Les marchés : L'emploi rassure !
La Bourse de Paris clôture la semaine sur une note positive, avec un gain de 0,19% ce vendredi, portant le CAC 40 à 7 805 points. Une séance sans grand élan en Europe, les investisseurs ayant les yeux tournés vers les États-Unis et la publication du rapport mensuel sur l’emploi. Celui-ci a réservé une surprise modérément positive : l’économie américaine a créé 139 000 emplois non agricoles en mai, contre 130 000 attendus, tandis que le taux de chômage est resté stable à 4,2%.
Les indices américains réagissent favorablement à ces données jugées rassurantes. Le S&P 500, le Nasdaq et le Dow Jones progressent de 0,8 à 1,1%, portés notamment par le rebond de Tesla et la bonne tenue des valeurs technologiques. Ce rapport renforce l’hypothèse d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine. Toutefois, cette relative solidité du marché de l’emploi pourrait inciter la Réserve fédérale à temporiser avant d'engager une éventuelle baisse de ses taux directeurs, ce qui explique un certain équilibre entre confiance et prudence sur les marchés.
Si les investisseurs saluent l’absence de détérioration marquée, ils restent attentifs aux prochaines prises de position de la Fed. Le contraste entre les chiffres ADP publiés mercredi largement inférieurs aux attentes, et ceux du Département du Travail, plus robustes, entretient une certaine volatilité dans les anticipations. Dans ce contexte, les opérateurs de marché poursuivent leur navigation à vue, dans l’attente d’indications plus claires sur l’orientation de la politique monétaire américaine.
Les valeurs : Dassault Systèmes, Engie et Waga Energy
Dassault Systèmes
L’action Dassault Systèmes recule de 1,25% à 32,34€ ce vendredi après sa journée investisseurs. Le groupe a réaffirmé sa volonté de doubler son bénéfice par action d’ici 2029, un objectif déjà évoqué en 2023 mais désormais décalé d’un an. L’entreprise vise désormais un bénéfice par action de 2,40 euros contre 1,20 euro en 2023. Une ambition saluée mais largement intégrée par le marché, d’autant que les résultats récents ont déçu et que la trajectoire d’accélération en 2024 et 2025 reste fragile. Malgré un message porteur, les investisseurs restent prudents. Les analystes relèvent néanmoins que Dassault continue de miser sur les abonnements, le cloud et l’intelligence artificielle pour construire sa croissance future. Depuis le début de l’année, le titre cède 2%.
Engie
En léger repli de 0,78% à 19,14€ ce vendredi à Paris, Engie reste l’un des poids lourds du CAC 40 depuis le début de l’année, avec une performance de +25,21%. Le groupe profite d’un regain d’intérêt pour les valeurs défensives du secteur des « utilities », notamment en période d’incertitude économique et politique. Après deux publications solides, les résultats annuels en mars puis le T1 au-dessus des attentes, Engie continue de séduire les analystes.
Barclays a revu sa recommandation à la hausse, passant à « surpondérer », avec un objectif de cours relevé à 22€, contre 19 précédemment. Selon la banque, le titre reste attractif, valorisé à seulement 9 à 10 fois les bénéfices attendus, bien en dessous de la moyenne du secteur (12 à 13x), avec en prime un rendement du dividende de 8%. Autre catalyseur majeur, la finalisation du transfert des responsabilités liées aux déchets nucléaires belges à l’État, contre une enveloppe forfaitaire de 15 milliards d’euros, qui sécurise davantage la trajectoire du groupe.
Waga Energy
Ce soir Waga Energy progresse de 35,59% à 23,05€, après l’annonce d’une prise de contrôle par le fonds suédois EQT, qui s’apprête à racheter 54,1% du capital au prix de 21,55 € par action, assorti d’un potentiel complément de 2,15€ selon les performances futures aux États-Unis. Cette opération s’accompagnera d’une OPA sur le reste des titres, avec une sortie de la cote envisagée. L’objectif affiché est clair, accélérer la croissance du spécialiste français du biométhane et renforcer son ancrage international, notamment en Amérique du Nord.
Ce nouveau coup d’éclat d’EQT intervient au lendemain de l’annonce d’un scénario comparable concernant Believe, que nous évoquions hier, avec le même objectif de retirer le distributeur de musique de la cote. Deux dossiers, deux secteurs différents, mais une même stratégie, miser sur des champions de croissance pour les accompagner loin du regard des marchés.
Le résultat du vendredi : +362% en 3 ans !
Broadcom publie des résultats solides mais déçoit sur ses prévisions, provoquant un repli de son action ce vendredi. Le géant des semi-conducteurs, souvent évoqué comme le potentiel “huitième Magnifique” aux côtés de Nvidia, cède 3% malgré un bénéfice par action en hausse de 50 % et un chiffre d’affaires en progression de 20%, à 15 milliards de dollars.
Le marché n’a pas goûté aux perspectives jugées “sans relief” pour le prochain trimestre. Les revenus sont attendus à 15,8 milliards, là où certains espéraient jusqu’à 17 milliards. L’action recule, après avoir atteint son sommet historique mercredi.
Pourtant, Broadcom reste bien positionné sur la vague IA. Ses activités liées à l’intelligence artificielle ont bondi de 46% à 4,4 milliards de dollars. Ses circuits spécialisés, sont vus comme des compléments aux GPU de Nvidia : moins polyvalents, mais plus économiques et adaptés à l’inférence.
Avec +85% sur un an et +362% sur trois ans, le parcours boursier reste impressionnant. Bank of America reste confiante et maintient son conseil à l’achat avec un objectif relevé à 300 $.
Le monde d'après : L'IA relance l'industrie
Loin d’être cantonnée aux géants de la tech, l’intelligence artificielle propulse également des acteurs historiques comme Schneider Electric, Siemens, ABB et Legrand. Ces piliers de l’industrie européenne ont vu leur capitalisation boursière bondir de plus de 150 milliards d’euros, portés par l’explosion de la demande en data centers, désormais au cœur des infrastructures numériques.
Legrand a doublé ses ventes liées aux data centers depuis 2019. Schneider en tire déjà 24% de ses commandes, notamment grâce à ses systèmes de refroidissement haute performance. ABB, de son côté, travaille avec les géants du cloud pour fournir des solutions électriques fiables et moins carbonées. Siemens, plus en retrait, accélère ses investissements pour rattraper le peloton.
L’enjeu est d’accompagner la consommation énergétique massive des IA génératives, comme ChatGPT, tout en garantissant sécurité, performance et sobriété énergétique. Cette réorientation stratégique séduit les investisseurs. Schneider a même dépassé TotalEnergies en valorisation boursière. La demande mondiale pour ces infrastructures va continuer à croître, avec un capex (voir lexique) sur les data centers estimé à 1 000 milliards de dollars d’ici 2028.
Le lexique : CAPEX
Capex, ou dépenses d’investissement, désigne les sommes engagées par une entreprise pour acquérir ou améliorer des actifs durables, comme des usines, des équipements ou des infrastructures. Ces investissements visent à soutenir la croissance, la production ou la modernisation à long terme. Contrairement aux dépenses courantes (Opex), les Capex sont amortis sur plusieurs années. Ils reflètent souvent la stratégie de développement de l’entreprise. Un niveau élevé de Capex peut signaler une ambition d’expansion ou de transformation.