Bouygues n’entend vraiment pas se laisser faire sur SFR. On croyait l’affaire entendue après l'entrée en négociation de sa maison mère Vivendi avec Altice/Numericable. Bien au contraire. A la surprise générale, le groupe de BTP a déposé mercredi une nouvelle offre sur SFR avec le concours de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), le bras financier de l’Etat.
Pour séduire Vivendi, le conglomérat a donc augmenté son offre à hauteur de 13,15 milliards d'euros, auxquels s'ajoutent 21,5% du capital du nouvel ensemble. Précédemment, il proposait 11,3 milliards d'euros et une participation de 46%.
Et pour mener cette âpre bataille et ainsi rafler la mise au nez et à la barbe d’Altice, Bouygues est accompagné de la CDC mais aussi de la famille Pinault et JCDecaux. Ces partenaires ont accepté de « rentrer ou se renforcer au capital du nouvel ensemble », aidant ainsi Bouygues à relever le montant qu'il propose, précise Bouygues. La CDC connait bien le groupe de BTP. Le bras financier de l’Etat est en effet déjà actionnaire à 3 % de Bouygues et a indiqué être prêt à apporter 300 millions d'euros à la nouvelle offre, ce qui lui permettrait de prendre une part de 3 % dans la nouvelle entité.
La nouvelle offre valorise SFR à 17,4 milliards d'euros « en intégrant la totalité des synergies, dont 16,3 milliards d'euros d'ores et déjà sécurisés par l'accord avec Free », à qui Bouygues s’est dit prêt à céder au groupe de Xavier Niel l'intégralité de ses 15 000 antennes et ses fréquences mobiles pour un montant de 1,8 milliard d’euros. Avec cette opération, Bouygues entend un temps d'avance sur l'Autorité de la concurrence, puisque les deux opérateurs SFR-Bouygues Telecom réunis, représenteraient la moitié du marché mobile en France.
Du côté de Kepler Cheuvreux, le courtier estime que Numericable pourrait être amené à relever aussi la part de cash de son offre durant les deux semaines d'exclusivité qui le lie encore à Vivendi. A l’issue de cette période de négociations exclusives, le Conseil de surveillance se réunira à nouveau pour examiner les suites à donner et s'il doit en conséquence mettre un terme aux autres options envisagées.