Les marchés : Une facture salée
L’illusion n’aura duré qu’un temps. Ce matin, la Bourse de Paris célébrait l’accord commercial signé entre Washington et Bruxelles. Un sursaut d’optimisme pour saluer des droits de douane « réduits » à 15%, là où Donald Trump menaçait l’Europe de surtaxes à 30%. Le CAC 40 bondissait de 1,1% dans les premiers échanges, flirtant avec les 7 930 points. Mais la réalité a vite repris ses droits. L’indice français a effacé ses gains au fil de la séance pour finalement clôturer en baisse de 0,43% à 7 801 points. À Francfort, la chute est plus marquée, le DAX perd 1,1%, pénalisé par un accord qui, sous des airs de victoire diplomatique, ressemble surtout à une capitulation de l’Europe.
Car dans le détail, cet accord n’a rien d’un cadeau. Les États-Unis infligeront désormais un taux unique de 15% de droits de douane sur la majorité des exportations européennes, de l’automobile aux semi-conducteurs, en passant par les médicaments. Les seuls secteurs épargnés sont stratégiques pour l’économie américaine, notamment l’aéronautique et les matières premières critiques. Bruxelles s’engage par ailleurs à acheter 750 milliards de dollars d’énergie américaine, à investir 600 milliards de plus outre-Atlantique, notamment dans l’armement, et à supprimer les derniers droits de douane sur les produits américains. Le tout, sans contrepartie. Un accord qui a certes le mérite de réduire l’incertitude sur le front commercial, mais qui laisse un goût amer aux investisseurs européens.
Les valeurs : Le secteur de la défense, Rémy Cointreau et Forvia
Le secteur de la défense
Nous vous en parlions sur WhatsApp, les valeurs européennes du secteur de la défense reculent en Bourse, pénalisées par l’accord commercial entre Bruxelles et Washington. Censé éviter une hausse des droits de douane américains, il prévoit notamment des investissements européens massifs aux États-Unis, dont des achats d’armements américains à hauteur de "centaines de milliards de dollars" selon Trump. Cette perspective inquiète les marchés : Rheinmetall (-3,5%), Hensoldt (-5%), BAE Systems (-2,6%) et Thales (-4,9%) sont sous pression, redoutant une perte de parts de marché au profit de leurs concurrents américains.
Double peine pour Thales qui souffre en parallèle d’une cyberattaque visant Naval Group, dont il détient 35% du capital. En revanche, Dassault Aviation progresse (+1,6%), soutenu par une recommandation positive de bureau d’analyses et par la suppression des surtaxes sur les exportations aéronautiques vers les États-Unis, bénéfique pour sa gamme de jets d'affaires Falcon. Alors que les budgets militaires européens explosent, la crainte grandit de voir ces milliards profiter avant tout à l’industrie américaine… L’Europe de la défense, ce n’est pas encore ça !
Rémy Cointreau
Après un rebond spectaculaire de plus de 35% en juillet, Rémy Cointreau subit un revers en Bourse. Ce lundi, l’action du groupe de spiritueux perd 3,45% à 58,75€, plombée par une note défavorable de Barclays. La banque britannique a abaissé sa recommandation à "sous-pondérer", l’équivalent d’un conseil de vente, avec un objectif de cours de 45€, soit un potentiel de baisse de plus de 20% par rapport au cours actuel. Barclays pointe plusieurs inquiétudes : la concurrence accrue aux États-Unis, une forte activité promotionnelle pesant sur les marges et une baisse marquée des ventes de cognac.
En Chine, autre marché clé, le contexte économique reste fragile. La récente embellie des ventes au premier trimestre, portée par le marché américain, ne suffit donc plus à rassurer. D’autant que l’incertitude demeure autour de l’accord commercial entre l’UE et les États-Unis sur les droits de douane, en attente de clarification. Le bureau d’études TP ICAP Midcap adopte une position plus prudente en recommandant de conserver le titre, mais souligne aussi que le groupe ne devrait pas renouer avec la croissance avant le second semestre. Depuis le début de l’année, Rémy Cointreau cède 1% à la Bourse de Paris.
