Les marchés : Le secteur privé en plein essor
La Bourse de Paris a repris des couleurs ce mardi. Le CAC 40 progresse de 0,54% pour clôturer à 7 872 points, effaçant sa baisse de la veille. Le rebond a été soutenu par de bons indicateurs en zone euro et par la dynamique venue de Wall Street, qui a signé hier soir de nouveaux records historiques, porté par l’inarrêtable secteur technologique.
Les signaux macroéconomiques ont apporté un vrai bol d’air. Le PMI composite, qui mesure l’activité du secteur privé, est ressorti à 51,2, son plus haut niveau depuis 16 mois, confirmant que l’économie européenne se stabilise. Dans le même temps, l’OCDE a relevé sa prévision de croissance mondiale à 3,2% pour 2025, tout en rehaussant celles de la zone euro (1,2% contre 1%) et des États-Unis (1,8% contre 1,6%). De quoi rassurer les investisseurs qui craignent encore un essoufflement global.
L’optimisme reste toutefois largement alimenté par la tech. Nvidia a annoncé un accord stratégique avec OpenAI, un signal fort qui alimente l’engouement autour de l’intelligence artificielle. Aux États-Unis, les investisseurs attendent désormais les résultats de Micron, publiés ce soir, pour jauger si la vague IA continue de porter la croissance du secteur ou si des premiers signes de ralentissement apparaissent.
Enfin, la parole de la Fed reste au centre des attentions. Jerome Powell doit intervenir dans une conférence sur les perspectives économiques, quelques heures après que Stephen Miran, le gouverneur fraîchement nommé par Donald Trump, a plaidé pour une baisse plus marquée des taux. Un rappel que derrière la façade de confiance affichée par la Fed, le débat reste ouvert sur la vitesse de l’assouplissement monétaire.
Les valeurs : L’Oréal, ASM et Median technologie
L’Oréal
Le géant mondial de la beauté grimpe de 3,51% ce soir à 374,7€, même s' il reste en recul de 17% depuis le début de l’année. Le marché réagit aux informations de Bloomberg selon lesquelles le géant français de la beauté pourrait entrer au capital de Giorgio Armani, en se concentrant uniquement sur la division beauté. L’Oréal figure parmi les trois acquéreurs privilégiés désignés par le testament du créateur italien pour racheter 15% de la maison de couture, aux côtés de LVMH et d’EssilorLuxottica.
L’opération, qui devrait être conclue dans les 18 mois, offrirait la possibilité d’augmenter progressivement cette participation jusqu’à une majorité après trois ans. L’Oréal collabore déjà avec Armani, dont il détient la licence mondiale pour les parfums, le maquillage et les soins jusqu’en 2050. Une prise de participation viendrait renforcer ce partenariat stratégique et consolider la position du groupe sur le segment haut de gamme de la beauté, particulièrement porteur.
ASM
Le titre ASM International cède 0,1% ce soir à 499€, accusant toujours un repli de 10% depuis le début de l’année. Le spécialiste néerlandais des équipements pour semi-conducteurs a profité de son Investor Day à Londres pour dévoiler des objectifs de croissance ambitieux à long terme. Le groupe vise plus de 5,7 milliards d’euros de revenus en 2030, soit une progression annuelle d’au moins 12%. Le groupe s’appuie sur sa position de leader dans certaines étapes clés de la fabrication des puces de nouvelle génération, et profite aussi des nouvelles opportunités offertes par l’intelligence artificielle, la mémoire et l’assemblage des puces.
À ne pas confondre avec ASML, spécialiste des machines de gravure, ASM se concentre pour sa part sur les équipements qui déposent de très fines couches de matériaux indispensables à la fabrication des puces.
Mais à court terme, la trajectoire est plus incertaine. ASM a abaissé ses prévisions pour 2025, tablant désormais sur une croissance proche du bas de sa fourchette, pénalisée par une demande plus faible dans les semi-conducteurs de pointe et un ralentissement sur plusieurs segments. Le groupe anticipe même un recul de 5 à 10% de ses revenus au second semestre par rapport au premier.
