Les marchés : Le CAC recule, l'or flambe
La Bourse de Paris marque une pause ce 21 mai, plombée par les inquiétudes autour du budget américain et par les tensions géopolitiques. Le CAC 40 recule de 0,40% à 7 910 points, tandis que le DAX 40, l’indice allemand, s’envole vers un nouveau record à 24 150 points. D’ailleurs, nous vous préparons un article sur le sujet dans l’édition de ce week-end.
Aux États-Unis, les rendements obligataires poursuivent leur ascension : 4,53% sur le 10 ans et plus de 5% sur le 30 ans. Une ascension toujours alimentée par les incertitudes autour de la réforme fiscale défendue par Donald Trump. Le projet fait craindre une aggravation de la dette publique, déjà insoutenable à plus de 36 000 milliards de dollars, et a récemment coûté aux États-Unis une dégradation de leur note souveraine par Moody’s.
Sur fond de crispations au Congrès américain et de rumeurs de frappes israéliennes sur l’Iran, l’aversion au risque refait surface. Dans la suite du Journal, nous revenons sur ce pic de tension géopolitique. Dans un ce contexte tendu, l’or bondit au-dessus des 3 300$ l’once, reflet de la nervosité des investisseurs, en hausse de 2,5% aujourd’hui et de 26% depuis le début de l’année. Pour le moment, Wall Street évolue en ordre dispersé dans ses premières heures d’échange.
Les valeurs : Les valeurs de la défense, JD Sports et OVH Cloud
Les valeurs de la défense
Les actions du secteur de la défense reprennent des couleurs ce mercredi. Dans un marché redevenu sélectif, les investisseurs reviennent vers les valeurs liées à la sécurité et à la souveraineté stratégique. Résultat, l’allemand Hensoldt bondit de 2,5% après un doublement de son objectif de cours par Jefferies, et le français Exosens s’adjuge 4,1% après avoir séduit les analystes lors d’une conférence de presse.
Ce regain d'intérêt n’est pas un hasard. Dans un contexte géopolitique toujours fragile, les investisseurs reviennent sur les valeurs du secteur. En particulier sur les dossiers ayant des perspectives de croissance et de marge bien orientées. Les analystes voient dans Hensoldt un champion technologique au cœur de l’électronique militaire du futur. Même engouement pour Exosens, spécialiste des capteurs pour le nucléaire et la défense, qui coche toutes les cases du moment : croissance, souveraineté, spécialisation.
JD Sports
Le groupe britannique de distribution d’articles de sport cède 10,10% ce mercredi à 0,99€, plombé par une publication trimestrielle jugée trop juste dans un environnement devenu plus risqué. Les investisseurs, habitués à mieux, retiennent surtout les mises en garde de JD Sports sur l’impact potentiel des droits de douane américains. Une inquiétude justifiée puisque 40% de son activité est réalisée outre-Atlantique, et bon nombre de ses produits proviennent d’Asie. Après Puma, Nike et dans une moindre mesure Adidas, JD Sports est le nouveau grand perdant du secteur en Bourse.
Sur le trimestre, la croissance organique ressort à 3,1%, mais les ventes en magasins reculent de 2%, et la marge brute reste sous pression. Si la direction se veut confiante pour le moyen terme, les propos sur une possible hausse des prix pour les consommateurs américains ont jeté un froid. Bref ! JD Sports déçoit et le marché n’aime pas les faux pas. Depuis le début de l’année le titre cède 9%.
OVH Cloud
OVH grimpe de 6,29% à 13,18€ après avoir annoncé l’ouverture prochaine de son tout premier centre de données en Italie, près de Milan. Ce nouveau site permettra d’héberger des services informatiques essentiels, avec des garanties renforcées en matière de sécurité et de disponibilité. Présent dans 26 villes en Europe, OVHcloud renforce ainsi sa présence dans le sud du continent, où la demande pour des solutions cloud locales et fiables ne cesse de croître.
Ce projet s’inscrit dans une dynamique de développement mondial, avec de nouveaux sites déjà lancés à Mumbai, Toronto et Sydney. Le groupe prévoit aussi plus de 50 implantations locales supplémentaires et quatre nouvelles zones clés à l’international. Une expansion qui rassure les investisseurs et confirme le positionnement d’OVH comme une alternative européenne solide face aux géants américains du secteur. Le titre gagne plus de 100% sur un an.
