Il y a deux semaines exactement, Infosys avait lancé un avertissement sur ses ventes. Le groupe informatique indien qui était un des premiers du secteur à publier ses comptes, avait refroidi les investisseurs en tablant sur une croissance de 5% cette année, et non sur une fourchette de 8% à 10% annoncée auparavant.
Alors, la communauté financière redoutait des annonces du même acabit venant des autres sociétés du secteur alors que les temps sont durs, sur fond de ralentissement des dépenses informatiques des entreprises…. Finalement, ce n’est pas le cas pour Capgemini, le groupe français ayant agréablement surpris le marché en relevant ses objectifs annuels ! La SSII qui misait auparavant sur une croissance organique annuelle « quasi nulle » et vise désormais un taux de croissance à taux de change et périmètre constants supérieur à 1% pour 2012.
C’est que Capgemini a réalisé une solide première partie d’année ! Au premier semestre, le chiffre d'affaires a augmenté de 8,3% à 5,15 milliard d'euros. A taux de change et périmètre constants, les facturations du groupe n’ont progressé que de 2,3%. Le groupe explique cet écart par des « effets de change favorables ainsi qu'à l'intégration des sociétés acquises par le groupe, principalement celle de Prosodie en France ». L'Amérique du Nord réalise une excellente performance tant en termes de croissance que de rentabilité. Son chiffre d'affaires progresse de 19,7% (9,7% à taux de change et périmètre constants). La région continue simultanément d'améliorer son taux de marge opérationnelle qui atteint 8,7% et double même par rapport au niveau du 1er semestre 2010. Les autres régions dans lesquelles opère le groupe réalisent un chiffre d'affaires en croissance de 6,8% (à taux de change et périmètre constants) - tiré par le dynamisme des pays nordiques (+12,4%) et de la région Asie Pacifique (+19,8%) - et une marge opérationnelle de 7,7%, en progression de 1,8 points par rapport au 1er semestre 2011/ La région Royaume-Uni/Irlande croît de 8,3% (+2,3% à taux de change et périmètre constants), en dépit de la rigueur budgétaire qui est en vigueur dans la région. Sa marge opérationnelle (6,8%) progresse de 0,7 point par rapport à celle du 1er semestre 2011. La France ne s’en tire pas si mal avec un chiffre d'affaires en croissance de 7,4% grâce à l'intégration de Prosodie (à périmètre constant, l'activité est en léger recul). Mais la profitabilité recule avec un taux de marge opérationnelle atteint 6,2%, inférieur à celui enregistré au 1er semestre 2011. En revanche, la région Benelux affiche un chiffre d'affaires en décroissance (-10,3%) et une érosion de sa marge opérationnelle à 4,5% après 6,2% un an plus tôt, en raison de la crise persistante qui continue d'affecter l'économie de ces trois pays.
Un peu plus bas dans le compte de résultat, la marge opérationnelle de la SSII s'est améliorée au premier semestre, à 328 millions d'euros, représentant 6,4% du chiffre d'affaires, contre 289 millions d'euros un an plus tôt, soit 6,1% des ventes du groupe. Le total des prises de commandes enregistrées au cours de ce premier semestre s'élève à 5,11 milliards d'euros. Sur le seul deuxième trimestre 2012, elles augmentent de 7,6% par rapport à la même période l'année dernière, confirmant « la résistance de la demande » indique Capgemini. Le résultat net part du groupe s'élève à 143 millions d'euros, en progression de 12,6% par rapport à celui réalisé au 1er semestre 2011.
Malgré les incertitudes macro-économiques qui subsistent encore aujourd'hui dans la plupart des pays, Capgemini est en mesure de dépasser son objectif initial d'une croissance annuelle organique quasi nulle et vise désormais un taux de croissance à taux de change et périmètre constants supérieur à 1% pour l'ensemble de l'année. Par ailleurs, le Groupe confirme son objectif d'une progression, en ligne avec le consensus, de sa marge opérationnelle sur l'ensemble de l'exercice. Le groupe peut en effet toujours compter sur la bonne tenue de ses marchés les plus importants, l'Amérique du Nord en tête. Un positionnement géographique judicieux pour la SSII, qui est finalement peu présente dans les pays où la crise économique est la plus marquée…En juin dernier, Capgemini a renforcé son implantation au Brésil en signant un partenariat stratégique avec la 4ème banque du pays. La SSII française va ainsi devenir le fournisseur informatique de la banque publique brésilienne Caixa et lui ouvrira en contrepartie le capital de sa filiale locale brésilienne, CPM Braxis…
Par ailleurs, Capgemini a l'intention de procéder à des rachats de titres pour un montant d'au moins 100 millions d'euros sur les 12 prochains mois, « en vue de neutraliser tout ou partie de la dilution occasionnée par l'émission d'actions nouvelles dans le cadre du plan d'actionnariat international. »
En réaction à la publication des comptes de Capgemini, les analystes sont unanimes concernant la performance de la SSII française, Bank of America Merrill Lynch conserve une recommandation « d'achat », avec un objectif de cours de 41 euros, estimant que les résultats publiés par Capgemini au titre du premier semestre, se sont révélés supérieurs aux attentes sur tous les plans.
Sur le front boursier, Capgemini affiche la plus forte hausse du CAC 40 jeudi, le titre de la SSII progressant de près de 4%. Le titre a démarré 2012 sur les chapeaux de roue avec un gain supérieur à 37% sur les trois premiers mois de l’année. Cyclique par excellence, elle a profité de l’effet rattrapage du début du nouveau millésime. Mais son profil est a double tranchant, elle est en première ligne des dégagements lors des corrections boursières, notamment celles liées aux inquiétudes concernant la santé économique mondiale. A moins de 30 euros, le dossier se traite encore 25% en dessous des cours observés en 2011 (vers les 40 euros) et à des niveaux 10 fois moindres du sommet de mars 2000, lorsque le titre culminait à plus de 300 euros. Et encore, le titre reste encore sous valorisé eu égard à son potentiel de croissance et à une prime de leader qui n'est toujours pas intégrée. Capgemini compte en effet parmi les leaders de son métier à l'échelle mondiale mais le Marché ne l’entend pas de cette oreille… Le dossier se paye 12 fois les résultats escomptés sur l'année en cours et 10 fois le profit net attendu sur 2013 se payent 10/11 fois en moyenne