Chacune leur tour, les grandes banques centrales de la planète ajustent leur politique monétaire face à la perspective de voir la BCE se lancer dans un vaste de programme de rachats d’emprunts souverains dès jeudi prochain.
Par anticipation, la BNS a abandonné la semaine dernière son plancher de 1,20 contre l’euro car cela lui coutait trop cher de déverser des tombereaux de liquidités pour faire baisser le cours de sa monnaie afin de préserver la compétitivité de son économie.
La veille, c’est la banque centrale danoise qui a abaissé le taux de facilité de dépôts pour le faire passer en territoire négatif à -0,2% ce qui revient pour les banques à payer une légère prime pour déposer leurs liquidités dans les coffres de la banque centrale danoise.
Et aujourd’hui, c’est au tour de la Banque centrale turque de se résigner à annoncer une réduction d'un demi-point son principal taux directeur qui passe de 8,25 à 7,75%, et ce en dépit d’une très forte inflation.
Une volte-face puisque fin janvier, la banque centrale avait ordonné une hausse drastique de ses taux contre l'avis du gouvernement, afin d'enrayer la dégringolade de la livre turque et la dégradation des déficits publics, alimentées par la politique monétaire restrictive de la Réserve fédérale américaine (Fed) et les fortes tensions politiques dans le pays.
Le niveau élevé des taux directeurs a pourtant pesé sur l’économie mais l'institution financière s'était jusqu'à présent refusée à baisser ses taux directeurs, afin de contenir l’inflation, qui a atteint 8,17% l'an dernier.
Le fait qu’elle baisse ses taux directeurs à 48h de la BCE n’est pas un hasard. La banque centrale turque anticipe en effet un assouplissement de la politique monétaire européenne et s’ajuste en conséquence.
Une chose est sure, toutes les grandes banques centrales de la planète se préparent au lancement d’un vaste programme d’assouplissement quantitatif de la part de la BCE, mais le suspens reste entier sur la taille du QE. Les analystes et économistes donnent une fourchette comprise entre 500 et 1500 milliards d’euros.
Les risques de décevoir sont grands, car la réunion de la BCE est déjà intégrée dans les cours, en témoigne le rebond de 3,83% sur la semaine à Paris, avec un CAC qui teste actuellement le seuil des 4450 points.