A peine a-t-il testé le seuil des 1,39$ que certains responsables de la BCE se relayent dans la presse pour manifester leur insatisfaction face à la récente appréciation de l'euro.
Pour Christian Noyer, le membre du conseil des gouverneurs de la BCE, "Il est clair que lorsque l'euro commence à se renforcer, et que cela engendre des pressions supplémentaires sur l'économie et sur l'inflation. Cette situation ne se justifie pas dans l'immédiat", a déclaré Christian Noyer dans un entretien accordé à Bloomberg TV."
En s’échangeant autour des 143,20 contre le yen, l’euro s’est adjugé près de 15% sur un an face à la devise japonaise, même si c’est avant tout le yen, par volonté politique qui a reculé face à l’ensemble des devises.
Mais force est de reconnaitre que la tendance de la devise européenne est à la hausse. L’euro s’est ainsi apprécié de 6,5% face au dollar pendant l'année écoulée, freinant la demande extérieure pour les produits européens et pesant sur les prix dans l'union monétaire. Car le spectre d’une déflation continue de hanter les investisseurs alors que le taux annuel d'inflation de la zone euro s'est établi à 0,8% en février, bien en deçà de l'objectif de la BCE, qui est d'un taux à peine inférieur à 2%.
Et pourtant malgré une faible inflation, qui risque de fragiliser un peu plus la reprise, notamment pour les pays périphériques de la zone euro qui tentent par tous les moyens de restaurer leur compétitivité, la banque centrale européenne n'a adopté aucune nouvelle mesure d'assouplissement lors de sa réunion mensuelle du 6 mars.
Malgré la baisse des prix, la BCE considère que "le degré extrême d'assouplissement de notre politique monétaire actuelle semble fonctionner jusqu'ici". Nul besoin donc de modifier la politique monétaire pour jouer sur les parités de changes, qui ne relève pas des attributions. Le gouverneur de la Banque de France a tout de même pris soin de rappeler que la BCE était "prête à agir" si les perspectives de la région venaient à se détériorer ou si son économie était affectée par un ralentissement ailleurs dans le monde.
Christian Noyer s'est enfin dit "très ouvert à toutes sortes d'instruments" que pourrait déployer la BCE si de nouvelles mesures de soutien étaient nécessaires, y compris une nouvelle opération de financement pour les banques ou l'acquisition d'actifs sur des marchés qui ne fonctionnent pas bien.
Pour l’heure, dans un marché action baissier, l’euro recule symboliquement de 0,05%, à 1,3870 face au dollar et cède 0,16% face au yen, à 143,11 yens. En revanche, il continue de s’apprécier face aux autres principales devises (franc suisse, dollar canadien et australien, etc) et grimpe même de 0,5% face au sterling, pour s’échanger à 0,8337