Les marchés : Bad news = Good news
Après la claque de vendredi (-2,91%) liée aux droits de douane et à l’emploi américain, le CAC 40 signe un petit rebond de 1,14% ce lundi, à 7 632 points. Wall Street gagne 1,1% à 1,6% sur ses principaux indices cet après-midi. En toile de fond, un espoir. Celui que la Banque centrale américaine baisse ses taux plus tôt que prévu. Le marché américain de l’emploi a déçu vendredi, et pas qu’un peu ! Avec des créations de postes bien en deçà des attentes en juillet et des révisions en nette baisse pour les mois précédents, les investisseurs anticipent les signes d’un ralentissement économique.
Résultat, la probabilité d’une baisse de taux par la Fed dès septembre a bondi à 87%, contre seulement 40% la veille de la publication. L’économie montre quelques signes de fatigue et les banques centrales pourraient bien être tentées de ressortir les béquilles. C’est en particulier vrai en zone euro où l’activité économique et la croissance sont largement inférieures à celles des États-Unis… En Bourse, il n’est pas rare qu’un indicateur économique décevant soit bien accueilli par les marchés, qui y voient le signe annonciateur d’une future baisse des taux. Reste à savoir si les pertes de vendredi seront rapidement effacées.
Les valeurs : Air France, EssilorLuxottica et Bonduelle
Air France
La compagnie aérienne s’envole de 14,03% à 12,68€, portée par un relèvement de recommandation de Barclays. La banque britannique salue la résilience du transporteur franco-néerlandais sur les vols transatlantiques et la vigueur du segment premium, qui compense le léger repli de la demande affaires. L’effet de base lié aux Jeux Olympiques de Paris, à l’été dernier, devrait par ailleurs soutenir les résultats du troisième trimestre 2025. En parallèle, la filiale Transavia reprendra progressivement les lignes domestiques déficitaires, améliorant la rentabilité d’Air France. Depuis le début de l’année, l’action gagne près de 55% !
EssilorLuxottica
Le géant franco-italien de l’optique clôture à l’équilibre ce soir, +0,35% à 256,20€, après l’annonce du rachat d’Automation & Robotics (A&R), une société belge spécialisée dans les systèmes automatisés de contrôle qualité pour les verres ophtalmiques. Une acquisition ciblée et complémentaire, en ligne avec la stratégie du groupe de maîtriser un maximum d’éléments en interne. Fondée en 1983, A&R conçoit des machines de haute précision et des logiciels à destination des laboratoires et des sites de production industrielle. Depuis le début de l’année, le titre EssilorLuxottica gagne 9%.
Bonduelle
Le champion de l'agroalimentaire végétal grimpe de 9,48% à 8,66€, salué pour son exercice 2024–2025 robuste, malgré un léger repli global du chiffre d’affaires (-0,8%). La croissance de 4,9% à l’international, portée par les Amériques du Nord et du Sud, a permis de compenser une baisse en Europe. Le dernier trimestre montre des signes de redressement, notamment grâce aux ventes de produits traiteurs frais et à la marque Cassegrain.
La dynamique reste positive sur les solutions complètes de repas. Bonduelle a aussi finalisé la cession de son activité de salades en sachet en France et Allemagne. Ce recentrage stratégique s’inscrit dans une volonté d'améliorer sa rentabilité. Le groupe éligible au PEA-PME maintient son objectif de stabilité de la marge opérationnelle en 2025 et progresse de 31% depuis le début de l’année, à la Bourse de Paris.
La recommandation du jour : LVMH détrône Hermès
C’est un retour en grâce qui sonne comme une revanche. LVMH vient de reprendre son sceptre de première capitalisation de la Bourse de Paris, dérobé en avril dernier par Hermès. Le colosse du luxe piloté par Bernard Arnault affiche désormais 232 milliards d’euros de capitalisation, contre 220 pour son rival au logo équestre. Cette bascule ne doit rien au hasard mais tout à la froide logique des marchés.
Si Hermès a continué d'afficher une croissance respectable (+9% au deuxième trimestre), elle s’est révélée trop timide aux yeux d'investisseurs devenus particulièrement exigeants. La sanction a été immédiate en Bourse (-10% en quelques jours), aggravée par une dégradation d’UBS et des doutes sur l’avenir boursier du fleuron français. À l’inverse, LVMH a rassuré malgré des chiffres en recul. La mode et la maroquinerie souffrent. Le Japon, déserté par les touristes chinois, en est la principale cause, mais le groupe reste solide.
