Les pays producteurs de pétrole sont en guerre. Réelle ou économique. Et depuis quelques mois l'Arabie Saoudite est à la manœuvre avec une stratégie simple: inonder le marché pour accentuer la chute des cours et affaiblir ses ennemis politiques ou économiques. Le rapport de l'OPEP publié hier montre qu'elle vient déjà de remporter une bataille contre les États-Unis. Partie d'échecs passionnante.
L’OPEP a publié hier son rapport mensuel. Et il est très instructif. Quand l’Arabie Saoudite a décidé de continuer à augmenter sa production malgré la chute des cours du pétrole, elle avait deux objectifs. Un objectif politique, affaiblir son ennemi juré l’Iran qui a besoin d’un pétrole à 130 dollars pour équilibrer son budget. Et un objectif stratégique et économique : freiner l’explosion du secteur du pétrole de schiste aux États-Unis. Hier le rapport de l’OPEP apparaît comme une victoire de la stratégie contre les États-Unis : pour la première fois depuis 2008, la production de pétrole aux États-Unis sera en baisse en 2016 et une baisse significative.
LES ÉTATS-UNIS SOUS PRESSIONQu’est ce qui explique cette baisse ? L’effondrement des cours du pétrole de plus de 50% a obligé les producteurs Américains à réduire leurs investissements de façon drastique, le nombre de plateformes pétrolières est en chute, et les licenciements se multiplient. Il faut dire que le secteur s’était appuyé sur un niveau élevé d’endettement insoutenable avec des cours inférieurs à 50 dollars. Les États-Unis restent bien évidemment dans la course et leur progression n’est que momentanément freinée mais l’Arabie Saoudite a atteint un de ses objectifs en mettant les producteurs américains en difficulté. C’était une stratégie risquée mais elle paie.
LA BATAILLE MAIS PAS LA GUERREQuelles conséquences pour les cours du pétrole ?
Maintenant que l’OPEP et l’Arabie Saoudite en particulier a repris la main, elle va devoir décider dans sa réunion de Décembre qui est très attendue si elle continue à inonder le marché pour rendre la vie encore plus difficile à ses concurrents ou si elle réduit sa production pour booster les prix. Dans son rapport l’OPEP prédit un marché plus équilibré entre l’offre et la demande ce qui laisse entrevoir la possibilité d’une baisse de sa production. C’est une incroyable partie d’échecs que joue l’Arabie Saoudite. Elle a repris l’avantage au moins pour quelques mois et devrait réussir à stabiliser les cours du pétrole, voire leur permettre de remonter légèrement. Mais la partie est loin d’être terminée.