Plus je lis les journaux, plus je regarde les news, plus j'essaie de prendre du recul, et plus j'ai l'impression que nous sommes en train d'écrire une page de l'histoire économique du monde.
Il ne s'agit pas seulement de la crise de l'euro, d'un ralentissement économique en Chine, de problèmes d'emploi et d'immobilier aux Etats-Unis ou d'inflation dans les pays émergents.
C'est l'impression de plus en plus forte et de plus en plus frappante que le monde des 10 dernières années, le monde de l'après 11 septembre 2011, le monde où l'afflux d'argent sur les marchés financiers, a fait flamber la planète jusqu'à l'explosion de 2008, a basculé.
Il a basculé en 2008, me direz-vous.
C'est vrai. Et faux.
Il est tombé en 2008.
Il a fait une crise cardiaque.
On l'a réanimé.
Et on le maintient en vie de façon artificielle.
Avec de l'argent fictif injecté gratuitement dans des banques mortes vivantes.
C'est aujourd'hui que le monde bascule.
Et ce n'est pas une catastrophe.
Au contraire.
Les 10 dernières années ont été une catastrophe.
On a créé de la croissance mondiale artificiellement avec de la dette sur des fondations totalement pourries. L'exemple de l'Espagne ou des Etats-Unis des subprimes en sont les illustrations frappantes.
Cette bulle explose.
On essaie encore de recréer de la croissance artificiellement et on n'y parviendra pas.
Le monde doit réapprendre à fonctionner normalement.
Les Chinois doivent arrêter de bouleverser tous les équilibres mondiaux en ne privilégiant que leur intérêt à court terme. Et ils sont obligés aujourd'hui de le faire.
Les Etats-Unis doivent arrêter de vivre à crédit et réapprendre à épargner et à gérer sainement leurs finances. Et ils sont obligés aujourd'hui de le faire.
La zone euro doit décider maintenant si elle peut continuer à exister, si elle doit disparaître ou si elle doit se scinder en deux parties. Et elle est obligée aujourd'hui de le faire.
Les pays émergents doivent dompter leur croissance débridée pour que l'inflation ne vienne pas détruire leurs avancées des dix dernières années. Et ils sont obligés aujourd'hui de le faire.
Le Japon doit sortir de sa torpeur de vieux pays de vieux riches. Et il est obligé aujourd'hui de le faire.
Cette sensation d'assister à la mort d'un monde ancien et l'émergence d'un monde nouveau est grisante. La phase de transition peut être effrayante mais ce qui en sortira sera fascinant et extrêmement positif. Le monde est mort. Vive le monde.