Ses autres divisions surpassent les attentes, sa rentabilité tient bon, et la Chine affiche des signes de reprise. Un cocktail suffisant pour regagner temporairement les faveurs du marché (environ +4% après la publication des résultats). Dans ce duel feutré, où les sacs remplacent les sabres, les places se gagnent sur la perception plus que sur les chiffres bruts. Aujourd’hui, c’est LVMH qui l’emporte, non sans rappeler qu’en Bourse, la couronne change de tête aussi vite que les tendances changent dans la mode. Retrouvez ici nos objectifs sur Hermès et LVMH.
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Le monde d'après : 100 milliards en Bitcoin !
C’est un cap symbolique. Les entreprises cotées détenant des cryptomonnaies en trésorerie ont franchi la barre des 100 milliards de dollars d’actifs numériques. Ce mouvement, amorcé en 2020 par MicroStrategy (désormais Strategy), s’est transformé en une tendance mondiale.
Derrière ce phénomène, une nouvelle catégorie d’entreprises : les DATCO (Digital Asset Treasury Companies). Selon Galaxy Research, ces sociétés détiennent aujourd’hui 93 milliards de dollars en Bitcoin, soit près de 4% de l’offre mondiale, et 4,1 milliards en ether, soit 1% de l’offre. À cela s’ajoutent 10 autres cryptos émergentes comme Solana, XRP ou BNB, désormais présentes dans les bilans.
Le leader incontesté du mouvement reste Strategy, avec 71,8 milliards de dollars en Bitcoin pour un profit latent de 28 milliards. L’enthousiasme des marchés ne faiblit pas, la capitalisation boursière des DATCO a quadruplé en un an, atteignant 174,5 milliards de dollars en juillet.
Cette montée en puissance s’accompagne toutefois de risques : volatilité des crypto-actifs, dépendance au Bitcoin, et effet de levier implicite via le multiple de valeur nette d’actif (voir lexique), devenu l’indicateur phare de cette nouvelle classe d’entreprises. Nouvelle bulle spéculative ou réelle intégration des cryptos dans l’économie réelle ? Les prochains mois seront décisifs…
L'agenda du lundi : Un record depuis le T3 2023
C’est une semaine bien moins chargée que la précédente qui débute. Peu d’entreprises majeures vont dévoiler leurs rapports trimestriels dans les prochains jours. Pour le moment, sur les 330 entreprises du S&P 500 ayant déjà dévoilé leurs résultats, 81% ont fait mieux qu’attendu, un record depuis le troisième trimestre 2023. La tendance est en revanche beaucoup moins flatteuse en France… Le calendrier macroéconomique réserve toutefois quelques évènements à surveiller : des indices d’activité, la balance commerciale chinoise et une réunion de la Banque centrale anglaise. Avec un contexte comme celui-ci, peu fourni en nouvelles actus majeures, la politique et la guerre commerciale pourraient facilement rester au premier plan.
Demain à la Une : Les indices PMI
Avec la trêve estivale, les actualités fortes devraient se faire rares. Demain, les investisseurs surveilleront surtout la dernière salve d’indices PMI sur l’activité économique en Europe et aux États-Unis. Ces indicateurs mesurent l’activité dans les secteurs manufacturier et des services, à partir de questionnaires mensuels envoyés aux directeurs d’achats. Un score supérieur à 50 indique une expansion de l’activité, tandis qu’un score inférieur à 50 signale une contraction. Ils donnent un aperçu rapide de la conjoncture économique d’un pays ou d’une région.
Sur le CAC 40, les acheteurs devraient viser les 7 660 et 7 725 points dans les prochaines séances. Et les vendeurs, les 7 575 et 7 550 points. À suivre !
Le lexique : La valeur nette d'actif
La Valeur Nette d’Actif (VNA) représente la valeur comptable d’un patrimoine ou d’un portefeuille à un instant donné. Elle se calcule en soustrayant l’ensemble des dettes de la valeur totale des actifs détenus. Utilisée notamment dans le domaine des fonds d’investissement et des sociétés, la VNA permet d’évaluer la part réelle détenue par un investisseur en rapportant cette valeur au nombre de parts ou d’actions en circulation. Elle reflète ainsi la richesse nette disponible après règlement de l’ensemble des obligations financières.