La Chine met l’Occident sous pression.
Pékin vient d’avertir les industriels occidentaux : pas question de constituer des réserves stratégiques de terres rares.
Sous peine de se voir couper cet approvisionnement vital pour l’économie.
Le message est clair.
Il est politique et économique.

Par Dorian Abadie
Responsable Bourse Privée
Meilleurtaux Placement

17 MÉTAUX INDISPENSABLES

Scandium, cérium, néodyme, prométhium…
Leurs noms sont méconnus du grand public.
Les terres rares, ce sont 17 métaux indispensables aux industries de pointe.
Smartphones, ordinateurs, éoliennes, batteries, missiles, radars, avions de chasse, voitures électriques...
Une voiture électrique contient 2 à 5 kg de terres rares.
Un avion de chasse américain F-35 en utilise plus de 400 kg.

UN QUASI-MONOPOLE

Le marché des terres rares est réduit mais vital.
Il représente environ 15 milliards de dollars par an.
Comme pour beaucoup de matières premières, on distingue deux choses.
L’extraction. La Chine produit environ 60% de l’offre mondiale.
Et le raffinage. La Chine est en quasi-monopole, avec 90% des capacités mondiales.
Et même 94% pour les aimants permanents, incontournables pour certaines voitures électriques.
Même si d’autres pays extraient des terres rares (Australie, États-Unis, Birmanie), Pékin contrôle presque toute la chaîne de valeur en aval.

UNE ARME GÉOPOLITIQUE

Depuis le déclenchement de la guerre commerciale par Trump, Pékin a restreint ses exportations.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au deuxième trimestre, les livraisons d’aimants permanents ont chuté de 50% sur un an.
Même avec la trêve de 90 jours entre Washington et Pékin, les flux restent très inférieurs à la normale.
Résultat, des files d’attente pour obtenir les licences d’importation, des ralentissements dans l’industrie automobile et des arrêts de chaînes de production.
Ce n’est pas la première fois que la Chine utilise les terres rares comme arme géopolitique.
En 2010, Pékin avait bloqué ses exportations vers le Japon, provoquant une flambée des prix.

PEU D’ALTERNATIVES

Face à cette menace, Américains et Européens cherchent désespérément à réduire leur dépendance.
Aux États-Unis, la mine de Mountain Pass en Californie a rouvert, le Pentagone finance directement des raffineries.
Le spécialiste américain MP Materials a vu son action quadrupler en quelques mois, dopée par la ruée vers le néodyme.
En Europe, on veut réactiver un savoir-faire abandonné dans les années 1990.
Solvay relance une ligne de séparation à La Rochelle, et une nouvelle usine d’aimants s’implante à Lacq (Sud-Ouest).
L’entreprise australienne Lynas est le seul acteur significatif hors de Chine, mais ses volumes restent marginaux face à la domination chinoise.

LE TALON D’ACHILLE

Le dossier illustre parfaitement l’extrême dépendance de l’Occident à la Chine.
Hier, nous avons laissé filer la production pour des raisons de coûts et d’écologie. Le raffinage d’une tonne de terres rares produit environ 2 000 tonnes de déchets toxiques.
Aujourd’hui, les terres rares sont au cœur de la bataille pour la souveraineté industrielle, énergétique et militaire.
Pékin le sait. Et joue sa partition, sans états d’âme.
La vraie guerre entre la Chine et l’Occident ne se joue pas seulement sur les droits de douane. Elle se joue aussi sur les métaux stratégiques.
Ils sont le talon d’Achille technologique de l’Occident, et Pékin sait exactement où frapper.

À PART ÇA ? QUOI DE NEUF ?

SEMI-PUBLICS

L’administration Trump a distribué des milliards en subventions pour rapatrier la production de semi-conducteurs.
Elle veut désormais entrer directement au capital des géants du secteur.
Le secrétaire au Commerce planche sur un deal avec Intel : une participation de 10% en échange des aides fédérales.
Micron, TSMC et Samsung pourraient suivre.
C’est une rupture totale avec la doctrine américaine habituelle.
L’État ne se contenterait plus de subventionner, il deviendrait actionnaire.
Trump adore : influence directe, protection de la souveraineté industrielle et message clair aux électeurs.
Les semi-conducteurs, bientôt semi-publics.

LE CHOC DES COURBES

C’est un symbole fort.
Pour la première fois depuis vingt ans, la France devrait bientôt emprunter sur les marchés au même prix que l’Italie.
L’écart de taux entre obligations françaises et italiennes à 10 ans est tombé sous les 10 points de base. Autrement dit, rien du tout.
Au plus fort de la crise de la zone euro en 2012, Rome payait 400 points de base de plus que Paris. Puis 200 points fin 2022.
L’Italie rassure les investisseurs avec une trajectoire budgétaire crédible et une stabilité politique inattendue.
Tout l’inverse de la France.

LE DERNIER ROUND DE POWELL

C’est la rentrée des banquiers centraux.
Comme chaque année, ils se rassemblent dans la petite ville américaine de Jackson Hole.
Cette fois, l’événement a une saveur particulière. Ce sera le dernier symposium de Jerome Powell en tant que patron de la Fed.
Il devra à la fois répondre à l’urgence du moment (les marchés parient sur une baisse des taux en septembre) et défendre son bilan.
Huit années marquées par une erreur : avoir laissé filer l’inflation post-Covid jusqu’à 9%, au nom d’une stratégie trop accommodante.
Vendredi, tous les regards seront braqués sur lui. Powell parlera de l’avenir, mais il devra aussi assumer le passé.

DU CÔTÉ DE VOTRE ARGENT

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DU CÔTÉ DES PLACEMENTS

Par Olivia Boulay, chargée de contenu patrimonial, Meilleurtaux Placement.
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DU CÔTÉ DES MARCHÉS
"L’Europe ouvre dans le rouge ce matin. Le CAC 40 perd 0,55% dans les premiers échanges à 7 935 points (+1,21% hier), dans le sillage de Wall Street. Pénalisé par la baisse des grandes valeurs technologiques, le Nasdaq a perdu 1,46% hier soir. Si les marchés ont digéré sans heurts les récentes négociations diplomatiques autour du conflit en Ukraine, l’absence d’accord concret entretient l’incertitude. L’attention se concentre désormais sur le symposium annuel de la Réserve fédérale, où Jerome Powell devra composer avec une inflation persistante, un marché de l’emploi en ralentissement et les critiques virulentes de Trump, qui appelle à une baisse rapide des taux."

ON S'EN FOUT ?

Les taxis prévoient de reprendre leur mobilisation le 5 septembre pour protester contre la réforme des frais de transport sanitaire ; Un Français a remporté les 250 millions en jeu à l’EuroMillions, c’est un record national ; Rencontre à Paris entre Israël et la Syrie pour calmer les tensions entre les deux voisins ; Un réseau britannique de trafic de drogue a été démantelé à cause… d’un perroquet trop bavard ; "Le wokisme c'est fini" : Trump ordonne des enquêtes sur les musées pour vérifier leur conformité avec sa vision de l’Histoire des États-Unis ; En Suède, l’église de Kiruna est déplacée de 5 km grâce à un convoi à roulettes. L'événement est retransmis en direct à la télévision.