Les marchés : Tensions sur l'IA
La Bourse de Paris clôture en légère hausse ce soir, effaçant son repli matinal. Le CAC 40 gagne 0,08% à 8 074 points. Contrairement à l’Asie, les places européennes ont résisté à la vague mondiale de ventes qui secoue les entreprises technologiques, particulièrement celles liées à l’intelligence artificielle. La prudence reste de mise, mais les investisseurs européens semblent avoir choisi de ne pas suivre le petit mouvement de panique observé à Séoul et Tokyo.
Les Bourses locales ont décroché près de 2% à 5%, dans le sillage du recul des grands noms de l’IA. Nvidia, qui a brièvement dépassé les 5 000 milliards de dollars de capitalisation en octobre, concentre toutes les attentions. Les investisseurs s’interrogent moins sur le potentiel de l’intelligence artificielle à moyen / long terme que sur la vitesse du récent rallye. Un signal de tension est venu des États-Unis, où Palantir a déçu malgré des résultats solides, chutant de 8% avant de poursuivre sa baisse ce mercredi.
En Europe, le tableau macroéconomique apparaît plus apaisé. L’indice PMI composite de la zone euro est remonté à 52,5 en octobre, son plus haut niveau depuis 17 mois. Un signe de stabilisation pour l’économie du Vieux Continent, qui contraste avec la fébrilité des marchés technologiques mondiaux. À Paris, les investisseurs préfèrent y voir pour le moment une respiration plutôt qu’un retournement de tendance. Affaire à suivre !
Les valeurs : Bouygues, McDonald’s et Medincell
Bouygues
Bouygues a publié de solides résultats au troisième trimestre, supérieurs aux attentes. Le groupe, présent dans la construction, les télécoms et les médias, a notamment décroché un contrat de 3,3 milliards d’euros pour les travaux de deux réacteurs nucléaires au Royaume-Uni. Sa rentabilité progresse, portée par la construction et la filiale Equans (installations et maintenance des bâtiments et infrastructures), tandis que Bouygues Télécom voit sa marge reculer à cause de ses investissements. Pour 2025, le chiffre d’affaires devrait rester stable, affecté par les effets de change (voir lexique), mais la marge opérationnelle est légèrement relevée.
Surtout, le marché attend des nouvelles du projet de rachat de SFR. Bouygues, avec Orange et Iliad, a proposé de racheter la majorité d’Altice France (maison mère de SFR) pour environ 17 milliards d’euros. Altice a pour l’instant refusé, mais Bouygues espère relancer les discussions, jugeant son offre attrayante et avantageuse pour toutes les parties. Les bureaux d’analyse estiment que cette opération pourrait générer d’importantes économies et renforcer la rentabilité du secteur des télécoms en France. En attendant, Bouygues continue d’afficher une bonne santé financière et reste confiant pour la suite. Son action gagne ce soir 1,45% à 39,76€ (+48% en 2025 !).
McDonald’s
Une fois n’est pas coutume, nous vous parlons d’une action américaine dans cette rubrique. Elle fait la Une des médias financiers américains, et le marché a été plutôt calme à Paris ce mercredi. McDonald’s a publié des résultats un peu décevants, mais montre qu’il reste solide face à la conjoncture économique. Son bénéfice trimestriel atteint 2,28 milliards de dollars, légèrement en dessous des prévisions, notamment à cause d’impositions plus élevées que prévu. Le chiffre d’affaires progresse de 3% sur un an, à 7,08 milliards de dollars, ce qui reste un peu en deçà des attentes.
Les ventes mondiales ont augmenté de 3,6%, après un recul l’an dernier. Aux États-Unis, elles progressent de 2,4% grâce à des prix plus élevés, même si les ménages modestes viennent un peu moins souvent. Pour les attirer, la chaîne relance des offres à petits prix. À l’international, la croissance est plus forte, surtout au Canada, en Australie et au Japon. Le PDG Chris Kempczinski s’est félicité de la capacité du groupe à maintenir une croissance régulière malgré l’inflation et la concurrence dans la restauration rapide. Ce soir, l’action gagne 1,7% à 304,23$ (+7% en 2025).
Medincell
Après plusieurs mois de forte progression, la biotech Medincell recule de 5,58% à 35,52€. Son partenaire Teva a confirmé ses prévisions de ventes, mais la croissance du médicament développé en commun ralentit. Le marché, qui s’attendait à mieux, sanctionne logiquement le titre, même si l’action reste en hausse de 112% depuis le début de l’année. La société montpelliéraine éligible au PEA-PME regarde déjà vers l’avenir avec un nouveau traitement contre la schizophrénie en préparation. Une fois autorisé aux États-Unis, ce projet pourrait générer de nouvelles rentrées d’argent importantes et redonner de l’élan à l’action.
