Après avoir été réservé à la baisse, Veolia Environnement accuse le plus fort repli du jour de l’indice CAC40. Le groupe de services à l’environnement est chahuté en Bourse alors qu’il décidé d'accélérer son programme de réductions de coûts et de geler des investissements pour faire face à la dégradation du contexte économique. Par ailleurs, cette cure d’amaigrissement permettra au groupe de réaliser les objectifs qu'il s'est fixés pour 2012-2013 et ce, après avoir renoué avec les bénéfices au premier semestre.
Veolia Environnement a enregistré au premier semestre un résultat net part du groupe de 153,1 millions d'euros, après une perte de 67,2 millions d'euros un an plus tôt. Si Veolia est parvenu à reverdir ses comptes les analystes visaient beaucoup plus. Ils s’attendaient en moyenne à 190 millions d'euros, une contre performance qui constitue la principale source de déception de cette publication.
Atonie de certains secteurs industriels
Le chiffre d'affaires quant à lui a légèrement augmenté à 14,8 milliards d'euros, contre 14,3 milliards d'euros en données retraitées un an auparavant, soutenu par les acquisitions, et en particulier celle du réseau de chaleur de Varsovie. Dans l'Eau, la croissance est passée de +5,2% à périmètre et change constants au premier trimestre, à -0,3% au deuxième trimestre, pénalisée notamment par des volumes en baisse en France. Dans la Propreté, les premiers signes de ralentissement économique ont pesé sur le chiffre d'affaires du deuxième trimestre, en baisse de 5,7% à périmètre et change constants contre -1,1% au premier trimestre. Dans les services à l'Energie, la croissance s'est maintenue au deuxième trimestre, portée par la hausse des prix des énergies.On le voit bien, le groupe de services collectifs est loin d’être à l’abri de la crise, Veolia soulignant « l'atonie de certains secteurs industriels, qui pèse sur l'activité de Veolia Propreté notamment en France, au Royaume-Uni et en Allemagne », une situation « qui demeure difficile en Europe du Sud » et « de fortes variations des parités monétaire »
Gel des investissements et objectifs 2012-2013 confirmés
Alors pour limiter l’impact de la dégradation de l’environnement, le groupe va geler 500 millions d'euros d'investissements en 2012 et 2013 et porter son objectif de réduction des coûts bruts à 270 millions d'euros en 2013 et à 500 millions d'euros en 2015, soit une augmentation de 50 millions d'euros par an. Veolia, pourtant en avance sur le plan stratégique a constaté en avril les impacts sur son activité de la dégradation de l'environnement économique. La situation était particulièrement difficile en Italie et que le groupe s’attend à subir des pressions tarifaires lors de renouvellements de contrats dans ses marchés matures.
Malgré ces éléments adverses, Veolia Environnement confirme ses objectifs 2012-2013: 5 milliards d'euros de cessions d'actifs, une réduction de 12 milliards d'euros de l'endettement financier et un dividende de 0,70 euro par action au titre de l'exercice 2012. Le spécialiste de la gestion de l’eau et des déchets vise « après 2013 », une croissance organique de son chiffre d'affaires de plus de 3% par an et un taux de distribution conforme à sa moyenne historique.
Plus de 300 projets de réductions de coûts « à effets rapides » ont été approuvés à fin juillet et les premières mesures mises en oeuvre ont permis réaliser 109 millions d'euros d'économies brutes au titre de 2012. Le deuxième volet du plan, a été engagé à 60% à la fin du mois de juillet après principalement la cession des activités d'Eau régulée au Royaume-Uni et la signature de la cession des Déchets Solides aux Etats-Unis, « à des niveaux de valorisation très satisfaisants et avec des plus-values élevées » indique Veolia
Un parcours boursier chaotique
Veolia se sépare peu à peu de ses bijoux de famille. C’est que la tête d’Antoine Frérot avait été « mise à prix » au début de l’année 2012. En février, plus précisément plusieurs administrateurs de Veolia Environnement, dont le PDG d'EDF Henri Proglio avait explicitement montré leur souhait de voir le capitaine de Veolia Environnement être débarqué. Plusieurs membres du conseil d'administration avait mettent en cause la stratégie suivie pour redresser l'entreprise, dont l'action a chuté de plus de 60% l'an dernier et qui a signé en 2011 deux avertissements sur résultats. Lors du second, Veolia était tombé à un plus bas de deux ans à 15,80 euros en juillet avant de retomber sur ses plus bas de 5 ans à 10,97 euro en séance du 5 août 2011! Le Marché ne savait plus sur quel pied danser, ni quelle nouvelle digérer en premier….Soit les piètres performances du groupe aux services aux collectivités ou bien la déferlante de dégradations d’analystes ? Mais la glissade ne n’est pas arrêtée en si bon chemin. Bien au contraire…En novembre dernier, Veolia plonge sous les 9 euros en Bourse après avoir prévenu le Marché que son résultat opérationnel récurrent pourrait baisser de près de 13% par rapport à 2010. Mais demain semblait être un autre jour. Le titre du spécialiste des services aux collectivités avait bien commencé l’année 2012 en tête du CAC 40 après avoir signé la plus mauvaise performance de l’indice vedette parisien 2011. Dès décembre 2011, un programme de restructuration a avait été annoncé de façon à assainir le bilan. Le titre avait pris 56% sur les quatre premiers mois de 2012, Frérot avait plus ou moins réussi son pari, celui de convaincre les investisseurs du bien fondé de sa stratégie. Puis avec les inquiétudes grandissantes sur le front de la dette dans la zone euro, cette reprise du dossier a été annulée. Si le comportement de l’action reste encore incertain, la communauté financière s’accorde à dire que ce dégraissage est plus que nécessaire si le capitaine Frérot souhaite rester à la barre du paquebot Veolia. Fondamentalement, le titre se valorise correctement, avec un PER de 12,4 pour l'exercice en cours et de 10,3x pour l’année suivante et un ratio « valeur entreprise sur chiffre d'affaires » de 0,59x pour 2012…