Vendredi 20 mars

Krach boursier, récession, relance budgétaire et autres effets sur l’économie : les événements qui se déroulent sous nos yeux sont historiques et déterminants pour les années à venir d’un point de vue économique et patrimonial. Confiné chez lui, Marc Fiorentino vous aide à bien comprendre ces événements en répondant aux questions de notre rédaction.

Quel mot vous semble le plus adapté pour parler de la chute boursière de mars : est-ce une correction ? Un krach ? Un effondrement ?


Nous sommes passés d’une correction, 10% de baisse, à un krach, 20% de baisse, à un effondrement total (40% de baisse entre le 19 février avec un CAC au plus haut à 6 117 et le 16 mars avec un CAC au plus bas à 3 632).

On n’a jamais connu un mouvement d’une telle ampleur, mais surtout avec une telle rapidité.

C’est peut-être ça qui me frappe le plus : la vitesse avec laquelle la baisse a eu lieu.

Vous avez vécu plusieurs krachs boursiers (2008, 2000, 1987, etc.), comment situez-vous celui-ci par rapport aux précédents ? Est-ce le plus marquant ?


Cet effondrement ne ressemble à aucun autre krach, car cette crise ne ressemble à aucune autre crise.

Beaucoup de personnes la comparent à 2008, c’est une erreur. Elle n’a rien à voir. Rien.

En 2008 et en 2009/10 avec la crise de l’euro, nous avons assisté à une explosion du système financier.

Ici rien de semblable.

On est plus proche de ce qui s’est passé après les attaques du 11 septembre 2001, mais avec une durée beaucoup plus longue.

Nous assistons à un arrêt quasi total de l’économie mondiale.

Du jamais-vu.

Comment jugez-vous les réactions des gouvernements au krach boursier ? Sont-elles adaptées ? Ont-ils retenu les leçons du passé ?


Au-delà de la crise sanitaire et de cet effondrement des marchés, ce qui me frappe le plus c’est la vitesse à laquelle les banques centrales et les gouvernements ont répondu.

Après 2008 et 2009 il a fallu quatre à cinq ans de tergiversations, sommets internationaux ou européens ratés, querelles entre les pays pour qu’on prenne les bonnes mesures.

En 2020, les banques centrales ont tous les pouvoirs et elles peuvent faire, quasiment, ce qu'elles veulent. Pas besoin, comme après la crise de l'euro, de sommets européens à répétition débouchant pendant des années sur des échecs.

On a maintenant admis, même les Allemands, que les banques centrales pouvaient faire "whatever it takes".

On a également admis très rapidement que le déficit budgétaire n’était plus un sujet et que la dette des États n’était plus un sujet. Ça aussi c’est très nouveau.

Et donc les banques centrales et les États ne perdent pas de temps, contrairement aux autres crises, pour intervenir.

Ils sont intervenus vite, très vite, l'avenir nous dira si cela n'a pas été même trop vite.

Il a fallu à peine quelques jours, voire quelques heures, pour ouvrir les vannes du crédit et les vannes de la dépense publique. La réaction est fulgurante. Massive. Et même présomptive : on a déjà anticipé la suite de la crise.

Les annonces des actions des gouvernements et des banques centrales se multiplient, avec des injections de plusieurs milliers de milliards de dollars. Mais qui va payer ?


C'est une bonne question.

Vous vous dites même que quand toute cette crise sera terminée, on aura oublié la "solidarité", on reviendra aux contraintes budgétaires et chacun viendra réclamer son argent, l'État, les banques, les bailleurs.

Et il faudra rendre les "cadeaux".

Peut-être, ou peut être pas. Je me pose moi-même la question.

Si à terme ce sont les banques centrales qui détiennent les dettes des États, ces derniers contrôlant les banques centrales, pourquoi n'assisterait-on pas au niveau mondial à un "abandon de créances" massif, une annulation pure et simple d'une partie de la dette ?

Je délire peut-être.

Peut-être pas.

Qui aurait imaginé les mesures qui sont prises en ce moment ?

Wait and see.

Voyez-vous certaines entreprises ou secteurs qui ne ressortiront pas indemnes de la crise ? Et au contraire certaines entreprises qui en ressortiront plus fortes ?


