Le secteur automobile a été le compartiment qui a connu le plus de mouvements cette semaine dans un marché plutôt atone, pour ne pas dire sans intérêt. Les valeurs du compartiment ont en effet été ballotées entre fortes hausses et baisses en fonction de l’humeur du moment des investisseurs.
Bon cru printanier pour les immatriculations
En début de semaine, tout roulait pour les valeurs automobiles et pour les équipementiers. Le compartiment a été dopé par les dernières immatriculations de véhicules neufs dans les pays de l'Union européenne. Elles ont progressé de 4,6 % en avril, à 1,09 million de véhicules selon l’association des constructeurs européens d'automobiles. Il s'agit du huitième mois consécutif de hausse. Et depuis le début de l’année, tout va pour le mieux pour les constructeurs automobiles, les immatriculations se sont appréciées de 7,4%. Ce début d'année 2014 «marque ainsi le retour simultané dans le vert des cinq grands marchés - France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni - depuis 2009», selon l'association européenne.
Du côté des constructeurs français, aucun nuage ne se profile à l’horizon. PSA Peugeot Citroën a en effet vu ses ventes progresser de 5,2% en avril, soutenu par le lancement de nouveaux modèles comme le crossover compact Peugeot 2008 ou encore le nouveau Citroën C4 Picasso. La part de marché du groupe s'est par ailleurs stabilisée à 11,2%, alors qu'elle avait baissé sur l'ensemble de 2013. Mais c'est Renault qui, sans aucune contestation possible, reste au-dessus de la mêlée avec un bond de 16,1% de ses ventes et de 34,6% pour sa seule marque à bas coûts Dacia. La part de marché de la marque au losange en outre progressé à 9,9%.
Quelques secousses tout de même
Malgré ces bons chiffres, Peugeot et Renault se prirent un platane, ployant sous les inquiétudes des investisseurs concernant le ralentissement en Chine et de la fragilité de la reprise en Europe. Mais ces craintes ont également été prétextes à des prises de bénéfices appuyées sur les équipementiers automobiles. Ces derniers ont été dans le viseur des opérateurs après avoir affiché de copieuses hausses depuis le début de l’année. Sur la semaine, le bilan est tout de même nettement positif. Plastic Omnium affiche une hausse de près de 10% sur les cinq dernières séances. Faurecia reprend près de 9% quand son alter-ego Valeo gagne 7%. Plastic Omnium a été le chef d’orchestre de cette hausse, l’équipementier français pousse encore plus ses pions aux Etats-Unis. Il a en effet annoncé la construction de deux usines outre-Atlantique.
Aller chercher la croissance là où elle se trouve
C’est que les Plastic Omnium, les Faurecia et autres Valeo sont allés chercher la croissance là où elle se trouve : aux Etats-Unis et en Asie. Ces deux relais de croissance ont permis à ces groupes de sortir la tête hors de l’eau après avoir terriblement souffert en 2008 et 2009 au plus fort de la crise financière. Les constructeurs automobiles avaient brutalement arrêté de passer commande et effet domino oblige, les équipementiers n’avaient que d’autres choix que de faire le dos rond en attendant que l’orage passe…Il n’y a qu’à regarder leur cours de Bourse, tous au tapis. Faurecia flirtait avec 5 euros quand Plastic Omnium était dans les abysses boursiers à 0,92 euro au plus bas historique. Cette sombre page de leur histoire est désormais dans le rétroviseur. Pour eux l’année 2008 n’est qu’un lointain souvenir…. Comme Plastic Omnium, Valeo et Faurecia sont désormais solidement ancrés dans des zones à croissance, où ils enchaînent les contrats et ouvertures de sites à un rythme effréné. Fini le temps où ils étaient tributaires des constructeurs domestiques. Renault et PSA ne représentent plus aujourd'hui qu'un cinquième de leur chiffre d'affaires. Sur les trois dernières années, les trois sous-traitants français ont ainsi retrouvé une santé de fer depuis qu’ils ont contraints d’exporter leur savoir-faire hors d’Europe. L’avenir leur appartient. Avec les opportunités qui vont avec…
Les prochains défis pour les constructeurs automobiles
Pour les constructeurs automobiles français, la situation est moins radieuse même si elle n’est pas comparable à 2009. Même si les immatriculations reprennent de l’allant, Renault doit toujours rester sur ses gardes et prêter une grande attention à la question des sanctions à l'égard de la Russie. La marque au losange est exposée au pays puisque la Russie était, l’an dernier, le troisième marché du groupe derrière la France et le Brésil. Ensuite, Renault est le premier actionnaire du premier constructeur russe AvtoVAZ plus connu par sa marque commerciale Lada et qui détient environ un cinquième du marché russe. Pour Peugeot, la situation financière du groupe reste la préoccupation majeure des investisseurs. Le groupe entend réunir 3 milliards d’euros avec deux augmentations de capital lancées fin avril. De l’argent frais bienvenu pour un groupe dont la trésorerie lui brûle entre les doigts. L’opération a été sursouscrite, preuve de la confiance témoignée par le marché dans la réussite du plan de redressement présenté par Carlos Tavares, le nouveau président du directoire. En attendant de récolter les premiers fruits de son programme, le groupe devra tout d’abord s’attacher à recouvrer la confiance du marché. Ce dernier a une mémoire d’éléphant et au moindre faux pas, la sanction sera directe...