 9,91% à 176,40€ après une cession massive d’actions par son actionnaire principal. BOE Smart Retail a vendu 1,12 million de titres, soit 7% du capital, via un placement privé à prix cassé. La décote de 9% sur le cours de clôture n’a pas échappé aux marchés, qui sanctionnent le timing de l’opération malgré des fondamentaux solides.
En toile de fond, le flottant grimpe à 47%, signe d’une liquidité accrue mais aussi d’un désengagement partiel du partenaire chinois. L’ex-SES Imagotag continue pourtant de surperformer opérationnellement, avec une croissance trimestrielle de 31% et des ambitions maintenues. Le marché, lui, préfère vendre la nouvelle. Dernier du SBF 120 ce soir, le titre éligible au PEA-PME est à l’équilibre en Bourse depuis le début de l’année.
L'évènement du mercredi : Le grand ralentissement
C’est l’actu économique du jour. L’économie américaine se contracte sous l’effet des surtaxes douanières de Trump. Le PIB recule de 0,3% sur un an, au premier trimestre, marquant sa première baisse depuis 2022. Cette contraction surprise du PIB s’explique en grande partie par une flambée des importations (+41%), les entreprises ayant anticipé les hausses de droits de douane.
Cette ruée sur les biens étrangers a provoqué un déséquilibre commercial, malgré une demande intérieure solide : la consommation des ménages et l’investissement privé ont progressé de 3%. Les économistes soulignent le caractère temporaire et exceptionnel de ces distorsions statistiques, qui pourraient être compensées au deuxième trimestre lorsque les stocks constitués seront écoulés.
Trump a nié tout lien entre cette contraction et ses mesures tarifaires, affirmant sur son réseau Truth Social que le véritable « boom » restait à venir. Toutefois, plusieurs prévisionnistes et le FMI ont abaissé leurs estimations de croissance pour l’année, certains anticipant désormais une stagnation de la croissance américaine. Bref, c’est le grand ralentissement !
Demain à la Une : La séance du 1er mai
Fête du Travail oblige, les places européennes seront fermées demain. Wall Street sera toutefois ouvert, le “Labor Day” a lieu le 1er septembre outre-Atlantique. Les investisseurs américains seront occupés à digérer les résultats de Microsoft et Meta, dévoilés ce soir après la clôture des marchés. Demain soir, ce sera au tour d’Apple et d’Amazon de passer sur le gril.
Quelques indicateurs américains d’activité industrielle devraient dans une moindre mesure animer les échanges, avant la séance chargée de vendredi : inflation européenne, rapport mensuel sur l’emploi américain et résultats trimestriels des majors pétrolières (Exxon, Chevron). Demain, nous ne vous enverrons pas de Journal de la Bourse exceptionnellement. Reprise vendredi, tant pour le Journal que pour vos services du Club Bourse Privée. Bonne fête du Travail à tous !
Le lexique : Le rapport ADP et NFP
Le rapport ADP fournit des informations sur l'emploi privé américain, hors agriculture. C’est un prélude au rapport mensuel sur l'emploi du Bureau of Labor Statistics, plus officiel et connu sous le nom de rapport NFP (Non Farm Payrolls).
Le rapport ADP est publié deux jours avant les NFP, offrant ainsi aux investisseurs une estimation préliminaire de la santé du front de l’emploi américain. Les investisseurs scrutent attentivement ces deux rapports car l'emploi est un indicateur clé de la santé économique globale et un enjeu majeur pour la Banque centrale américaine.
