Cela faisait longtemps qu’une publication de Rémy Cointreau n'avait pas remporté tous les suffrages au sein de la communauté financière. Les résultats du premier semestre restent certes dégradés mais ils ressortent supérieurs aux anticipations.
C’est surtout le résultat opérationnel courant du numéro deux français des spiritueux qui donne entière satisfaction. L’indicateur a certes plongé de 23,1% à 102,1 millions d'euros mais il ressort toutefois supérieur au consensus logé à 89 millions. Rémy Cointreau a su limiter l’impact des mesures anti-corruption prises par Pékin sur la rentabilité en contrôlant davantage ses frais de holding et en ciblant ses investissements marketing.
Pour rappel, Xi Jinping, à peine élu président de la Chine en 2013, a fait de la lutte contre la corruption des officiels chinois une priorité. C’est surtout Remy Martin, qui faisait autrefois les beaux jours du deuxième groupe français de spiritueux, qui est le plus pénalisé par ce virage à 180 degrés décidé par Pékin. Remy Cointreau avait en effet basé sa stratégie sur des gammes de Cognac les plus élitistes, comme le Louis XIII, commercialisé au prix de 2.500 euros la bouteille. Au premier semestre, le résultat opérationnel courant de la marque de cognac Rémy Martin a ainsi baissé de 27,7% en données organiques, à 78 millions d'euros. Ce trou d’air met donc en exergue la dépendance du groupe au cognac, la boisson pèse pour 80% de son résultat opérationnel et la Chine pour environ 40%.
Si Rémy Cointreau boit la tasse avec le cognac, le pôle liqueurs et spiritueux a vu sa rentabilité nettement s’améliorer à la faveur du succès de Cointreau aux Etats-Unis, des fortes ventes de la liqueur Metaxa et un doublement des ventes du whisky très haut de gamme Bruichladdich.
Les profits du groupe s'inscrivent de leur côté en baisse de 9,4% en données publiées, à 62,7 millions d'euros, mais affiche néanmoins une progression de 5,7% en organique. Déjà publié, le chiffre d'affaires a reculé de 15,5% au premier semestre, à 471,8 millions d'euros. En données organiques, hors variations de périmètre et effets de change, les revenus du groupe ont reculé de 5,6%.
Pour 2014-2015, bien que « l’environnement macro-économique reste contrasté au niveau mondial », Rémy Cointreau confirme une croissance organique positive de son chiffre d'affaires et de son résultat opérationnel courant. Ces perspectives ne prennent pas en compte la fin d'un contrat de distribution aux Etats-Unis et s’entendent sur la base des comptes 2013-14 pro forma et à devises constantes.