A l’instar de la plupart des multinationales, Renault compte contrebalancer la morosité du marché automobile européen en renforçant sa présence sur les marchés émergents. Lors d'une conférence de presse en Corée, le directeur général délégué de l'ancienne régie, Carlos Tavares, a annoncé que son groupe « compte réaliser plus de 50% de ses ventes de véhicules hors d'Europe d'ici l'année prochaine, contre 48% actuellement ».
Le nouvel objectif évoqué par Carlos Tavares marquerait une accélération du plan stratégique d’internationalisation des ventes de Renault puisque le groupe comptait jusqu’ présent atteindre 50% de ses ventes hors d'Europe en 2014 et non dès 2013.
Le constructeur cherche en effet d’autre relais de croissance alors que les ventes du constructeur français en Europe ont chuté de 13% en rythme annuel le mois dernier. Un plongeon d’autant plus inquiétant que l'ensemble du marché a affiché un repli moins marqué, de 8,7%, selon les chiffres de l'Association des constructeurs européens de l'automobile (ACEA).
Pour autant, les pays émergents voient aussi leur croissance ralentir à mesure que l’économie américaine s’essouffle et que l’Europe s’enfonce dans la récession. En Argentine par exemple, le constructeur automobile français aurait été contraint en raison de la faiblesse des ventes de mettre au chômage technique 1 600 de ses 1 800 employés. L'unité de production fonctionnerait à seulement 20% de sa capacité selon Les Echos. Au brésil aussi, l’activité décroit puisqu’entre janvier et mai, les achats d'automobiles du Brésil chez Renault ont plongé de 30,6%.
En somme, le Français essaye de jouer sur les deux tableaux, à savoir conserver ses parts de marché en Europe en se positionnant sur des véhicules haut de gamme à plus de valeur ajoutée et aux marges plus élevées alors que pour les pays émergents, l’offre s’adapte à la demande locale. Les marges sont plus faibles avec des véhicules dits low-cost mais les volumes beaucoup plus importants.
D’ailleurs, la marge opérationnelle reste sous pression, à 2,6 %, en 2011 contre 2,8% en 2010. A titre de comparaison, la marge opérationnelle de General Motors est de 4,3% alors que celle de Volkswagen n’est que de 0,5%. La faiblesse des marges de Renault n’est donc pas un problème en soi, si elle est compensée par des volumes importants, comme c’est le cas de son concurrent allemand. Il n’en reste pas moins que les efforts à déployer sont important pour qu’il atteigne les 5 % de marge opérationnelle d’ici 2013. Pas sur non plus au regard de la conjoncture du secteur que le constructeur automobile français réussisse à vendre trois millions de véhicules en 2013, (contre 2,6 millions en 2011) alors qu'il cherche à se prémunir de la forte volatilité du marché automobile, notamment en Europe.
Le chiffre d’affaires a en effet reculé de 8,6% au premier trimestre mais la tendance devrait s’améliorer au cours du deuxième grâce aux nouveaux modèles aux émergents et à Nissan qui espère voir ses ventes augmenter de 10,4% cette année, avec 5,35 millions de véhicules dans un marché mondial qui ne devrait croitre que de 5,3%. Quant au titre, en repli de 25,42% depuis le début de l’année, il ne se paye que 3,95 fois les bénéfices attendus pour 2012 et 2,92 fois seulement pour 2013 contre un multiple de 5,6 pour Volkswagen.