On quitte la chaleur du Brésil et le rythme endiablé de la samba pour atterrir dans une région des Etats-Unis dont la surface cumulée des lacs est aussi étendue que le Royaume-Uni. Bienvenue dans le Nord des Etats-Unis, région qui a fait l’an dernier l’actualité avec la mise en faillite de Détroit. Il y a un an, the Motor City est devenue la plus grande ville américaine à se déclarer officiellement en faillite. Etranglée par une dette d’au moins 18 milliards de dollars, la municipalité est désormais placée sous tutelle judiciaire. Triste sort pour une ville qui fût l’étendard de l’automobile triomphante au début du XXe siècle. Mais rien n’est impossible aux Etats-Unis. Même dans l’adversité, les américains savent se relever comme en témoignent la renaissance du groupe General Motors en 2010 ou le retour des emplois industriels dans les domaines du textile, de l’automobile ou de la chimie.
« Made in USA »
Détroit ou l’épicentre du chaudron industriel américain. Les usines pullulent, crachant leur fumée noire de leurs longues cheminées. Cette image d’Epinal d’une Amérique dynamique et prospère a parcouru les livres d’histoire, célébrant Ford, tel un héros et héraut d’une industrie automobile qui n’en était qu’à ses balbutiements. Graham Bell et son téléphone, Thomas Edison, le fondateur de General Electric et reconnu comme l’un des inventeurs américains les plus importants et les plus prolifiques avec plus de 1 000 brevets à son actif, sont tous deux les locomotives de cette révolution industrielle américaine. Et c’est entre la côte Atlantique et le Midwest que ce vivier a éclos à la fin du XIXème et début du XXème siècle. Un essor de cette industrie qui a permis de détrôner au passage la Grande-Bretagne, l’ancienne grande puissance coloniale. Mieux encore, c’était l’ancien espace dominant de l’économie jusque dans les années 1950, pour les fonctions essentielles : sidérurgie, Automobile, Chimie, ce sont autant de vecteurs qui ont permis aux Etats-Unis d’asseoir sa toute-puissance avec comme symboles de cette époque bénie, Ford, GM et Chrysler, le triptyque gagnant qui a permis à des millions d’Américains d’accéder à l’automobile. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les usines américaines assuraient plus de la moitié de la production de la planète. Les Etats-Unis jouissaient alors d’une suprématie économique sans conteste dans le monde. Mais dès les années 60, cette domination s’est érodée au fur et à mesure que de nouveaux pays industrialisés d’Asie tels que la Corée du Sud, Singapour etc. montaient en puissance. La tertiarisation de l’économie des Etats-Unis a amplifié ce phénomène. Les Etats-Unis n’étaient plus l’usine du monde. Dans les années 70, cette puissante dynamique se brisa, tous les secteurs sont alors touchés par la crise : la sidérurgie, puis l’automobile etc. tandis que d’autres, comme les produits de l’industrie électronique, sont en plein essor. Kodak est un des nombreux exemples de la rivalité Etats-Unis/Japon sur les dernières décennies. Rendue célèbre dans le monde entier pour ses fameuses pellicules, l’américain a fortement été concurrencé par le Japonais Fuji, au point de lui avoir fait perdre son quasi-monopole et de l’entrainer vers une banqueroute historique, le groupe ayant raté le virage du numérique.
Mais les faillites des géants ont des fins heureuses à l’image de la restructuration du constructeur automobile General Motors, naguère symbole de l’Amérique industrielle, qui a été en faillite en 2009. En 2010, le « nouveau GM » revient en Bourse délesté de sa lourde dette. Tel un phénix, General Motors et d’autres sociétés ont pu renaitre de leur torpeur voire de leurs cendres. De l’électronique à la machine-outil en passant par le textile, l’automobile ou la chimie, les 7emplois industriels sont de retour aux Etats-Unis. Le groupe français de pneumatiques Michelin va investir 750 millions de dollars aux Etats-Unis pour y construire une usine en Caroline du Sud. Le motoriste britannique Rolls-Royce a, lui, commencé en 2011 à fabriquer certaines pièces détachées en Virginie, dans l’est des Etats-Unis. Même le géant Lenovo s’est également converti aussi au « Made in USA » avec l’implantation d’une usine en Caroline du Sud. Tout un symbole..
