Alors que les taux espagnols continuent de grimper et d’inscrire chaque jour des niveaux records, les taux allemands, qui avaient atteint des records à la baisse, connaissent une hausse
Depuis le début de la semaine, les taux espagnols enregistrent chaque jour un nouveau record. Alors qu’ils atteignaient la barre des 7.5% lundi, ils ont continué a grimpé mardi et mercredi pour atteindre 7.618%.
Il faut dire que l'inquiétude des marchés à propos de l'Espagne s’est encore intensifiée depuis Lundi. A 7.5%, les taux d'emprunt sur le marché sont jugés insoutenables à terme, d’autant que le pays n'a quasiment aucune marge de manœuvre pour réduire son déficit budgétaire, alors que Madrid s'enfonce dans la récession. Les problèmes budgétaires de plusieurs régions fragilisent encore plus l’Espagne. La région de Catalogne, deuxième de l'Espagne en termes de PIB derrière celle de Madrid, a l'intention de faire appel à son tour à l'Etat pour recevoir une aide financière
Mais ce qui peut surprendre aujourd’hui, c’est que même les pays les plus solides connaissent une hausse de taux. En effet, depuis lundi, le taux à 10 ans de l’Allemagne remonte et vaut 1.26% aujourd’hui (contre 1,174% lundi). Or, depuis plusieurs mois maintenant, les taux allemands avaient pris l’habitude de baisser lorsque les taux espagnols et italiens grimpaient, jouant leur rôle de valeur refuge, et de remonter lorsque la situation se détendait un peu. C’est ainsi que les taux allemands avait connu une forte hausse au mois de Juin, avant de rechuter en Juillet.
Les taux français à 10 ans, qui suivent depuis quelques semaines le taux allemands, se sont également tendus à 2.257% (contre 2.133% Lundi).
Cette hausse vient principalement de la décision de Moody’s d’abaisser de "stable" à "négative" la perspective pour l'Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg, trois pays notés "triple A", en raison de "l'incertitude croissante" sur la crise en zone euro. L'agence a également indiqué qu'elle réexaminerait "à la fin du troisième trimestre" le triple Aaa accordé à la France et l'Autriche, déjà placés sous perspective négative.
Ce mouvement sonne peut être la fin du décalage entre les pays d’«Europe du Sud», dont les taux sont anormalement hauts, et les pays d’ « Europe du Nord » dont les taux sont anormalement bas. Mais pour combler cet écart, il faudrait que les taux en Espagne et en Italie baissent. Et même si d’après le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble et son homologue espagnol Luis de Guindos « les taux d'emprunt de l'Espagne n'étaient pas conformes à ses fondamentaux économiques », on ne voit pas ce qui pourrait provoquer une inversion de la tendance, à part une intervention de la BCE…