Beaucoup d’entreprises, notamment dans les secteurs du tourisme, de la restauration, du retail ou encore de l’évènementiel ne survivront pas.

D’autre part, toutes les entreprises, et notamment les startups, qui avaient oublié le concept de rentabilité et qui mesuraient leur succès à la taille de leurs levées de fond vont connaître des difficultés. C’est triste, certes, mais on ne peut pas ignorer la rentabilité de façon pérenne.

Mais si cette parenthèse ne dure que quelques mois, les entreprises devraient, en général, ressortir, affaiblies certes, mais viables.

Les Français sont confinés chez eux, beaucoup de commerces et d’entreprises sont fermés, croyez-vous que l’État puisse en profiter pour fermer la Bourse et serait-ce une bonne décision ?


Il aurait fallu fermer les Bourses immédiatement, car il est impossible d’évaluer la valeur des entreprises dans un tel contexte d’incertitude.

Des cours qui s’effondrent de façon totalement irrationnelle c’est mauvais pour les entreprises, vulnérables, et c’est mauvais pour les épargnants.

Mais les gouvernements ont eu peur de fermer les Bourses, dommage. Il y a beaucoup d’excès qui coûtent des fortunes.

En cas de scénario favorable de ralentissement de l’épidémie et de reprise de l’économie, les indices boursiers peuvent-ils revenir rapidement à leur niveau d’avant crise ? Peut-on revoir les 6 000 points avant la fin de l’année ?


J’étais depuis longtemps, trop longtemps peut-être, baissier sur les indices boursiers.

Trop d’exagération à la hausse.

Une exubérance totalement irrationnelle.

Une croyance ancrée en la capacité des banques centrales à « garantir » contre la baisse des marchés, et la fameuse « TINA », There is no alternative, pas d’alternative à la Bourse avec des taux négatifs ou nuls.

Même sans coronavirus, les marchés étaient mûrs pour une correction.

Aujourd’hui, nous sommes dans l’exagération à la baisse.

Certes, l’arrêt de l’économie mondiale pendant 6 mois va coûter cher.

Mais le no limit des banques centrales et des gouvernements va provoquer une remontée brutale dès que les premiers signes de la fin de l’épidémie se feront sentir.

6000, je ne sais pas, mais 5000 ou 5200 points, oui, sans problème, sauf nouveau développement dramatique du côté de l’épidémie.

L’Or était à 1 600 dollars l’once en début d’année. Il est à 1 500 dollars aujourd’hui. Comment expliquez-vous cette baisse et faut-il encore considérer l’Or comme valeur refuge ?


L’or a souffert de deux facteurs.

En manque de liquidités du fait de l’effondrement des marchés, les investisseurs ont dû tout liquider, y compris leur or.

D’autre part, des investisseurs ont utilisé l’or comme assurance sur leurs portefeuilles actions. Quand ils ont liquidé leurs actions, ils ont aussi liquidé leur assurance devenue inutile.

Il va falloir recommencer à mettre un peu d’or dans son portefeuille.

Est-ce que des banques peuvent faire faillite suite à cette crise économique ?


Les banques ne feront plus faillite. Au pire elles seront nationalisées par les gouvernements ou sous tutelle de la Banque Centrale Européenne. Idem pour les compagnies d'assurance. Il n'y a aucun risque de ce côté-là.

L'endettement des États va s'intensifier. Les dettes seront-elles remboursées un jour ?


Je pense que nous assisterons dans quelques années à une annulation massive de la dette des États.

Ce sont les banques centrales qui détiennent une énorme partie de la dette des États.

Or, les banques centrales sont contrôlées par les États.

Un jour, dans le monde entier, on décidera de supprimer une partie de la dette.

Un dernier conseil pour finir : le CAC 40 est passé de 6 111 points à 4 000 points aujourd’hui. On achète ou on vend ?


Nous avons très clairement conseillé à nos clients « traders » d’acheter un tiers de position sur le CAC en dessous des 4 600 points, puis un tiers en dessous des 4 200 points, puis un tiers en dessous des 3 800 points. Et maintenant, nous attendons.

Nous vivons une période économique et monétaire historique.

Malgré le stress lié à la propagation du virus, c'est fascinant de vivre l'Histoire en direct.

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