Mais il n’y a pas que l’industrie telle que l’on s’imagine qui dynamise l’économie américaine. Les États-Unis dominent en effet les industries de pointe, comme l’aérospatiale, l’électronique et occupent également le premier rang dans les secteurs de l’agroalimentaire et de la chimie (13 % du marché mondial). Les fibres synthétiques, avec Dupont de Nemours ; les produits pharmaceutiques, avec Merck Johnson & Johnson ; les lessives, avec Procter et Gamble, illustrent leur réussite.
L’étendue du gigantisme économique américain
L’envergure est la marque de fabrique des majors pétrolières, à l’instar d’ExxonMobil, le poids lourd du secteur. Avec un chiffre d’affaires de 393,97 milliards de dollars, pour un bénéfice de 32,60 milliards, le groupe américain est l’une des 10 entreprises mondiales qui dégagent le plus de bénéfices. Pour la petite anecdote, son chiffre d’affaires est très proche du PIB de l’Autriche et est ainsi supérieur à celui de 166 des 193 états reconnus par l’ONU. Avec ce palmarès, il n’est guère étonnant que le groupe pétrolier se hisse au rang de deuxième capitalisation boursière du monde en 2014 (422 milliards de dollars) derrière Apple (483 milliards de dollars). Elle représente environ 2 % de la capitalisation du New York Stock Exchange, la célèbre bourse mondiale qui accueille dans son antre le Dow Jones, le plus vieil indice du monde.
Depuis sa création en 1885, le Dow Jones aura donc vu sa composition modifiée 51 fois. Malgré ce jeu de chaises musicales, certaines valeurs de ce prestigieux indice font office de derniers des Mohicans. A l’image de General Electric qui a beaucoup fait parler de lui avec le rachat des activités énergies d’Alstom. C’est la seule valeur à ce jour qui est présente dans le Dow Jones de manière ininterrompue dans l’indice depuis novembre 1907. La huitième capitalisation mondiale et septième entreprise mondiale, est un conglomérat englobant 36 filiales dans plus de 142 pays. DuPont et 3 M font également figure de vieux briscards du Dow Jones. Ces deux poids lourds de la chimie font partie du paysage industriel américain. DuPont de Nemours, cette société à la tonalité bien française, a été fondée par un Français qui a traversé l’Atlantique pour échapper à la Révolution. Ironie du sort, c’est elle qui est à l’origine de la révolution des « matières plastiques » tout au long du XXe siècle, avec la découverte du Nylon, puis en développant des matériaux tels que les polymères (Néoprène, Teflon, Kevlar ou Lycra). Sans DuPont, pas de collants, ni de tenue de plongée ou de gilets pare-balles. Les produits de 3 M, anciennement Minnesota Mining and Manufacturing Company, font également partie du quotidien. Post-it, Scotch... sans 3M, le dictionnaire n’aurait pas été enrichi de ces marques qui font partie du langage courant.
Mais réduire le Dow Jones à des valeurs industrielles pures serait inexact. La composition de l’indice est plutôt bigarrée car elle tient compte des mutations qui ont émaillé l’industrie américaine. D’autres secteurs économiques y sont représentés comme la pharmacie (Merck), ou l’aéronautique (Boeing). Et le plus vieil indice boursier fait désormais la part belle aux banques et autres services financiers. L’année dernière, Goldman Sachs et Visa avec Nike ont été promus dans l’indice vedette en lieu et place d’Alcoa, le géant de l’aluminium connu entre autres pour donner traditionnellement le coup d’envoi de la saison des publications d’entreprises aux Etats-Unis. C’est la première fois depuis près de dix ans que la décision est prise d’ôter trois sociétés en une fois. Il reste quand même vingt-sept sociétés qui ont été épargnées par ce remaniement indiciel. Dont Wal Mart, le géant américain de la distribution, citée comme la plus grande entreprise du monde en termes de chiffres d’affaires. C’est du moins ce qui ressort du classement établi par le magazine Fortune. Avec unchiffre d’affaires de 476,29 milliards de dollars et 16,02 milliards de profits,
Wal-Mart peut se targuer d’être l’entreprise la plus puissante de la planète. Surtout que le groupe devance plusieurs sociétés pétrolières comme Shell ou ExxonMobil cité plus haut. Mais pas en termes de capitalisation, ExxonMobil reste toujours le roi du Dow Jones.
Convaincus? Vous avez l’embarras du choix pour mettre une partie de l’économie américaine dans votre portefeuille. Retrouvez notre sélection ici>