A l’heure où les rumeurs vont bon train concernant un plan de sauvetage espagnol à destination de l’ensemble de son économie , Madrid annonce qu’elle pourrait n'utiliser que 60 des 100 milliards d'euros mis à sa disposition dans le cadre du plan de soutien européen afin de recapitaliser ses banques en difficulté.
Selon le ministre espagnol des Finances, Luis de Guindos, dans un entretien publié dimanche par le New York Times, l'Espagne, à qui la zone euro a déjà promis en juin une enveloppe qui pourrait aller jusqu'à 100 milliards d'euros pour ses banques, n’aurait besoin que de 60 milliards, à peine les deux tiers prévu donc, pour renflouer son secteur bancaire, qui peine à se remettre de l’éclatement de la bulle immobilière.
En revanche, la quatrième économie de la zone euro pourrait être amenée dès cet automne à demander un plan de sauvetage plus large, englobant l’ensemble de son économie avec pour priorité absolue de faire baisser ses coûts d'emprunt qui atteignent des niveaux absolument insupportable sur le long terme.
Dans ce contexte, Luis de Guindos, le ministre des finances, a indiqué que la question de savoir si l'Espagne allait demander un nouveau plan de soutien auprès de l'Union européenne était "totalement ouverte", un revirement de situation puisque jusqu’à présent Madrid refusait de demander un plan d’aide qui la placerait de fait sous tutelle européenne. Le ministre a par ailleurs souligné qu’ il avait « bon espoir que la Banque centrale européenne (BCE) décide d'intervenir sur le marché secondaire pour réduire les coûts d'emprunt de l'Espagne » à condition que Madrid apporte des garanties à la BCE sur son engagement à poursuivre ses efforts de consolidation budgétaire.
Mais il en faudra plus pour convaincre l’orthodoxe banque centrale allemande qui martèle son opposition farouche à laisser la BCE jouer les pompiers de service en rachetant sur les marchés des emprunts d'états Espagnols dans la mesure où « Il ne faut pas sous estimer le danger que le financement par les banques centrales peut rendre accro comme une drogue ».
Pour l’heure, les besoins en capitaux des banques espagnoles ne sont pas aussi importants qu’on aurait pu le redouter, ce qui entraine une détente sur les marchés obligataires. Ainsi, le rendement à 10 ans de l’Espagne se détendait de 4 points de base pour s’inscrire à 6,32% alors que parallèlement le rendement Italien de même maturité se détendait d’un point à 5,68%. Le Bund et l’OAT restaient quant à eux inchangés, respectivement à 1,52% et 2,04%.