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L'événement du mercredi : Clap de fin
C’est presque la fin de la saison de publication des résultats du troisième trimestre. En cette période d’inquiétudes autour de la bulle de l’IA, ce n’est pas anodin. Les marchés pourraient en effet manquer de nouvelles positives dans les prochaines semaines, au risque d’accentuer les prises de bénéfices observées hier. C’est le grand sujet du moment, d’autant qu’avec le shutdown, peu de nouvelles données macroéconomiques nous parviennent des États-Unis.
Toutefois, l’entreprise américaine ADP a publié aujourd’hui un rapport sur l’emploi plutôt bon et qui permet à Wall Street de retrouver quelques couleurs. L’emploi privé américain a en effet rebondi en octobre, avec 42 000 créations de postes, soit près du double des prévisions. Ce redressement intervient après une baisse en septembre et rassure sur la santé du marché du travail, alors que le rapport officiel du gouvernement est suspendu à cause du blocage budgétaire à Washington.
La totalité des nouveaux emplois provient des grandes entreprises, tandis que les petites ont supprimé des postes. Les secteurs du commerce, des transports et des services publics ont été les plus dynamiques, suivis par l’éducation, la santé et la finance. En revanche, l’industrie, les services professionnels et l’information ont perdu des emplois. Les salaires continuent de progresser à un rythme soutenu : +4,5% sur un an pour ceux qui restent dans leur poste, et +6,7% pour ceux qui en changent. En moyenne, les créations d’emplois privés restent toutefois modestes cette année, autour de 60 000 par mois. Face à ce ralentissement, la Réserve fédérale continue d’ajuster sa politique monétaire et a abaissé mercredi dernier son taux directeur dans la fourchette 3,75% / 4%.
Le monde d'après : Nokia quitte Paris
C’est la fin d’une histoire franco-finlandaise. Huit ans après avoir pris la place d’Alcatel-Lucent dans le CAC 40, Nokia tourne la page parisienne. Le groupe a annoncé son intention de quitter la Bourse de Paris mais conserve sa cotation à Helsinki et à New York. Le motif officiel ? Trop de paperasse, trop de coûts, trop de complications. Entre les commissions annuelles, les honoraires réglementaires et la communication financière, la facture ne justifiait plus l’intérêt d’une double présence sur Euronext.
Ce départ illustre une tendance de fond, la désaffection des grands groupes étrangers pour la place parisienne. Après Holcim et Syensqo (ex-Solvay), c’est au tour de Nokia de tirer sa révérence. Et clairement, ces retraits successifs inquiètent. Toutefois, Nokia n’avait jamais vraiment choisi Paris, la cotation avait simplement survécu à la fusion avec Alcatel-Lucent en 2015, avant que le titre ne soit sorti du CAC 40 deux ans plus tard.
Ce qui rend l’annonce presque ironique, c’est que Nokia quitte la France au moment où tout va bien pour lui. Son action s’est envolée de 40% depuis le début de l’année, tirée par la vague de l’intelligence artificielle et un partenariat de 1 milliard de dollars signé avec Nvidia. Mais même en pleine forme, le groupe préfère simplifier son jeu.
Demain à la Une : Un secteur à surveiller...
La séance de demain sera avant tout marquée par l’une des dernières salves de résultats d’entreprises. Rheinmetall, Engie, Legrand, Veolia et Euronext publieront leurs rapports du troisième trimestre. Sur le front économique, pas grand-chose à signaler : la Banque d’Angleterre devrait maintenir ses taux directeurs inchangés. Et bien sûr, le compartiment technologique sera à nouveau sous le feu des projecteurs. Comme nous vous le disions hier soir, son évolution sera déterminante dans les prochaines séances pour l’ensemble de la tendance boursière de cette fin d’année…
Le lexique : Les effets de change
Les effets de change désignent les gains ou pertes financiers résultant des variations des taux de change entre deux devises. Ils apparaissent lorsqu’une entreprise réalise des transactions internationales, par exemple lorsqu’elle achète, vend ou détient des actifs libellés en monnaie étrangère. Ces effets peuvent influencer sa rentabilité, son chiffre d’affaires et la valeur de ses actifs. Une baisse de la devise locale rend les importations plus coûteuses mais peut favoriser les exportations, tandis qu’une hausse produit l’effet inverse. Pour limiter ces risques, les entreprises utilisent souvent des instruments de couverture, comme les contrats à terme ou les options de change.