Forvia
L’équipementier automobile surprend agréablement le marché avec des résultats solides et une trésorerie bien au-dessus des attentes, propulsant le titre de 13,43% ce soir, à 11,65€. Le résultat opérationnel dépasse les attentes (+4 %) et la trésorerie nette atteint 418 millions d‘euros, plus du double du consensus de marché. Le plan de développement « EU Forward » commence à porter ses fruits avec une meilleure maîtrise des coûts.
Le groupe confirme ses objectifs annuels, malgré un environnement toujours incertain. L’accord commercial Europe–États-Unis, qui réduit les droits de douane, soutient aussi le titre. Le marché salue une trajectoire encourageante, même si la prudence reste de mise pour le second semestre. Le titre éligible au PEA-PME progresse de 32% en 2025.
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L'agenda du lundi : Sacré programme !
Au programme de cette semaine, les derniers chiffres de croissance et d’inflation en Europe et aux États-Unis. Wall Street surveillera la conférence de presse de Jerome Powell mercredi soir, bien que la Fed ne devrait pas baisser ses taux avant septembre. Le rapport mensuel sur l’emploi américain sera dévoilé vendredi, après une nouvelle batterie d’indicateurs PMI sur l’activité économique en Occident. Nous vous en parlions vendredi soir, beaucoup de grands groupes vont publier leurs résultats trimestriels dans les prochains jours, dont Apple, Amazon, Microsoft, Meta, Air Liquide, EssilorLuxottica, L’Oréal, Schneider Electric, Airbus, Hermès, Vinci, Société Générale, Saint-Gobain…
Demain à la Une : Un déluge de résultats
Le calendrier économique de demain est assez léger. Le marché attend surtout un nouvel indice de confiance des consommateurs américains. Côté entreprises en revanche, ce sera un véritable déluge de publications trimestrielles avec entre autres Air Liquide, Orange, L’Oréal, Kering, Stellantis, Amundi, Verallia et TF1. D’un point de vue technique, les acheteurs continueront de viser les 7 865 et 7 925 points sur le CAC 40, les deux résistances incontournables de ces dernières semaines. Et les vendeurs, les 7 800 et 7 725. À suivre !
Le monde d'après : Nouvelle trêve à Stockholm
Américains et Chinois se retrouvent ce lundi à Stockholm pour la troisième fois en trois mois. L’objectif est de prolonger la trêve commerciale initiée à Genève afin d’apaiser les tensions sans attendre d’accord immédiat. Ce nouveau report pourrait être de 90 jours. Il donnerait du temps aux négociations sur plusieurs fronts : surtaxes, pétrole, technologies, équilibre commercial et… le trafic d’une drogue très puissante, le fentanyl.
Le fentanyl est en effet l’un des sujets épineux entre les deux superpuissances. Trump a instauré des droits de douane de 20% sur les produits chinois, en réponse à l’inaction de Pékin sur ce trafic. Autre sujet sensible, les achats de pétrole russe et iranien par la Chine. Trump menace d’instaurer des droits de douane de 100 % sur les pays commerçant ces matières premières avec ses deux rivaux. Dans sa ligne de mire, la Chine et l’Inde.
La question de la surcapacité industrielle chinoise est aussi sur la table, tout comme le besoin de rééquilibrer la demande intérieure. Les États-Unis plaident en effet pour une refonte du modèle chinois, trop tourné vers l’export. Côté tech, la Chine souhaite la levée des restrictions sur les puces américaines, et singulièrement celles de Nvidia. Le cas de TikTok fait également partie des sujets brûlants.
En toile de fond, une rencontre Trump-Xi Jinping pourrait avoir lieu d’ici la fin d’année. Ce serait bien sûr un signal fort de normalisation, perçu positivement par les marchés. On en reparle vite !
Le lexique : Les produits structurés
Les produits structurés sont des instruments financiers qui combinent plusieurs actifs (obligations, options, dérivés) et offrent un rendement spécifique en fonction de scénarios de marché prédéfinis. Ils permettent d'ajuster le couple rendement / risque en intégrant des mécanismes de protection partielle du capital, de participation à la performance d’un sous-jacent (indice, action, taux, etc.) et des conditions de remboursement adaptées aux objectifs de l'investisseur.
