Le secteur bancaire européen dévisse alors que le Parlement chypriote doit se prononcer lundi sur le plan de sauvetage européen très contesté qui prévoit de prélever à la source une taxe sur tous les dépôts bancaires. Une mesure inédite en zone euro qui fait trembler les marchés financiers.
En contrepartie d'un prêt de 10 milliards d'euros (55% du PIB) pour l'île au bord de la faillite, les bailleurs de fonds ont exigé l'instauration d'une taxe exceptionnelle de 3% sur tous les dépôts bancaires en-deçà de 100 000 euros, de 9,9% à partir de ce seuil et de 15% pour les dépôts supérieurs à 500 000 euros.
Une taxe qui devrait rapporter 5,8 milliards d'euros alors que le secteur bancaire chypriote représente pratiquement 8 fois la taille de l'économie réelle! A ces taxes s'ajoutent des privatisations et une hausse de l'impôt sur les sociétés, qui passera de 10 à 12,5% sur l'île longtemps perçue comme un paradis fiscal et soupçonnée de manquer de vigilance sur la provenance des fonds placés dans ses banques, en particulier depuis la Russie.
Après l'annonce de ce plan de secours en faveur de Chypre, les valeurs bancaires européennes dévissaient à l’ouverture notamment parce que la décision radicale et inédite de taxer tous les dépôts bancaires risque de raviver l'incertitude sur les marchés financiers.
Si pour le président Nicos Anastasiades le plan de sauvetage, malgré ses conditions draconiennes, est la solution "la moins douloureuse", les banques de l'ensemble de la zone elles, sont sous pression.
Le titre Société Générale (GLE.FR) perd 4,7% à 28,56 euros, tandis que BNP Paribas cède 4,2% à 42,16 euros. Crédit Agricole (ACA.FR) abandonne de son côté 4% à 6,89 euros. En Espagne aussi, les banques dévissent. Santander perd -3,9%, BBVA abandonne -3% alors qu’UniCredit chute de 5,69%. Même tendance à la Bourse de Milan où Intesa Sanpaolo recule de 4,47%.
En début de matinée, Madrid affichait la plus forte baisse à -2,45%, suivie par Milan (-2,15%), Paris (-2,01%), Francfort (1,58%) et Londres (1,37%). Les Bourses asiatiques avaient déjà donné le ton un peu plus tôt, Tokyo finissant sur une forte baisse de 2,71% et Hong Kong perdant 2%.