Eurazeo semble vouloir tourner la page de la pierre. En marge de la publication de ses résultats annuels, la société d'investissement a indiqué vouloir se défaire de ses positions dans l’immobilier. Sa filiale ANF Immobilier a en effet reçu deux offres d'un total de 816,6 millions d'euros pour la cession d'une partie de son patrimoine.
La première offre a été à l’initiative d'un consortium composé de Foncière des Murs et de La Française REM. Il souhaite se porter acquéreur des murs d'hôtels de la chaîne B&B pour un montant de 503,5 millions d'euros. La seconde émanant du britannique Grosvenor, porte sur le parc immobilier lyonnais d'ANF Immobilier et s'élève quant à elle à 313,1 millions d'euros. Les ventes « pourraient se réaliser dans le courant du mois de novembre 2012 », d’après Eurazeo.
Rotation d’actifs
C’est que le holding souhaite redynamiser son portefeuille et l’orienter davantage vers des investissements dans des jeunes pousses dont la croissance est au rendez-vous. En avril 2010, Eurazeo annonce le lancement de Eurazeo Croissance, une structure dédiée à investir dans les PME innovantes et à fort potentiel de croissance. Dernière acquisition en date, l-PuIse, une société française qui développe des technologies innovantes basées sur des impulsions électriques de forte puissance. Eurazeo est ainsi tourné vers l’avenir et se désengage donc de d’immobilier un de ses métiers historiques. La pierre n’intéresse plus la société d’investissement, jugée trop peu rentable. Au niveau de son portefeuille d'entreprises, Europcar aussi fait office de talon d’Achille. Eurazeo a indiqué que le loueur de véhicules avait eu une performance négative avec un résultat d’exploitation en baisse de 3,4 millions d’euros. Alors, pour améliorer les performances de son portefeuille et diversifier le risque, la holding récemment réalisé plusieurs acquisitions comme la société de capital investissement OFI Private Equity, 3S Photonics un spécialiste français des composants opto-électroniques dont le Fonds stratégique d'investissement (FSI) détenait 18% ou encore le fabricant de doudounes Moncler. Concernant ce dernier, le chiffre d’affaires du groupe connaît une très forte progression de 18,9 % à 225 millions d’euros, tirée par la croissance du groupe en Asie, par le fort développement des magasins en propre. Eurezeo a en quelque sorte tiré « le gros lot » puisque Moncler s’avère très rentable avec un EBITDA en hausse de près de 30 % à 39,4 millions d’euros, soit une progression de 150 points de base de la marge d’EBITDA à 17,5 %.
ANR
Eurazeo a creusé sa perte nette au premier semestre de 2012 en raison d'éléments non récurrents. Le holding qui était déjà déficitaire en 2011, a accusé une perte nette de 126,6 millions d'euros au premier semestre après plus de 100 millions l’an dernier. Elle est liée à la moins-value réalisée lors de la cession de la chaîne hôtelière américaine Motel 6 par Accor et à des dépréciations d'actifs. Eurazeo a indiqué qu'il maintenait, malgré ce résultat négatif, son objectif d'atteindre un actif net réévalué par action de 100 euros à l'horizon 2015. Objectif ambitieux alors que cet indicateur a particulièrement souffert ces derniers temps, passant de 70,1 euros en juin 2011 à 53,9 au 22 août de cette année. Une nette baisse qui est liée aux turbulences sur les marchés financiers de l’année dernière… Et elles ont pesé sur les participations cotées d’Eurazeo. Au cours actuels, la décote s’établit à 34 % et de 70% par rapport à ses plus hauts de juin 2007, période à laquelle le cours d’Eurazeo flirtait avec les 120 euros. La crise financière a fait retomber sur les 16 euros en mars 2009 alors que l’indice parisien était au tapis. Après ce gros trou d’air boursier, la valeur s’est repris jusqu’à culminer à quelques encablures des 60 euros. Bis repetita, la chute des indices pendant l’été 2011 a effacé une bonne partie des gains du titre, ce dernier ayant terminé l’année écoulée à 25 euros.