L'évènement du mercredi : Une simple rumeur ?
Selon CNN, Israël envisagerait de frapper les installations nucléaires iraniennes, ce qui a provoqué une flambée immédiate des cours pétroliers. L’information est bien sûr à prendre avec des pincettes, mais le Brent et le WTI (voir lexique) ont progressé de plus de 3% ce matin avant de réduire leurs gains, se maintenant autour des 65$ le baril.
Les marchés intègrent une prime de risque accrue, face à une possible escalade militaire au Moyen-Orient. Une telle situation pourrait perturber l’approvisionnement régional. Par ailleurs, cette poussée intervient dans un contexte de négociations incertaines entre les États-Unis et l’Iran sur le programme nucléaire de Téhéran.
En cas d’accord, la levée des sanctions américaines permettrait à l’Iran (neuvième producteur mondial avec 4% de l’offre globale) de relancer ses exportations, ce qui pourrait faire chuter les prix du WTI jusqu'à 40 dollars, selon Bloomberg. Pour l’heure, les incertitudes diplomatiques et militaires dictent la nervosité des marchés pétroliers.
Demain à la Une : Un calendrier plus chargé
Au programme de ce jeudi, une batterie d’indices PMI ! Ces thermomètres de l’activité économique dresseront le dernier bilan de santé de la zone euro en matinée, et des États-Unis l’après-midi. Ces premières estimations pour le mois de mai ne seront pas définitives mais tiendront compte de l’impact des taxes douanières de Trump. L’indice allemand IFO sur le climat des affaires outre-Rhin sera également dévoilé. Enfin, la BCE publiera le compte-rendu de sa dernière réunion de politique monétaire. Vous l’avez compris, le calendrier de cette fin de semaine sera plus chargé que ces derniers jours.
Le monde d'après : Google se réinvente
C’est un tournant historique pour Google. Sundar Pichai, le directeur général, a annoncé la transformation de son moteur de recherche en une plateforme dopée à l’intelligence artificielle, offrant une expérience proche de ChatGPT. Le nouveau « mode AI », désormais disponible aux États-Unis, propose une recherche interactive, sous forme de questions-réponses, bien loin de la traditionnelle liste de liens.
Cette réinvention survient dans un contexte de pression intense. Google, longtemps pionnier de l’IA, a été doublé par OpenAI ou Anthropic. Pour répondre, la firme accélère les mises à jour de son modèle Gemini, qu’elle affirme désormais supérieur à ChatGPT et Claude sur plusieurs critères. Mais ce changement profond soulève une question stratégique : l’IA peut-elle coexister avec le modèle publicitaire qui pèse encore 50 milliards de dollars de revenus trimestriels ?
Google introduit aussi des offres payantes avec Gemini Ultra (jusqu’à 250$ / mois) et développe un assistant autonome, capable d’exécuter des tâches complexes à la place de l’utilisateur. En parallèle, le projet Astra vise une IA multimodale capable d’analyser le monde en temps réel via caméra ou lunettes connectées. Cette offensive massive positionne Google comme un acteur-clé de l’assistant IA de demain, mais elle soulève aussi des défis comme la perte de revenus, la protection des données personnelles et relance une concurrence déjà féroce.
Le lexique : Brent & WTI
Le Brent et le WTI sont les deux principaux types de pétrole brut au niveau mondial. Ils proviennent de différentes régions géographiques et ont des caractéristiques distinctes.
Brent. Il s'agit d'un type de pétrole brut extrait de champs pétrolifères en mer du Nord, principalement de la mer du Nord orientale. Le prix du Brent est souvent utilisé comme la référence mondiale pour les prix du pétrole. Il est légèrement moins dense que le WTI.
WTI (West Texas Intermediate). Le WTI est un autre type de pétrole brut, notamment extrait du bassin permien aux États-Unis, principalement au Texas. Le WTI est réputé pour sa qualité supérieure en termes de densité et de teneur en soufre, ce qui le rend plus facile à raffiner. Il est généralement coté à un prix légèrement inférieur au Brent sur les marchés américains.
