Alors que les taux espagnols dépassent à nouveau le seuil fatidique des 7%, seuil à partir duquel la charge des intérêts de la dette devient trop lourde pour maintenir sous contrôle la trajectoire des déficits, les ministres des Finances de la zone euro qui se réunissent aujourd’hui sont en passe de conclure un accord pour assouplir les objectifs de réduction du déficit budgétaire espagnol.
Selon plusieurs sources européennes, la Commission européenne va proposer un délai supplémentaire pour aider Madrid à tenir ses objectifs d’assainissement budgétaire. En conséquence, l'Union européenne s'apprête à autoriser l'Espagne à ne ramener son déficit public à 3% du produit intérieur brut (PIB) qu'en 2014 au lieu de 2013. La Commission devrait ainsi réviser les objectifs de déficit budgétaire de l'Espagne sur les trois années à venir, à 6,3% du produit intérieur brut (PIB) cette année, puis 4,5% pour 2013 avant de refluer vers les 2,8% pour 2014.
Un geste en faveur de Madrid qui intervient au moment même où la communauté autonome de Valence en Espagne a averti qu'elle risquait de faire défaut sur sa dette si elle ne recevait pas d'aide de l'Etat espagnol, rapportait lundi El Mundo sur son site Internet. Afin de ne pas laisser une de ses provinces faire faillite, l'Etat espagnol réfléchirait à des moyens d'assurer de façon plus pérenne l'approvisionnement en liquidités des autorités régionales, a expliqué El Mundo, citant des sources du ministère de l'Economie. Mais le temps presse.
"Si nous n'obtenons pas davantage de crédits, nous ne dépasserons pas le mois de juillet", a avertit Alberto Fabra, le président du gouvernement régional de Valence, L'Etat a pourtant déjà autorisé un prêt de 135 millions d'euros pour permettre à Valence d'honorer ses engagements ce mois-ci, mais la région doit faire face à de nouvelles échéances de 115 millions d'euros à la fin août.
Dans ce contexte, l’Espagne ne sera pas capable d’atteindre ses objectifs de déficit, un manquement qui pourrait être lourdement sanctionné par les marchés qui exigent d’ores et déjà un taux d’intérêts à 10 ans supérieur à 7%.
Mais le fait que l’Espagne dispose d’une année supplémentaire pour ramener son objectif de déficit budgétaire à 3% suffit à desserrer légèrement les rendements espagnols, qui repassent sous la ligne rouge des 7%, à 6,93%. Parallèlement, le rendement italien reste solidement ancré au dessus des 6%, à 6,04% alors que le rendement allemand à 10 ans s’inscrit à 1,33%. Pour finir, si les taux espagnols se détendent légèrement grâce au consensus européen, le spread, c’est à l’écart des taux entre l’Allemagne et l’Espagne n’en reste pas moins élevé, à 560 points de base, signe que cette détente n’est qu’une accalmie passagère.