Accor poursuit sa stratégie de gestion d’actifs. Le numéro quatre mondial de l'hôtellerie et numéro un en Europe, annonce la cession en 'Sale & Variable Lease Back ' des murs du MGallery Mondial Am Dom à Cologne (207 chambres) pour un montant de 20,5 millions d’euros et du MGallery Convent Hotel à Amsterdam (148 chambres) pour un montant de 23,5 millions d’euros.
Les deux hôtels continueront à être opérés par Accor dans le cadre d'un bail commercial d'une durée de 15 ans, renouvelable à l'initiative du groupe Accor, avec un loyer variable correspondant en moyenne à 21,5% du chiffre d'affaires annuel. Sur la base du chiffre d’affaires 2011, le loyer variable aurait été, net des charges supportées par le propriétaire, de 3 millions d’euros. Le fonds d'investissement hôtelier d'Internos Real Investors, un acteur majeur dans le secteur immobilier et hôtelier en Europe se portera acquéreur des murs.
De cessions en cessions…
Le numéro quatre mondial de l'hôtellerie et numéro un en Europe, n’en n’est pas à son coup d’essai. Fin juillet dernier, Accor s’était délesté de sa part dans un fonds d'investissement australien et d'un ensemble hôtelier à Pékin pour 110 millions d'euros. En mai dernier, la société pilotée par Denis Hennequin avait cédé ses chaînes d'hôtellerie économique aux Etats-Unis, Motel 6 et Studio 6, pour 1,9 milliard de dollars (1,5 milliard d'euros environ) à une filiale du fonds d'investissement américain Blackstone. Le groupe désire à la fois se concentrer sur d’autres chantiers dont la conquête de l'Asie Pacifique, l'Amérique Latine ». Aussitôt dit, aussitôt fait, Accor s’est porté acquéreur début juillet, du parc hôtelier de Grupo Posadas en Amérique du Sud pour 275 millions de dollars et un portefeuille d'hôtels comprenant 15 établissements situés au Brésil, en Argentine et au Chili. Avec ces nouveaux hôtels, le parc d'Accor au Brésil comprendra 164 établissements et 26.200 chambres, « peu de temps avant deux événements sportifs majeurs: la Coupe du monde de football en 2014 et les Jeux olympiques d'été en 2016 ». En plus de conquérir de nouveaux marchés, Accor doit s’attaquer à un autre chantier : la réduction d’un endettement, toujours aussi lourd à porter pour le groupe hôtelier français. Le défi à relever sera ardu, le groupe vise à réduire de 2,2 milliards d’euros la dette nette retraitée à échéance 2015.
Restructuration en cours…
La restructuration engagée par le groupe depuis quelques exercices portera-t-elle ses fruits ? C’est la question que se pose Crédit Suisse, avant la publication des résultats du premier semestre, le 29 août prochain. Le courtier helvète à « surperformance » sur le dossier, sera tout particulièrement attentif aux perspectives pour le second semestre et aux avancées de la restructuration. Il estime également que les prévisions du consensus pour 2012 sont prudentes, tandis qu' »aucune donnée ne tend à démontrer un ralentissement de l'activité en Europe ». Pour le semestre écoulé, Crédit Suisse anticipe alors un EBIT en hausse de 28 millions d'euros à 227 millions d'euros.
Le mois dernier, le Marché a eu un petit aperçu de la teneur des comptes du groupe avec la publication de son point d’activité semestriel. Et la tendance était au ralentissement de la croissance de son chiffre d'affaires au second trimestre, le groupe a été pénalisé par un calendrier défavorable d’une part mais aussi par la performance en retrait de son pôle économique. Les ponts du 1er et du 8 mai ont en effet grevé à eux seuls de 10 millions d'euros le chiffre d'affaires du groupe en France. Sur l'ensemble du premier semestre, le groupe français affiche tout de même une progression de +3,6% à données comparables, les pays émergents ont sauvé le semestre d’un groupe qui pâtit des conditions toujours difficiles dans les pays du sud du Vieux Continent.
Quid des perspectives
Les indicateurs économiques et commerciaux pour l’année en cours devraient-ils évoluer dans le bon sens ? Possible, mais la prudence devrait rester de mise avec une économie mondiale qui montre des signes de fatigue. Ce redressement se fera également au prix de nombreux efforts pour un groupe qui était il y a quelques années en grande difficulté. Au terme de l'exercice 2009, Accor a fait état d'une perte nette part du groupe de 282 millions d'euros, contre un bénéfice de 575 millions d'euros un an plus tôt, avec une dette nette de 1,624 milliard d'euros à fin 2009. Alors, pour réduire cet endettement massif, Accor a entrepris depuis une politique de recentrage de ses activités. La vente du « pôle économique » outre-Atlantique illustre bien cette stratégie à l’image de la sortie du traiteur Lenôtre et des hôtels Lucien Barrière. Ces cessions d’actifs ont fait fondre la dette du groupe à 226 millions d’euros fin 2011. Accor devra toutefois, encore et toujours composer avec une faible visibilité en Europe. Un flou artistique qui avait entrainé une chute du cours de l’action en hiver 2011 et qui s’était accélérée l’été dernier sur fond de climat boursier méfiant et maussade… Puis le dossier avait passé un hiver difficile jusqu’à toucher les 17 euros et ainsi revenir sur ses plus bas de 1995. Depuis cet épisode, le titre s’est bien repris, pour gagner près de 60 % et atteindre les 27 euros en avril. Puis, l’action a connu un léger accès de faiblesse pour revenir sur les 22 euros en juin dernier, les opérateurs étaient dubitatifs permis quant à la pertinence des investissements entrepris en Asie-Pacifique alors que le taux d’occupation des chambres restait faible. Au cours actuels, le titre est plus que bien valorisé, un groupe qui se paye près de 19 fois ses bénéfices estimés pour 2013.