L’horizon s’éclaircit pour la zone euro. Mais pas forcément pour tout le monde. Alors que les mal-aimés de la crise souveraine voient leurs rendements obligataires reculer depuis le lancement du programme OMT, ce qui constitue un signe tangible d’apaisement, l’Allemagne procédait à une adjudication au moment même où les investisseurs prenaient connaissance d’un coup de frein de la croissance de la locomotive européenne.
Au vue de la contraction de 0,5% du PIB survenue au quatrième trimestre, il semblerait que l'économie allemande a finalement été rattrapée par la morosité qui grippe le reste de la zone euro.
En effet, selon Destatis, l'institut allemand de la statistique, la première économie européenne a enregistré une croissance de seulement 0,7% en 2012. Une performance annuelle grevée par le repli de 0,5% de son produit intérieur brut au quatrième trimestre qui équivaut selon JP Morgan à une contraction de 2% en termes annualisés. Un coup de frein d’autant plus brutal qu’il s’agit de la première contraction trimestrielle du PIB allemand depuis le quatrième trimestre 2011, lorsqu'il avait reculé de 0,1%.
Dans ce contexte, les investisseurs ont été peu moins friands que d’habitude des obligations allemandes. Berlin a tout de même levé un peu plus de 4 milliards d’euros sur une maturité de 10 ans, avec une demande qui reste significative puisque le ratio de couverture s’établit à 1,7. En revanche, les rendements exigés par les marchés pour prêter à Berlin sur 10 ans s’inscrivent nette hausse, à 1,56% contre 1,4% lors de la précédente adjudication similaire.
Pourtant, « bien que la croissance économique ait ralenti à 0,7% en 2012, contre 3% en 2011, l'Allemagne s'est montrée relativement solide par rapport au reste de la zone euro, qui est entrée en récession en 2012 », a souligné Destatis qui prévoit 0,3% de croissance en 2013.
De plus, si l’économie allemande a subi un trou d’air au quatrième trimestre, il ne doit pas occulter le fait que les signes encourageants se font jour pour l’avenir de l’union monétaire. A commencer sur le front économique par l'excédent commercial de l’union économique qui a atteint un record pour le mois de novembre, et la baisse des obligations des pays périphériques, signe que les marchés reprennent progressivement confiance, considérant que le pire de la crise de la zone euro est passé.
D’ailleurs, le Portugal qui a bénéficié d’un plan de sauvetage en 2011, a mené avec succès sa première émission obligataire de l'année. Une opération très attendue car elle constituait un test auprès des investisseurs avant le lancement d'émissions à plus long terme.
L'agence portugaise de la dette a donc placé pour 300 millions d'euros de dette à trois mois, avec un rendement qui s’est effondré à 0,67% contre 1,94% lors de la précédente émission du même type. Elle a également émis pour 1,2 milliard d'euros de dette à 12 mois, avec un rendement de 1,61% contre 2,10%, et pour 1 milliard d'euros de dette à 18 mois, avec un rendement de 1,96% contre 2,99%.
Comme quoi, pour les marchés, 2013 ne sera pas 2012.