Le calme. Le calme avant la tempête ou le repos des guerriers?
Ces journées où rien ne se passe ou presque sur les marchés me font penser aux champs de bataille dans les films de guerre. Avant la bataille.
"Ran" de Kurosawa. Un silence assourdissant. Des milliers de soldats immobiles. Debout. Portant les étendards rouges, jaunes ou bleus de leurs armées respectives. Attendant. Sans bruit. Un signal. Pour attaquer. Ou pour se replier. Les trois chefs des armées sont au centre du champ de bataille. Ils tentent une dernière négociation. Si elle aboutit, chaque armée rentrera dans ses villages, chaque soldat rejoindra sa famille. Si elle échoue, chaque armée ira au massacre avec enthousiasme, peu de soldats reverront leurs familles.
"Gladiator".La première scène. On attend le retour de l'émissaire romain parti négocier la reddition des Germains.
C'est exactement comme ce vendredi sur les marchés.
Les "bears" vont ils rendre les armes? Vont ils céder à la nouveau vague d'optimisme?
Vont ils accepter la capitulation?
Ils ont encore des armes: la situation de la Grèce, qui va faire faillite, l'Europe et les Etats Unis qui malgré les quelques signes positifs n'échapperont pas à une nouvelle récession, la Chine qui tente désespérement de dissimuler l'échec de sa reprise économique dictatorialement assistée et l'Allemagne qui regarde le monde s'écrouler de sa tour d'ivoire dont les fondations reposent pourtant sur ce monde qui s'écroule....
On entend le souffle des armées de traders.
On les sent fatigués, épuisés mais prêts à repartir à la bataille.
Moi je ne capitulerai pas.
Et je ne suis pas le seul.
Ca y est... Il se passe quelque chose. Un bruit. De plus en plus distinct.
On entend les pas rapides du cheval de l'émissaire envoyé chez les "bears".
Comme dans Gladiator, il revient. Au galop. Sur sa monture.... Gros plan: sa tête a été coupée. Pas de capitulation, pas de trêve.
La guerre continue.
La guerre que se livrent tous les jours les bulls et les bears, les haussiers et les baissiers. Une guerre sans merci. Une guerre sans prisonniers. Une guerre sans pitié. Une guerre dont l'argent est l'enjeu mais dont les victimes collatérales sont bien humaines.
Le silence du champ de bataille me fascine.
La présence de ces milliers de combattants m'électrise.
Il n'y aura jamais de paix. Jamais.
Nous vivons pour cette guerre quotidienne. La guerre des marchés financiers.
Et cette guerre là ne s'arrêtera jamais.