Les marchés : Un coup de fil et ça repart
Les marchés européens démarrent la semaine du bon pied. À Paris, le CAC 40 rebondit de 1,21% ce lundi, effaçant partiellement sa chute de vendredi (-1,7%), provoquée par la menace de surtaxes américaines contre les produits européens. Finalement, dans un retournement bien orchestré, Donald Trump a annoncé dans la nuit de dimanche à lundi un report des droits de douane de 50% au 9 juillet. Un soulagement pour les investisseurs, qui s'accrochent à cette trêve comme à une bouée temporaire. Le président américain évoque une "très bonne conversation" avec Ursula von der Leyen, mais personne n’est dupe, le dossier reste sensible.
Du côté de Bruxelles, le ton est diplomatique, mais ferme. La présidente de la Commission européenne assure que l’Europe est prête à négocier vite… mais pas à n’importe quel prix. Cette trêve commerciale n’efface ni les tensions, ni les risques d’un nouvel accès de fièvre. En Bourse, les secteurs les plus exposés aux États-Unis, comme l’automobile, respirent un peu : Stellantis, en particulier, reprend des couleurs après avoir souffert vendredi. La séance, en l’absence de Wall Street, fermée pour le Memorial Day, est restée globalement calme. Pas de chiffres majeurs, pas de catalyseur fort. Juste ce qu’il faut d’oxygène pour lancer la semaine. Et la suite dépendra certainement, une fois de plus, des humeurs de Trump.
Les valeurs : Rebond du CAC, Airbus et Casino
Rebond du CAC
Parmi les 40 composantes du CAC, seules trois finissent dans le rouge ce soir, en très légère baisse. Trump a finalement repoussé au 9 juillet sa menace d’imposer des droits de douane de 50% sur les produits européens, offrant un répit aux négociations commerciales entre Washington et Bruxelles. Ce revirement fait suite à un appel avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui a demandé plus de temps pour parvenir à un accord.
L’UE reste pour le moment sous le coup de taxes américaines de 25% sur l’acier, l’aluminium et les voitures, et de 10% sur la plupart des autres produits, un taux susceptible de grimper à 20% en l'absence d'accord. Les marchés financiers ont salué la nouvelle : les secteurs automobile, du luxe, bancaire et technologique ont fortement rebondi aujourd'hui, avec notamment Stellantis (+4,8%), Société Générale (+4%), Teleperformance (+3,4%), STMicroelectronics (+2,8%) et Saint-Gobain (+2,6%).
Airbus
Emmanuel Macron entame ce lundi une visite officielle au Vietnam, la première d’un président français depuis près de dix ans. Accompagné de dirigeants d’entreprise, le chef de l’État espère signer une trentaine d’accords bilatéraux dans des secteurs clés comme l’aéronautique, le nucléaire, les énergies renouvelables et la défense. Ce déplacement, qui marque le début d’une tournée en Asie du Sud-Est, intervient dans un contexte commercial tendu.
Alors que Donald Trump menace d’imposer de lourds droits de douane aux produits européens, le Vietnam cherche à préserver ses exportations vers les États-Unis, quitte à privilégier Boeing au détriment d’Airbus. Les Européens mettent en garde Hanoï contre tout compromis défavorable aux intérêts de l’UE. Un possible accord entre VietJet et Airbus pourrait toutefois contrebalancer les discussions avancées sur l’achat de 250 avions Boeing. L’action Airbus profite de ce contexte, en gain de 1,86% aujourd’hui, à 160,22€ (+4% en 2025).
Casino
Casino reste à la peine en Bourse, malgré une annonce intéressante. Le titre cède 0,94% à 0,53€ ce lundi, alors que le distributeur a officialisé un partenariat avec le groupe marocain H&S Invest Holding. L’Objectif est d’ouvrir 210 magasins de proximité au Maroc d’ici 2035, sous les enseignes Franprix et Monoprix. Un plan ambitieux, avec des premières ouvertures attendues dès 2026.
L’opération s’inscrit dans la stratégie de Casino de valoriser ses marques à l’international via la franchise. Déjà présent dans 20 pays, le groupe cherche à renforcer son rayonnement hors métropole. Mais pour l’instant, le marché reste concentré sur les chiffres. Le distributeur a publié au premier trimestre un chiffre d’affaires en recul de 1,2%, un résultat opérationnel en baisse, et un cash-flow libre toujours négatif. De quoi rappeler que si l’expansion est une promesse, la reprise, elle, reste encore à concrétiser. Depuis janvier, le titre éligible au PEA-PME recule de 52%.
L'agenda du lundi : Nvidia et inflation US
Cette semaine, deux grands temps forts seront à suivre, en parallèle de l’évolution de la guerre commerciale. D’une part, les résultats trimestriels de Nvidia mercredi soir, le géant américain des puces dédiées à l’IA. Ses bilans font état de baromètre pour l’ensemble du secteur. D’autre part, l’inflation américaine vendredi après-midi. Le PCE Core sera comme toujours très suivi, on en reparle dans le lexique ci-dessous. Dans une moindre mesure, on attend aussi cette semaine des statistiques sur l’industrie chinoise, une révision des PIB américain et français, et le compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Fed.
Demain à la Une : Retour des volumes
Demain matin, l’Insee publiera les derniers chiffres de l’inflation française. Le consensus de marché table sur +0,9% sur un an en mai, contre +0,8% en avril. L’après-midi sera marquée par les commandes américaines de biens durables, réalisées en avril. Mais on attend surtout le retour des volumes américains et britanniques sur les marchés, après ce lundi férié. D’un point de vue technique, les acheteurs devraient viser dans les prochaines séances les 7 865 et 7 925 points sur le CAC 40. Et les vendeurs, les 7 800 et 7 725. À suivre !
Le lexique : Le PCE Core
Le PCE Core est un indicateur clé de l'inflation aux États-Unis. Il mesure l’évolution des prix des biens et services consommés par les ménages, en excluant l’alimentation et l’énergie, dont les prix sont très volatils. Cet indice reflète ainsi l’inflation "sous-jacente", plus stable, et constitue l’un des principaux outils de la Banque centrale américaine pour évaluer la progression des prix et ajuster sa politique monétaire. Le PCE Core est souvent préféré à l’indice des prix à la consommation (IPC) car il tient compte des changements de comportement des consommateurs (substitutions entre produits) et offre une vision plus lissée de l’inflation à long terme.