« Le retour de crise de la zone euro » écrit Citigroup dans une ses notes. Il n’y a qu’à regarder l’envolée (+30 points de base) des taux Italiens pour s’en convaincre. Il y avait un scénario catastrophe pour les marchés concernant les élections italiennes, un scénario dont les probabilités étaient très faibles, et il a fallu que ce soit ce scénario là qui se produise.
Les résultats des élections italiennes plonge en effet le pays dans l’incertitude politique la plus totale avec un centre gauche qui dispose d'une avance à la Chambre des députés contrairement au Sénat où c’est la coalition de droite menée par Berlusconi et la ligue du nord qui arrive en tête.
L’Italie bascule ainsi dans l’impasse politique, une impasse qui pourrait conduire à la paralysie dans la mesure où la nouvelle coalition, si elle parvient à se former, pourrait nuire à la stabilité du pays en faisant marche arrière sur les réformes structurelles qui ont été mises en place par le gouvernement Monti. D’ailleurs, la liste centriste menée par Monti s’est pris une sacrée claque en remportant seulement 9,2% des voix, soit 20 sièges au Sénat alors que le trublion Beppe Grillo rafle 57 sièges, soit 23,8% des voix.
Les solutions possibles pour sortir de l’impasse sont soit l'organisation d'un nouveau scrutin, soit la constitution d'un gouvernement technique ou d'une grande coalition. En attendant une issue, l’incertitude et les tensions politiques italiennes vont probablement durer un certain temps.
Alors que le pire des scénarios possibles, celui d’un parlement italien sans majorité, est en train de se dérouler, les obligations de l'Etat italien plongent en début de séance européenne. Les tensions sur les taux sont très fortes, et sur toutes les maturités notamment sur le rendement des obligations italiennes à dix ans qui s’envole de 29 points de base, pour se négocier à 4,77%, son plus haut niveau depuis la fin du mois de novembre. Dans les tout premiers échanges, le taux à 10 ans a même frôlé les 5%. En conséquence, l'écart avec l'Allemagne (le « spread ») atteint 329 points de base
Pour les observateurs, il s'agit de la pire des situations pour le marché des obligations souveraines depuis que le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, s'est engagé à le soutenir l'été dernier.
D’ailleurs, preuve de la forte tension sur les marchés, l’adjudication italienne, qui ne pouvait pas plus mal tomber. Rome a levé 8,8 milliards avec des taux qui s’envolent pour rejoindre les niveaux d’octobre. Le rendement moyen de la dette à 6 mois s’est effet inscrit à 1,24% contre 0,73% lors de la précédente adjudication.
Emporté par le regain d’aversion au risque, le 10 ans espagnol bondit de 11 points de base pour s’échanger à 5,26%. A l’inverse les obligations considérées comme refuge voient leur rendement se détendre. Le rendement sur le gilt et le bund abandonnent 7 points pour se négocier à 2,01%, et 1,48% respectivement. Le taux sur l’OAT profitait également du regain de prudence pour se détendre de 4 points de base à 2,18%.