« Danny,
- Oui, qui est ce ?
- Tu ne reconnais plus ton petit frère ?
- Lionel ! Il est 4h du matin à Paris. Tu me réveilles. Et en plus je me suis assoupi il y a à peine une heure…
- Je croyais que tu ne dormais jamais Danny, je croyais que tu veillais tout le temps. Je vais bien merci quand même… Hong Kong est toujours aussi incroyable et actif. Je n'ai vraiment pas envie de rentrer en Europe
- Reste là bas. Ici c'est la désolation. La déprime totale.
- Dis moi Danny, les Chinois me harcèlent pour savoir ce que je pense du sauvetage Grec et de la zone euro
- Quels chinois ?
- Le fonds souverain
- C'est eux qui ont acheté ce matin et qui ont fait monter l'euro au dessus de 1.33 ?
- Oui. Et ils veulent en racheter encore mais ils ont peur que ça explose à nouveau. Tu en penses quoi Danny ?
- On va se stabiliser un peu mais ça va exploser dans quelques mois. Mes copains vautours m'ont même proposé d'attaquer la France et l'euro fin avril.
- Bonne ambiance. Donc je leur dis de ne pas toucher ?
- Dis leur qu'ils peuvent acheter jusqu'à avril et qu'ils doivent se sauver avant.
- Tu me diras si vous attaquez et quand ?
- Tu veux aussi mon numéro de compte et mon code secret ?
- Pas besoin, Danny, je les ai déjà.
- Tu m'inquiètes un peu à fricoter comme ça avec les Chinois. Tu ne prends pas trop de risques ?
- T'inquiète papy… Merci de veiller sur moi. Tu sais que le Lionel tire toujours son épingle du jeu
- Sois prudent quand même. Les Chinois, ce ne sont pas des tendres. Si tu les plantes, ils te jetteront aux chiens
- Et ils me mangeront ensuite ?... Tu m'as déjà vu planter quelqu'un ?
- Oui… Moi. Je te rappelle que le coup que tu m'avais proposé sur le rouble m'a coûté 10 millions d'euros. Tes tuyaux sont toujours percés.
- Mes partenaires russes s'étaient un peu trompés de timing….
- Oui. Une erreur de six mois et de quelques centaines de millions d'euros.
- Tu m'en veux encore Danny
- Je ne t'en veux jamais, c'est ça le problème. Sois prudent quand même
- Dac. Bye ».
Lionel était mon stagiaire quand je dirigeais les salles de marché de Bank of New York en Europe et en Asie. Je l'ai vu grandir. Je l'ai protégé. Depuis quelques mois il s'est installé à son compte à Hong Kong comme conseil en investissement pour des grands fonds et j'ai peur qu'il dérape. Il a souvent été borderline et j'ai dû le sauver plusieurs fois de la catastrophe.
Je vais me recoucher.
Je suis crevé.
Il ne va rien se passer sur les marchés aujourd'hui.
Le moment de sortir les flingues n'est pas encore arrivé.
