Les marchés ont structurellement et définitivement basculé: le pourcentage d'opérations effectuées par des "machines" est écrasant. Et les machines sont accusées de tous les maux. Après les dernières journées de volatilité spectaculaire, notamment sur des actions comme Glencore ou Volkswagen, leur rôle est à nouveau pointé du doigt. Comme à chaque crise sur les marchés. Fantasme ou réalité?
USUAL SUSPECTS
Les marchés continuent à être très agités et certains fonds sont montrés du doigt. A chaque fois que la nervosité sur les marchés est à son comble, ce qui se traduit par des variations quotidiennes violentes à la hausse comme à la baisse sur des indices boursiers mais surtout sur des actions qui peuvent gagner ou perdre 20 ou 30% dans une journée, on se tourne vers les usual suspects : ces fonds qui privilégient la machine à l’homme. Cela fait des années maintenant que dans l’industrie massive des fonds spéculatifs, les fonds dits quantitatifs ou algorithmiques prennent une importance grandissante et représentent une très large majorité des transactions sur les marchés d’actions.
PAS D’ÉMOTION
Comment opèrent ils ? Tout est parti de l’idée qu’on ne peut pas parier pour faire de la performance sur des hommes qui ont tendance à laisser leurs émotions prendre le pas sur leur raison et qui n’ont pas la capacité d’intégrer la masse de données nécessaire à des décisions rationnelles de trading. Des fonds ont donc développé des modèles et des algorithmes qui anticipent et spéculent sur les mouvements futurs en fonction des données sur les mouvements passés. Tout est informatisé et les algorithmes sont adaptés et modifiés en permanence. Ce que reproche évidemment les acteurs traditionnels du marché, c’est que ces modèles exagèrent les tendances. Dans un monde old school, quand une action perd 10%, certains gérants traditionnels peuvent se précipiter pour l’acheter en fonction de sa valeur fondamentale, dans le nouveau monde, quand une action perd 10%, il y a de fortes chances que les machines continuent à l’enfoncer de 10% supplémentaires.
FANTASME OU RÉALITÉ
On a déjà accusé ces fonds d’avoir amplifié la chute des marchés en Août. Ils étaient au banc des accusés. Ils le sont à nouveau depuis quelques jours avec la secousse que nous venons de vivre sur les marchés. Et quand on voit la variation par exemple du groupe minier Glencore qui enchaîne les journées à plus ou moins 30%, ces critiques semblent justifiées. La réalité c’est que ces modèles accroissent la volatilité des marchés, ça c’est une certitude, mais qu’ils ne font pas les tendances de fond. Et ce ne sont pas des machines qui sont toujours optimistes quand les marchés sont au plus haut, et pessimistes quand les marchés sont au plus bas, ce sont les hommes.