L’entrée de la puissance publique au capital de Peugeot, n’est plus exclue. Un tabou vient donc d’être levé alors que le constructeur automobile sochalien se débat avec une situation financière de plus en plus dégradée… Il est loin d’être immunisé contre la crise qui touche le secteur automobile européen.
Le groupe Peugeot a en effet annoncé une dépréciation globale de la valeur de ses actifs, de 4,1 milliards d’euros alors qu’ils étaient estimés à près de 15 milliards d’euros fin juin 2011. Le constructeur a préféré préparer les esprits à une telle déconvenue au lieu de créer une onde de choc mercredi prochain lors de la publication des résultats annuels.
La division automobile va être principalement impactée par ces ajustements de la valeur globale de ses actifs à hauteur de 3,888 milliards d’euros. Un peu plus de 3 milliards d’euros sont liés à des ajustements comptables et le solde concerne un ajustement de la valeur nette des impôts différés. Le groupe s’est conformé la recommandation de l'Autorité des Marchés Financiers sur les normes comptables pour prendre en compte contexte de dégradation du marché européen, dont le niveau pourrait rester durablement proche de celui de 2012. Ainsi, Peugeot a procédé à l'analyse de l'écart de valeur entre les capitaux propres inscrits au bilan et leur valorisation économique, reposant sur l'actualisation des flux futurs de trésorerie. Le taux d’actualisation du secteur automobile a également été révisé.
A cette dépréciation de la valeur des actifs de la division automobile s'ajoute un ajustement de la valeur sur des contrats de coopération de 243 millions d'euros. Au total, le montant des dépréciations atteint ainsi 4,1 milliards d'euros qui viendront impacter directement le résultat net. Mais le groupe Peugeot tient à préciser que ces dépréciations d'actifs sont sans impact sur la trésorerie, ni sur la solvabilité… Il ne s’agit que d’une écriture comptable. Mais, la perte nette pourrait avoisiner les 5,6 milliards d’euros alors que les analystes s’attendaient à ce que le groupe annonce la semaine prochaine une perte nette de 1,5 milliard d'euros. Avec la dernière annonce, on est bien loin du compte… Ce déficit historique de 5,6 milliards d’euros va ainsi représenter… 3 fois la capitalisation boursière du groupe. Il n’est guère étonnant que le groupe ait voulu préparer les esprits…
La société rappelle malgré tout que ces dépréciations ne remettent pas en cause ses objectifs de free cash flow opérationnel. PSA Peugeot Citroën confirme son objectif de dette nette à fin décembre 2012, qui devrait s'élever à environ 3 milliards d’euros. Mais, le mal semble déjà fait. Les comptes reflètent en effet la forte dépendance d’un groupe à un marché européen qui est malheureusement bien sinistré. Pour rappel, les ventes du constructeur français restent en berne, marquée par une chute de 16,5 % en 2012. Elles sont ainsi sont repassées sous la barre des 3 millions de véhicules… un niveau inédit depuis 2000.
Face à cette situation des plus précaires pour Peugeot, l’Etat envisagerait de venir à la rescousse du groupe sochalien. Le quotidien ‘Liberation’ croit savoir que l’Etat serait prêt à entrée au capital de Peugeot, mais qu’en « dernier recours » dans le cas où le constructeur automobile ne parviendrait pas à éponger ses pertes. Même si cette annonce n’est qu’au stade de rumeur, elle a le mérite de lever le tabou, celui d’un éventuel sauvetage de Matignon.
Le groupe PSA aura donc fort à faire pour remonter la pente, après une très mauvaise année 2012. Un millésime à oublier pour la marque au lion. Mais l’année qui vient tout juste de démarrer ne sera pas de tout repos pour une société dont les défis à relever sont dantesques. Les opérateurs veilleront à ce que le groupe soit moins gourmand en trésorerie. Le groupe brûle actuellement 200 millions d'euros de liquidités par mois, et souhaite ainsi espère réduire par deux ce rythme infernal en 2013. Mais il est confronté à un secteur automobile qui n’est pas prêt de relever la tête hors de l’eau, surtout en Europe. Vendre.