Jeudi 24 octobre

Le 8 octobre dernier, Fidelity a organisé une conférence-débat sur le thème « les nouveaux visages de l’Asie ». Une intervention de Philippe Dessertine, Directeur de l'Institut de Haute Finance à l'Institut Français de Gestion, est venue clore cette matinée qui fleurait bon l’Asie. Et MonFinancier était présent à ce rendez-vous pour prendre connaissance du ressenti de l’économiste sur la situation économique et financière de cette région du monde.

Philippe Dessertine a commencé son intervention par une constatation : la situation économique des pays asiatiques dépend de la bonne santé des économies européennes et américaine. Pour le troisième trimestre, la Banque Mondiale anticipe des PIB positifs pour l’Union Européenne, les Etats-Unis et le Japon. Un fait inédit depuis 30 mois. Ces perspectives sont favorables pour les pays émergents sur fond de politiques monétaires accommodantes qui déstabilisent l’ensemble des échanges monétaires. Ainsi, les pays émergents verront une amélioration sensible de leur situation économique au second semestre 2013. Elle sera plus modérée en 2014 et 2015. Philipppe Dessertine tient à rappeler que l’Asie contribue pour 40% à la croissance mondiale, et que cette zone a la plus forte croissance dans le monde. « Son poids tend à augmenter », prédit l’économiste. Elle représente également 30% des échanges mondiaux. L’expert tient également à préciser que le continent asiatique est loin d’être un territoire uniforme. Trois zones économiques se distinguent : Association des nations de l'Asie du Sud-Est ou ASEAN, la Chine et le Japon. Cette dernière est à la fois une grande puissance asiatique mais aussi occidentale.

L’ASEAN jouit de perspectives de croissance très fortes. Elle est de 5/6% voire de 10% dans certaines petites régions de la zone. Selon Philipppe Dessertine , ces pays recèlent en effet un énorme potentiel de concurrence, de croissance et d’exportation. Il signale également que l’ASEAN pourrait ainsi faire de l’ombre à la Chine. La question qui se pose est la suivante : comment l’empire du Milieu va-t-il se comporter face à une concurrence qui toque à sa porte ? La Chine a en effet connu un ralentissement assez prononcé en 2013. La croissance est attendue aux alentours des 7,5% pour 2013 alors qu’elle était deux fois supérieure en 2007, juste avant la crise des subprimes. Cette croissance « faible » pour le pays implique des réflexions structurelles. Le modèle économique chinois a été basé sur une logique d’investissement fort, indispensable à la croissance du pays. Le visage urbain a été sensiblement modifié. Sur les années 2008/2009, la Chine a lancé un plan de relance de 500 milliards de dollars, soit « le plus important du monde », si on le rapporte au PIB, explique l’économiste.

Mais depuis novembre 2012, le modèle économique chinois tend à reposer sur la consommation. Cette que la transition vers une économie de consommation doit franchir des étapes structurelles complexes mais salvatrices et source d’opportunités pour ce pays. Alors avec cette mutation, l’économiste souligne que le Parti Communiste chinois aura de nombreux défis à relever : troubles venant de la population, défis sociaux, politiques et financiers. Pour le dernier risque, il s’agit des dettes colossales des provinces et municipalités chinoises. Elles sont devenues une source d'inquiétude chez les investisseurs. L'essentiel des dettes ont été contractées via des véhicules d'investissement spécialement créés pour pallier l'incapacité des collectivités à emprunter en leur nom. Or, le manque de transparence constitue une incertitude supplémentaire sur le secteur financier. La Chine est la deuxième puissance du monde et est en lien avec le système financier mondial, avec des fragilités gigantesques et pas de règles. « Il faut regarder ce qu’il se passe en Chine parce que notre finance est en train de partir là-bas. » prévient-il.

Philippe Dessertine se penche désormais sur le Japon, pays qui est revenu sur le devant de la scène depuis l’élection de Shinzo Abe. L’expert tient à rappeler que l’Archipel a fort à faire pour sortir de l’ornière. Une situation héritée des accords du Plaza en 1985, dont les conséquences ont été fatales pour l’économie japonaise très dépendante des exportations. Celle-ci est immédiatement et particulièrement sensible à la baisse du dollar et, pour lutter contre une récession qu'elle juge inévitable, la Banque du Japon a dû baisser cinq fois son taux d'escompte entre janvier 1986 et février 1987, le ramenant de 5% à 2,5 %. Les accords du Louvre en 1987 conduit une forte hausse des taux d'intérêt à long terme et au krach conjoint le 19 octobre 1987 des marchés obligataires et des marchés d'actions.

Pour redresser la barre, l’économiste rappel les moyens d’action de Shinzo Abe, les fameuses « flèches » : réévaluation du yen, modification du lien économique du Japon avec ses exportations et impression monétaire massive. L’approche du premier ministre est qualifiée d’ « agressive » par l’expert. Tous les mois 55 milliards de dollars sont injectés dans l’économie japonaise. Philippe Dessertine s’est même autorisé un comparatif des plus éloquents: l’injection mensuelle des liquidités aux USA et au Japon est égale à 1,5 fois la totalité du montant du New Deal après-guerre !

Cette politique monétaire très offensive du Japon, aura des conséquences sur les échanges des pays de l’ASEAN, prévient l’expert. L’ASEAN redoute en effet que la baisse du yen et la reprise des exportations du Japon ne viennent peser sur les exportations des pays émergents dont la Corée du Sud. La croissance du troisième pays d’Asie est attendue sous les 3% en 2013 et aux alentours de 2,5% en 2014 et 2015. Le pays souffre du ralentissement des exportations sur la zone et hors zone et de la demande intérieure. Les ménages sud-coréens sont très lourdement endettés. Si les marchés de taux bougent, cette situation présente un risque. Par ailleurs, la baisse des cours des matières premières sont aussi un frein à l’expansion économique des pays à revenus intermédiaires.

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