Median technologies
Le spécialiste français de l’imagerie médicale recule après un nouveau contretemps et perd près de 8,02% ce soir à 2,92€ et affiche désormais une baisse de 22% depuis janvier. Le groupe a annoncé un retard dans l’autorisation de mise sur le marché de son programme Eyonis, destiné au dépistage du cancer du poumon. Prévue au départ en 2025, la décision de l’autorité sanitaire américaine n’interviendra finalement qu’au début de 2026. Cette mauvaise nouvelle déçoit les investisseurs, même si le calendrier coïncide désormais avec celui de l’Europe.
Côté finances, Median a renforcé sa trésorerie cet été, ce qui lui donne de la visibilité jusqu’à fin 2026. La société développe aussi une autre activité, qui consiste à fournir des images médicales pour accompagner les essais cliniques de grands laboratoires pharmaceutiques, avec déjà plusieurs nouveaux contrats signés. Malgré le retard d’Eyonis, certains analystes restent confiants. Selon eux, le groupe éligible au PEA-PME a les moyens de traverser cette phase difficile et pourrait profiter d’une nouvelle dynamique de croissance à partir de 2026.
La recommandation du jour : Un pari à 100 milliards
L’action Nvidia continue d’écrire l’histoire. Après une hausse de près de 4% lundi, le géant des semi-conducteurs signe un nouveau record, porté par une annonce spectaculaire : un investissement pouvant atteindre 100 milliards de dollars dans OpenAI, la célèbre start-up à l’origine de ChatGPT. Cet accord vise à construire des data centers de 10 gigawatts d’ici 2026 soit l’équivalent de la consommation électrique de New York ! En retour, Nvidia fournira ses puces graphiques, un contrat gagnant-gagnant qui renforce encore sa position centrale dans l’écosystème IA mondial.
Ce partenariat stratégique, applaudi par Wall Street, offre une visibilité exceptionnelle sur les revenus futurs de Nvidia. Selon UBS, cet accord pourrait générer à terme jusqu’à 400 milliards de dollars pour l’entreprise. À l’heure où la course à l’intelligence artificielle s’accélère, Nvidia s’impose comme l’acteur incontournable de l’infrastructure de demain. Un dossier à suivre de très près… et à envisager sérieusement dans tout portefeuille tourné vers l’innovation.
Ce titre figure dans notre sélection de valeurs internationales en hausse de plus de 82%* depuis le début de l’année. Découvrez ici notre analyse complète et notre objectif de cours actualisé, exclusivement réservé à nos abonnés.
Demain à la Une : Focus sur Berlin
Demain matin, les regards se tourneront vers l’Allemagne avec la publication de l’indice IFO du climat des affaires pour septembre. Cet indicateur, l’un des plus suivis en zone euro, mesure le moral des chefs d’entreprise allemands. Il permet de prendre le pouls de la première économie européenne en sondant leur perception actuelle de l’activité ainsi que leurs attentes pour les mois à venir. Une amélioration pourrait signaler une reprise, tandis qu’un chiffre en recul renforcerait les craintes de stagnation. Un rendez-vous clé pour anticiper la santé économique du Vieux Continent !
Le monde d'après : un mot, des milliards envolés
Le secteur pharmaceutique vient de vivre une nouvelle secousse politique. Hier soir, l'action américaine Kenvue a décroché de 7,5% à Wall Street, atteignant un plus bas historique à 16,97 $, après des propos de Donald Trump liant la consommation de Tylenol pendant la grossesse au risque d’autisme. Kenvue, ex-filiale santé grand public de Johnson & Johnson et propriétaire du Tylenol, a rapidement réagi, rappelant que les données scientifiques disponibles ne démontrent aucun lien de causalité.
Ces déclarations ont pesé bien au-delà de Wall Street. Les fabricants chinois d’acétaminophène, ingrédient actif du Tylenol, ont eux aussi perdu entre 2,5% et 6% en Bourse. Le sujet est sensible. Une vaste étude publiée en 2024 dans une revue médicale avait écarté tout risque, mais des analyses plus récentes relancent le débat en appelant à davantage de recherches. Une incertitude scientifique dans laquelle s’engouffre la sphère politique américaine, accentuant la volatilité du secteur.
Ce mardi, l’action Kenvue rebondit et progresse actuellement de 3 % à Wall Street. Mais cet épisode illustre combien les valeurs de santé, déjà éprouvées par la polémique autour des vaccins, restent vulnérables aux interventions politiques. Pour les investisseurs, c’est un rappel que la volatilité du secteur n’est pas seulement liée aux résultats cliniques ou aux ventes, mais aussi au climat médiatique et politique.
