La baisse des prix à la pompe aura été de courte durée. A peine de quoi permettre aux Français de réaliser quelques économies sur leur facture d'essence juste avant de partir, ou de revenir de vacances.
Alors que depuis début juillet, le baril de brent est passé d'environ 90 dollars à 112 dollars, le prix des carburants est lui aussi nettement reparti à la hausse. En l'espace de cinq semaines, le litre d'essence super sans plomb 95 est ainsi passé de 1,5 à 1,57 euro en moyenne. Quant au gazole, qui représente près de 80 % de la consommation de carburants en France, le litre est passé de 1,34 à 1,4006 euro en moyenne, tutoyant ainsi ses niveaux de la première quinzaine de mai, juste avant l'élection de François Hollande.
Une hausse du pétrole qui a plusieurs explications. D'abord, le facteur géopolitique, plus précisément il s'agit de l'embargo européen sur les produits pétroliers en provenance d'Iran qui restreint l'offre depuis le 1er juillet. La production iranienne (troisième fournisseur parmi les membres de l'OPEP) se situe en en effet en nette repli en raison de sanction mise en place par les américains et l'Union européenne contre son programme nucléaire. En juillet l'Iran a pompé 2.86 millions de barils par jour, soit l'équivalent de 29% de la production de l'Arabie Saoudite, au lieu de 37% un an auparavant, selon Bloomberg. De plus, les tensions autour du détroit d'Ormuz, par lequel transite près de 40% de commerce mondial maritime de brut reste une épée de Damoclès susceptible de provoquer une envolée des cours. Dernier facteur ayant provoqué une hausse des cours, le regain d'optimisme qui s'opère sur les marchés, qui s'est traduit par une accalmie sur le fron t de la crise en zone euro et par la perspective d'une nouvelle vague d'assouplissement quantitatif aux Etats-Unis.
Les géants de la distribution, à l'instar de BP, Exon ou encore Total sont les premiers bénéficiaires de ce rebond des cours de l'or noir. Selon les analystes, le géant français qui a bénéficié d'un net redressement des marges de raffinage en Europe au premier semestre devrait profiter pleinement de la hausse pour reconstituer sa rentabilité dans la branche exploration production.
D'ailleurs, les parapétrolières, à l'instar de Maurel et Prom, CGG Veritas, beaucoup plus sensibles aux variations des cours dans le sens où leur activité se limite à l'exploration de champs pétroliers devraient profiter pleinement du renchérissement des cours.
Mais si la hausse du brent est une bonne nouvelle pour les majors, celle-ci pourrait être de courte durée. Les prix à la pompe étant revenus la semaine dernière à leur niveau de l'élection présidentielle, l'hypothèse d'un gel des tarifs, proposé à l'époque par François Hollande est remise sur la table.
Les décisions seront prises « en fonction de l'évolution des prix dans les semaines à venir » souligne Bercy conscient qu'un blocage temporaire, qui passerait par une baisse de la TIPP, (taxe intérieure sur les produits pétroliers) constituerait un manque à gagner non négligeable. Fixée pour 2012 à 0,607 euro par litre de super et à 0,428 euro pour le gazole, une baisse de la TIPP n'est pas sans conséquence, loin s'en faut, pour les caisses de l'Etat dans la mesure où elle génère environ 14 milliards d'euros de recettes fiscales par an. Elle est à ce titre, le quatrième impôt en fournissant 5,5% des recettes fiscales nettes de l'Etat. De quoi réfléchir avant de faire un geste pour le pouvoir d'achat des automobilistes français.
